La Coalition malienne de défense des droits de l’enfant (COMADE) en collaboration avec l’ONG Save the Children, a organisé, hier mardi au Centre Al Farouk, une journée d’orientation et d’échange avec des leaders religieux de Bamako sur la problématique du mariage d’enfants, dont de nombreuses petites filles sont victimes.
Présidée par le responsable de programme de Save the Children, Fenke ELSKAMP, la cérémonie d’ouverture de la journée s’est déroulée en présence du président de la COMADE, Amadou Bocar TE-GUETE ; des leaders religieux du District de Bamako, des responsables des organisations féminines de l’islam, des responsables des services de l’administration en charge de la promotion de l’enfance, des acteurs de la société civile évoluant dans le domaine de la promotion des droits des enfants de même que les organisations faitières des enfants et jeunes du pays.
S’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre de la campagne «Aucun enfant oublié» qui ambitionne d’appuyer les efforts du gouvernement pour le respect des droits des enfants, la journée avait pour ob-jectif ultime de contribuer à l’abandon de la pratique du mariage d’enfants dans notre pays.
En tout cas, à l’issue de la rencontre, les organisateurs espèrent fléchir sur le nombre élevé de filles qui sont mariées à bas âge dans notre pays, soit 20% avant l’âge de 15 ans, selon des enquêtes. Les mêmes sources font état de 50% de filles mariées avant l’âge de 18 ans.
D’entrée de jeu, le président de la COMADE, dans ses mots de bienvenue, a rappelé que cette journée se tient entre des leaders religieux en vue d’engager le débat sur le mariage d’enfants au Mali et l’éducation des filles à l’islam afin de «dépassionner» les discussions, tout en instaurant un débat franc sur ces thèmes.
Pour lui, qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre thématique, l’épanouissement de la petite fille est l’un des principes chers à l’islam.
A son avis, vu sous cet angle, il revient donc aux leaders religieux de faire ce combat le sien pour l’intérêt général de la nation, et c’est pourquoi M. TEGUETE dit s’associer à cette lutte, en faveur du mieux-être des filles.
Aussi, a-t-il soutenu, en plus de l’intérêt particulier que l’islam accorde à l’éducation des filles, il a égale-ment condamné des pratiques qui nuisent à l’épanouissement de la petite fille.
«Le mariage des filles, nul besoin de le dire, est un mal en soi contre les filles », a déclaré M. TEGUETE. En fervent défenseur de l’abandon de la pratique, il affirme que l’islam a toujours recommandé aux fidèles musulmans de consolider des pratiques positives de la communauté.
A sa suite, la représentante de l’ONG Save the Children, Fenke ELSKAMP, a défini cette approche comme une manière d’avoir l’engagement de tous les acteurs fondamentalement les religieux sur la probléma-tique du mariage d’enfants au Mali. Pour elle, il n’y a aucune autre idée derrière ce projet d’abandon de cette pratique si ce n’est qu’offrir aux filles un environnement familial, communautaire et national, à même de les préparer à assumer légalement et légitimement le rôle d’éducatrices de la nation, au mo-ment venu.
Dans tous les cas, résume-t-elle, il s’agit d’aider les parents à l’épanouissement de leurs enfants en partant de l’hypothèse que chaque parent aspire à l’épanouissement de ses enfants et à leur avenir quel que soit son statut ou sa croyance pour soutenir ce projet.
«Chers leaders religieux, soyez rassurés que les actions que nous menons au Mali ne visent qu’un seul et ultime objectif: accompagner les parents à offrir les meilleures conditions de survie, de développement et d’épanouissement à leurs enfants qui sont aussi nos enfants à tous. Ces conditions contribueront sans nul doute à minimiser les risques de tout genre que nous vivons et observons, à travers le monde », a rassuré Fenke ELSKAMP.
Par Sikou BAH
Source: info-matin
