Face aux inondations récurrentes qui se sont multipliées ces dernières années à Bamako, les Autorités de la Transition ont décidé de prendre des mesures de préventions. A cet effet, une commission nationale a été mise en place. Elle a pour mission de procéder à la libération de tous les endroits illicitement occupés dans le District de Bamako : servitudes, lits des cours d’eau non flottables… Pour annoncer ces nouvelles mesures salvatrices le directeur de l’urbanisme et de l’habitat, Mahamadou Ouoleguem, était face à la presse le vendredi dernier.
Selon M. Ouoleguem, les emprises des fleuves et marigots sont envahies par des constructions anarchiques, en violation des schémas directeurs d’urbanisme. Ces occupations, souvent illégales, concernent aussi bien des habitations que des branchements électriques frauduleux, aggravant les risques d’inondations, d’effondrements et de propagation de maladies (paludisme, typhoïde, etc.) : «Ces zones, censées être protégées, sont devenues des bombes à retardement. Ainsi, nous avons décidé de libérer et d’aménager les emprises des lits des fleuves et autres plans d’eau à Bamako.
Les occupations illicites des domaines public et privé de l’État sont devenues un phénomène courant dans notre pays. Elles ont atteint des proportions inquiétantes et concernent les emprises et les servitudes des domaines ferroviaires, des cours d’eau, des forêts classées, des zones agricoles, des zones de pâturages, des édifices publics et des équipements collectifs, particulièrement dans le District de Bamako et ses environs».
Une réponse structurée
Les assises nationales des États Généraux du Foncier, tenues à Bamako du 7 au 11 décembre
2009, poursuit Mahamadou Ouleguem, ont constaté et déploré l’aggravation du phénomène des occupations illicites et anarchiques des domaines public et privé immobiliers de l’État par des personnes privées. « Les inondations dévastatrices de 2013, de mai 2019 et d’août 2024 qui ont livré un spectacle désolant de morts et de destruction matérielle, a attiré l’attention de toutes les parties prenantes sur la libération des servitudes. Faut-il rappeler que le domaine public est inaliénable imprescriptible et insaisissable conformément à loi domaniale », dit-il. Et d’ajouter : « Face à cette situation douloureuse, les plus hautes autorités du Mali ont instruit aux départements techniques de rechercher et circonscrire les causes, afin que de telle situation ne se reproduise plus.
C’est ainsi que, le Ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population a procédé à l’identification des occupations et leur évaluation ».
Par décision n°2025-0052/MUHDATP du 3 mars 2025, le gouvernement a créé une commission nationale divisée en cinq sous-commissions opérationnelles, explique-t-il. Il s’agit : la communication et la sensibilisation, des campagnes médiatiques (spots TV, émissions radio, réseaux sociaux) et des réunions avec les chefs religieux, les élus locaux et les associations seront organisées pour expliquer les risques et préparer les populations ; le balisage et la collecte de données, identification précise des zones à risque et actualisation des dossiers fonciers ; la gestion sociale, accompagnement des sinistrés, avec une attention particulière aux questions de relogement ; la démolition, Démantèlement des constructions illégales, prévu avant le début de l’hivernage 2025 ; volet juridique, vérification des titres de propriété et traitement des litiges.
Rappel : Les inondations d’août 2024 ont marqué les esprits : des quartiers entiers submergés, des familles déplacées et des infrastructures détruites. Ces catastrophes ont relancé le débat sur l’urbanisation incontrôlée, dénoncée dès 2009 lors des États Généraux du Foncier. « Le domaine public est inaliénable. Ces occupations illégales mettent en péril tout développement urbain durable », rappelle un conseiller technique du département.
Si les opérations démarrent dès avril, leur succès dépendra de la coordination entre services techniques et de la mobilisation citoyenne. Les autorités espèrent ainsi non seulement prévenir de nouvelles inondations, mais aussi restaurer la crédibilité des plans d’urbanisme, longtemps ignorés.
M Sylla
Source: L’Aube