Ayant pris acte du contenu de ce rapport et d’autres déclarations documentées faites par la Munisma et la CMA faisant état de cas de violation des droits de l’Homme commise au Centre du pays, le ministre des Droits de l’homme et de la Réforme de l’Etat, Me Kassoum Tapo, a décidé d’aller sur le terrain afin de vérifier ces informations. Accompagné d’une forte délégation, le Ministre Tapo vient de boucler 3 jours de visite dans la région de Mopti. Au cours de la restitution de son séjour à la presse, mardi 26 septembre 2017, dans les locaux de son département, il dit avoir rencontré les autorités administratives, coutumières et religieuses de Douentza, Sévaré, Bandiagara et la ville de Mopti. A chacune de ces étapes, le ministre des Droits de l’Homme et de la Réforme de l’Etat, accompagné pour la circonstance par les membres de la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh), s’est rendu dans les commissariats de police, les maisons d’arrêt, les brigades de gendarmerie. Me Kassoum Tapo affirme avoir pu faire l’état des lieux dans les unités d’enquête et les maisons d’arrêt visitées.
Des enquêteurs fictifs de Human Rights Watch
Le Ministre Tapo a déploré le fait que le gouvernement malien n’a pas été saisi de ce rapport de Human Rights Watch, contrairement aux procédures normales. Selon lui, le projet de rapport aurait dû être communiqué au gouvernement du Mali pour ses observations, avant toute publication. Me Kassoum Tapo a ensuite remis en cause le rapport de Human Rights Watch qui, selon lui, a manqué de professionnalisme à tous les niveaux. Le Ministre Tapo explique que les autorités des localités mises en cause par Human Rights Watch ont toutes affirmé qu’elles n’ont reçu la visite d’aucun enquêteur de quelque bord que ce soit. L’orateur affirme n’avoir constaté aucun prévenu après leur visite dans les centres de détention. En outre, il dira que certaines autorités coutumières et religieuses ont témoigné n’avoir jamais vu de cas d’exaction, encore moins d’enquêteurs dans leurs localités. Mieux, ils affirment que la présence des forces de sécurité les rassure.
En conclusion, le Ministre Tapo a été on ne peut plus clair : «Pour notre part, nous n’avons eu le moindre début de commencement de preuve de la moindre exaction contre qui que ce soit, encore moins identifié des tombes où il y aurait des fausses communes».
Curieuse attitude de la CMA et de la Minusma
Le Ministre Tapo explique qu’au moment où il prenait fonction, il a été saisi par la Munusma qui, dit-il, a fait cas de violation des droits de l’homme documentée dans la région de Mopti. Me Tapo ajoute qu’au même moment, la CMA aussi lui avait fait cas d’enlèvements, de tortures et de violences exercés sur leurs éléments, dont certains auraient été détenus illégalement. Pour le Ministre Tapo, ce séjour au Centre du Mali était l’occasion de vérifier ces informations. C’est ainsi qu’il s’interroge sur l’attitude de la CMA et de la Minusma qui ont refusé d’effectuer le déplacement à Douentza et à Bandiagara. « J’ai proposé à la Munisma et à la CMA de venir avec nous sur le terrain. La Minusma qui devrait nous accompagner n’a pas effectué le déplacement ni de Douentza ni de Bandiagara. Je n’ai pas reçu d’explication sauf que ces zones sont classées par la Munisma, zones rouges. La CMA également n’a pas participé à cette mission en alléguant différents prétextes », déplore l’orateur.
Les mises en garde de Tapo
Même s’il reconnaît qu’il est indiqué dans le même rapport de Human Rights Watch qu’il y a eu des violations des droits de l’homme contre les forces armées, Me Tapo dénonce le manque de professionnalisme de cette organisation dans la mesure où il est indiqué, dit-il, que cela fera l’objet d’un rapport futur. «Je trouve cela inadmissible, car les droits humains sont indivisibles et nos militaires ne sont pas des hommes de seconde zone. Je trouve que cela n’est pas très professionnel et très sérieux», déplore Me Tapo. Pour terminer, le Ministre dira que le gouvernement malien ne toléra pas ces attaques sans fondements qui sont de nature à saper le moral des forces armées qui, au quotidien, exposent leur vie pour défendre les Maliens. « Si on continue de les attaquer de cette manière, ça ne peut conduire qu’à l’effet pervers. Le gouvernement malien ne l’acceptera pas», prévient Me Tapo.
Ibrahim M.GUEYE