Le général Diendéré comparaissait au procès des assassins présumés de Thomas Sankara et de ses collaborateurs. L’audition de l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré s’est achevée ce jeudi 11 novembre.
Pour une fois, ils sont tous d’accord. Selon les avocats des parties civiles et de la défense, l’audition du général Diendéré a porté ses fruits. Les premiers estiment avoir mis en exergue les incohérences de son récit, les seconds d’avoir enfin éclairé la cour sur la réalité des faits.
Pendant trois jours, Gilbert Diendéré a raconté, décortiqué, reconstitué, les évènements de sa journée du 15 octobre 1987. Pour son avocat, Me Paul Kéré, quel que soit le bout par lequel cette histoire est prise, les faits sont limpides.
« À partir du moment où général Diendéré n’a jamais tiré sur la gâchette, les choses sont claires. Les assaillants sont venus de l’extérieur. On n’a pas besoin de faire une faculté de droit pour savoir que quand on n’est pas responsable, on n’est pas responsable, s’exlame Me Kéré. La complicité suppose aide, assistance ou même omission. Mais en l’espèce, lui-même a été surpris. S’il était venu avec ses éléments, lui aussi aurait été victime. Heureusement qu’il était en survêtement. Heureusement qu’il n’était pas armé. Voilà les choses ! »
« Les manquements ne venaient pas de moi »
Debout à la barre, dans sa tenue léopard de l’ancien régiment de sécurité présidentiel (RSP), dissout en 2015, après son coup d’État manqué, Gilbert Diendéré n’a pas faibli. « La tenue du RSP était portée pour aller au front, explique-t-il, je l’ai trouvée appropriée ».
Assuré, parfois goguenard, le général a souvent imposé son rythme aux débats. Jusqu’à ce que la lassitude lui fasse concéder au parquet, du bout des lèvres, un « pincement au cœur » d’avoir assisté à un tel évènement dans sa propre caserne. « Je reconnais qu’il y a eu un problème, mais je n’ai pas totalement failli. Les manquements ne venaient pas de moi. »
« Notre client a eu l’occasion de battre en brèche certains fantasmes, s’est satisfait Me Abdoul Latif Dabo à l’issue de la dernière audience. Il faut que les gens enlèvent leurs œillères et regardent les faits de façon froide ».
Cette mise en scène n’inquiète pas l’accusation. « Nous sommes étonnés que le général qui a des tenues pour d’autres faits veuille se présenter comme celui qui est prêt à aller au combat. Cette attitude révèle qu’il n’a aucun remords et cela est triste, estime Me Ambroise Farama, avocat de la famille Sankara. Il pense pouvoir s’en sortir, mais nous avons l’assurance que les témoins la semaine prochaine viendront le confondre davantage. »
Le procès reprendra lundi 15 novembre. Trois accusés doivent encore être entendus par la cour.
Source : RFI