La signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, le 20 juin dernier, par les groupes rebelles de la CMA avait suscité beaucoup d’espoir. Mais c’était sans compter sur la grande gourmandise de ce groupe armé et de son chef, Sidi Ibrahim Ould Sidatti, qui en plus de l’intégration des milliers de rebelles dans l’administration publique et dans l’armée, réclament quatre portefeuilles ministériels de souverainetés. A savoir le ministère de la Défense, celui de la Sécurité Intérieure, celui des Affaires Etrangères et celui de l’Economie et des Finances. De quoi susciter l’indignation chez une partie de l’opinion publique déjà révoltée à l’idée de se voir imposer le dictat de la minorité.
Depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, par les groupes armés rebelles de la CMA, le 20 juin dernier, les armes se sont tu dans le Nord du Mali. Du moins entre l’armée régulière, les groupes armés républicaines du GATIA et les groupes armés séparatistes de la CMA. Et, ce après plus 8 mois de tractations. Mais au regard des déclarations, toutes saugrenues, faites par les leaders de la CMA qui communiquent à tout vent depuis la signature l’accord, par eux le 20 juin, on est tenté de dire qu’il est encore trop tôt de sauter de joie, à l’idée que la paix est de retour au Mali. Car si du côté du gouvernement malien, l’heure est à l’apaisement, du côté de la CMA, l’heure est désormais à la surenchère.
«Nous voulons des portefeuilles-clés comme ceux de la Sécurité intérieure, de la Défense, ou encore des Finances et des Affaires étrangères » a confié à nos confrères de ‘’Jeune Afrique, Sidi IBrahim Ould Sidatti, qui a signé, le 20 juin dernier, l’accord pour la paix et la réconciliation, au nom des mouvements armés de la coordination.
« Nous attendons aussi l’ouverture de postes au sein des services nationaux et régionaux ou encore des représentations diplomatiques à l’étranger », a-t-il, poursuivi.
Quelques jours avant ces déclarations de Sidi IBrahim Ould Sidatti, une branche du MNLA, basée en Europe avec à sa tête Moussa Ag Assarid avait, à travers un communiqué, rejeté l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et accusé la hiérarchie (de la CMA) de trahison. Tandis que d’autres voix, comme celle de Mohamed Ould Mahmoud, s’étaient levées pour dénoncer le redéploiement « trop rapide » des Forces Armées Maliennes dans la zone de Ménaka. De quoi susciter l’indignation d’une partie de l’opinion publique déjà révoltée à l’idée de se voir imposer le dictat de la minorité.
« Certes, conformément aux principes de la négociation, l’accord prévoit des concessions de part et d’autres, mais que la CMA réclame la totalité des portefeuilles de souveraineté est une aberration » s’agite un leader de la société civile. Et un autre d’ajouter : « On s’y attendait dans la mesure où le gouvernement a déclaré qu’en dehors de l’intégrité territoriale, le caractère laïc et républicain de l’Etat, tout est négociable. C’était trop dit de la part de nos gouvernants».
Faut-il le signaler, dans ses clauses, l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, accorde d’énormes privilèges à ceux-là même qui, hier, ont pillé, tué, violé des femmes et filles innocentes. A titre d’exemples : à son article 38, l’accord prévoit la création d’une « Zone de développement des régions du Nord » qui « bénéficiera de façon prioritaire, des dispositions de soutien de l’Etat ». Mais aussi de la réintégration de plusieurs ex-combattants et civils des mouvements armés dans l’armée nationale, entre autres.
Comme pour dire que la signature de l’accord est acquise mais la paix reste à conquérir !
Lassina NIANGALY
Source: Tjikan