La salle des banquets de Ouaga 2000 a servi de cadre pour le jugement des auteurs du putsch avorté de septembre 2015 au Burkina Faso. Un jugement toujours impossible à cause de déports d’avocats. L’audience devra reprendre à partir du 25 mai prochain afin de permettre aux avocats commis d’office de prendre connaissance du dossier volumineux de près de 15 000 pages. Des interrogations se font sentir dans la partie civile.
Mercredi 9 mai 2018 était la date prévue pour la reprise du procès. Cette décision est intervenue après des déports d’avocats de la défense lors de l’audience du 6 avril 2018. Les accusés devraient bénéficier de conseillers. À ce titre, des avocats commis d’office ont été mis à leur disposition. Ceux-ci ont rejoint le procès le mercredi, mais se disent en mauvaise position d’assurer la défense de leurs clients dans la mesure où ils n’ont pas eu le temps de prendre connaissance avec le contenu du dossier, un dossier de près de 15 000 pages. C’est dans ce cadre que l’audience a été suspendue pour le 25 mai prochain afin que les avocats prennent connaissance du contenu du dossier.
Ce report était nécessaire si nous savons que le Bâtonnier a commis d’office ces avocats le 11 avril dernier. Ils ont en charge d’assister huit accusés. C’est dans ce cadre que Me Arnaud Sanprebre un des commis d’office explique : «Ce n’est jamais chose aisée de prendre un procès en cours. J’ai été commis le 11 avril, je me suis fait une idée du dossier. Mais un petit temps nous aiderait à mieux défendre nos clients vu que dans cette affaire certains risquent de lourdes peines ». Quant à Me Bazémo, il explique n’avoir pris connaissance avec le dossier en entier que le 8 mai dernier. Aucun avocat dans la salle n’a pu contester l’évidence. Les commis d’office ont été demandés sur le nombre de temps nécessaire pour qu’ils se mettent dans le bain. Trois semaines à un mois. Alioune Zanré a donné deux semaines pour prendre connaissance du contenu dudit dossier.
Rappelons que le 8 mai dernier, le président du tribunal a reçu d’autres lettres de déports de la part de la SCPA Somé et Associés et Me Paul Kéré. Ceux-ci assuraient la défense de Sidi Omar, Yaméogo Herman et Diawara Fatoumata Thérèse. Avec ces deux déports, le Général Diendéré, Baguian Abdoul Karim dit Lota, l’Adjudant Ouékouri Kossè, Sergent-chef Koussoubé, Roger Joachim Damagma, Sergent-chef Zerbo Laoko Mohamed, Guelwaré Minata, Fatoumata Diendéré et Traoré Abdoul Karim se retrouvent sans avocats.
Ces déports n’ont pas manqué à faire des remous. La partie civile s’est montrée inquiète face à cette nouvelle tournure que prend ce procès. Un procès toujours suspendu pour une raison ou pour une autre.
Me Antoinette Ouédraogo dit que les avocats qui déportent sont dans leurs droits : « Le texte a été mal lu (par la partie civile). C’est une injure à toute la profession. Nous sommes là parce que nous avons accepté une mission. Nous partirons si nous voulons partir. Nous n’avons de compte à rendre à personne ! Chacun jouera sa partition en fonction de la musique qui sera proposée. Que la partie civile nous épargne de ses analyses tendant à nous diaboliser ».
À Me Dieudonné Bonkoungou, d’ajouter : « Nous marchons avec vous si la marche est aisée sinon, on vous le fera savoir ». Il poursuit et ajoute : « Nous voulons que le procès se tienne dans le respect de la loi. Ce n’est pas parce que nos clients sont accusés qu’ils sont dénués de tout droit. »
D’ici le 25 mai prochain, le Bâtonnier devra chercher des avocats pour les huit accusés dont les avocats viennent de déporter.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays