Trois semaines après leur installation par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, les facilitateurs du dialogue politique inclusif étaient face à la presse, hier, mercredi 17 juillet 2019 au bureau du Médiateur de la République sis au quartier Hamdallaye ACI 2000 de Bamako pour informer des actions qu’ils ont déjà engagé.
Cette deuxième rencontre des membres du triumvirat avec la presse était animée par le Pr Baba Akhib Haidara, Médiateur de la République, Ousmane Issoufi Maïga, ancien Premier ministre, Aminata Dramane Traoré, ancien ministre et l’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra, président du comité d’organisation du dialogue politique inclusif. Les conférenciers, après leur rencontre avec deux anciens chefs d’Etat du Mali(le Général Moussa Traoré et le Pr Dioncounda Traoré), de plusieurs anciens Premiers ministres du Mali (Modibo Kéïta, Diango Sissoko, Abdoulaye Idrissa Maïga, Moussa Mara, Soumeylou B. Maïga, Mariam Kaïdama), des regroupements et des responsables de la classe politique dont Soumaïla Cissé, le chef de l’opposition et président de l’URD, ont affiché leur optimisme sur les chances du processus de dialogue inclusif au Mali. « A ce jour, nous avons plutôt un sentiment positif sans nier les difficultés », selon les membres du triumvirat.
Les membres du triumvirat sont déjà à pied d’œuvre pour la réussite du processus de dialogue politique inclusif au Mali. « Nous nous sommes intéressés à deux principales taches d’abord : assurer l’exclusivité du dialogue avec toutes les forces vives de la Nation et connaître leurs attentes», explique le Pr Baba Akhib Haidara. A l’en croire, à cette étape de leur travail, ils ont écrit aux uns et aux autres sans exclusivité. Déjà le triumvirat a rencontré deux anciens chefs d’Etat du Mali(le Général Moussa Traoré et le Pr Dioncounda Traoré), plusieurs anciens plusieurs anciens Premiers ministres du Mali (Modibo Kéïta, Diango Sissoko, Abdoulaye Idrissa Maïga, Moussa Mara, Soumeylou B. Maïga, Mariam Kaïdama), des regroupements et des responsables de la classe politique dont Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition et président de l’URD. « Nous avons demandé à rencontrer les uns et les autres. Pour les anciens chefs d’Etat, par respect, on leur a demandé des audiences. Il y a une exception : le Président Dioncounda Traoré s’est déplacé pour venir à nous. En dehors des chefs d’Etat, nous avons rencontré des anciens premiers ministres, les partis politiques, les regroupements des partis politiques », précise le médiateur de la République.
« Nous avons écouté beaucoup, nous avons noté beaucoup, mais on n’a pas fini….Ceux que nous avons reçus, nous ont laissé plutôt un sentiment positif. Il y en avait qui avaient des préalables, qui ont posé leurs préalables, qui ont demandé des précisions. C’est notre rôle de faire en sorte que le maximum d’acteurs adhérent à cette démarche. A ce jour nous avons plutôt un sentiment positif sans nier les difficultés. »
Selon le facilitateur Ousmane Issoufi Maïga, le Mali traverse une crise multidimensionnelle qui n’a que trop durer : « Notre rôle est de faciliter le dialogue entre les Maliens (partis politiques, société civile…) Tout ça doit être organisé pour que le débat soit fructueux, pour que les gens, dans une courtoisie, se respectent, s’écoutent et s’entendent. Le tissu social est fracturé et déchiré, il faut le recoudre…Notre rôle n’est pas de juger, mais plutôt de faciliter le débat entre les Maliens. Il est extrêmement important que cela puisse se faire dans la plus grande convivialité.»
« Le dialogue c’est l’effort de dépassement des contradictions »
Concernant le refus et la réticence de certains acteurs politiques de participer au processus de dialogue politique inclusif, le Pr Baba Akhib Haidara a expliqué qu’aucune prise de position ne leur empêchera d’aller vers les différents acteurs pour parler du dialogue politique inclusif. «Qu’ils viennent avec leurs idées, c’est normal, que ces idées là ne plaisent pas toujours, c’est aussi normal. Nous avons rencontré Soumaila Cissé à deux reprises. Il a dit qu’il était parmi les premiers à demander que le dialogue ait lieu et il se préparait à y participer de façon active. Mais on ne peut pas dire à ce stade, sur la base de ce qu’on s’est dit lors de nos rencontres, que le FSD ou Soumaila Cissé s’inscrit contre la démarche que nous faisons. Il nous a dits qu’ils ont mis en place deux commissions qui travaillent pour préparer leur participation au processus. Nous avons écrit aussi à Soumana Sako. Nous n’allons pas nous arrêter simplement aux déclarations. Le dialogue ce n’est pas entre eux et nous, le dialogue c’est entre les forces vives de la nation. Nous nous sommes des facilitateurs.», a indiqué le médiateur de la République.
Pour Aminata Dramane Ouattara, ce qui est requis « c’est la capacité d’aller de l’avant, l’effort de dépassement des contradictions, le doute et la méfiance demeurent dans l’esprit d’une partie de nos concitoyens. » On est au Mali, dira-t-elle, nous sommes confrontés à des problèmes maliens, cet espace est d’abord et surtout un espace d’écoute, d’échanges, de débats, de négociations et de renégociations.
A la question de savoir si les passes d’armes récentes entre le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta et le chef de l’opposition Soumaïla Cissé ne sont pas de nature à entacher le processus de dialogue politique inclusif, Baba Akhib Haïdara explique que beaucoup de personnes sont intervenues pour demander aux uns et aux autres de se calmer. « Si nous voulons aller à un dialogue il faut que ça se passe dans un climat apaisé, il faut que la confiance soit là. Il ne faut pas que la méfiance soit entretenue par les uns et les autres. Ils sont tous des hommes d’Etat. Nous devons garder la tête froide pour aller de l’avant, quelques soit les déclarations qui sont faites par ci par là ça n’arrête pas les fascinateurs à aller de l’avant et à continuer à rencontrer toutes les forces vives de la nation afin de les amener à adhérer à ce dialogue politique et inclusif», a déclaré le médiateur de la République.
Selon les membres du triumvirat, tous les sujets qui sont à la base de la crise malienne seront débattus. « Lors du processus de dialogue politique inclusif, il ne sera pas seulement question de l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger. Il n’y a pas de sujet tabou. Tous les sujets seront débattus », précisent les facilitateurs du processus de dialogue politique inclusif.
M.K. Diakité
Source: Le Républicain