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Présidentielles de 2018 Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune : « On a l’impression que tout s’est aggravé à partir du moment où nous avons crié avoir obtenu un accord. »: Des mouvements armés veulent peser dans la balance

Premier chef de l’ex rébellion alors membre de la CMA à parapher en mai 2015, l’accord pour la paix et la réconciliation à Bamako devant la Communauté internationale, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, le Secrétaire général de la CPA, est également le Coordinateur de la Coordination des Mouvements de l’Entente, un important regroupement de groupes armés signataires des accord de paix. Exacerbé, selon sa propre expression par l’immobilisme qui caractérise la gestion du dossier du nord  dans la recherche d’une paix définitive au Mali, Mohamed Ousmane a reçu  la rédaction, dans sa résidence de Bamako. Dans cette interview, ce quadragénaire qui manie sans embarras la langue de Molière, parle d’un congrès en vue à Tin Aoukar, près de Gao, pour plus ou moins, repartir à des bonnes bases. Au fonds, il tire la sonnette d’alarme sur les obstacles ayant miné la mise en œuvre de l’accord de paix qui risquent de perdurer et faire sombrer le pays dans une situation pire que celle de la Somalie…

En 2013, un accord cadre a été signé à Ouagadougou au Burkina Faso, pour permettre l’élection d’un Président de la République à même de ramener la paix au Mali, une fois élu, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a obtenu un accord de paix, définitif, signé en 2015 à Bamako. Où en êtes-vous à ce jour en tant que responsable de mouvement armé signataire de ces accords ?

Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune : Effectivement, à la date que vous venez d’indiquer, nous avions à Ouagadougou, signé un accord cadre pour permettre l’élection d’un Président de la République qui ait toutes les qualités et la légitimité afin d’engager les négociations pour le retour de la paix au Mali.

Aujourd’hui, nous sommes en fin de mandat de celui qui avait été porté devant le pays pour résoudre les problèmes, c’est pourquoi nous estimons qu’il y a lieu de faire le bilan. C’est donc dans ce cadre que nous organisons les 28, 29 et 30 Avril prochain, en tant que mouvements qui avaient été belligérants, un Congrès à Tin Aoukar à une centaine de Kilomètres de Gao sur la route de Kidal. Et d’ailleurs, je vous signale que ceux qui organisent ce congrès constituent 80% des belligérants de l’époque.

 Concrètement, qu’est-ce qui sera débattu lors de ce congrès ?

Comme je l’ai dit tantôt, ce congrès a d’abord pour but, de faire le bilan de la mise en œuvre des accords. Ensuite, nous ferons en sorte qu’au cours du congrès, il soit question des élections présidentielles à venir sur lesquelles il faudra vraiment s’exprimer pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs encore. Car aujourd’hui, non seulement la situation se dégrade sur tous les plans de jour en jour, mais, aussi, il s’avère que nous qui avons décidé d’aller à la paix en signant cet accord de paix, sommes victime d’un mépris.

Mais, à qui la faute ?

Aujourd’hui, nous estimons que le principal acteur qui doit répondre de tout ça, c’est le Président de la République et son Gouvernement, ce sont eux qui reçoivent les ressources pour la mise en œuvre de l’accord de paix. En clair, moi, je ne suis pas dans une logique où l’on pense que tout le monde a tort, non ! Il y a un acteur principal et il faut faire le bilan de son action. On a l’impression que tout s’est aggravé à partir du moment où nous avons crié avoir obtenu un accord.

Qu’en est-il de la communauté internationale ?

La communauté internationale n’est qu’accompagnatrice, facilitatrice, garante, et on n’est pas naïfs pour ignorer les enjeux géostratégiques. Mais, il est clair et net que le Président responsable est le Président de la République et ses différents gouvernements qui se sont succédé. Et le troisième responsable c’est aussi le peuple du Mali qui doit, à un moment donné, s’assumer et prendre les décisions qui s’imposent.

Vous allez donc désigner un candidat pour diriger le Mali en 2018 ?

 Ecoutez, pour le moment, je ne peux pas anticiper sur les décisions qui seront prises par le congrès qui sera souverain pour prendre les décisions.

Quels sont les mouvements qui prendront part à ce congrès ?

 Il s’agit d’un congrès populaire auquel prendront par les mouvements de la CME qui sont : CPA, MSA, CJA, FPA et du MPSA. La Plateforme et la CMA seront invités ainsi que toutes les sensibilités, les notabilités, l’Etat malien et les partenaires, afin de faire un débat rigoureux sur la question.

Finalement, qu’en est-il de la période intérimaire et du Mécanisme Opération de Coordination (MOC) ?

Sur la question de la période intérimaire, nous nous sommes retrouvés dans une période intérimaire sans fin car des autorités intérimaires sans moyens de fonctionnement ont été installées alors qu’on n’était pas obligés de passer par là. S’agissant du MOC, je vous conseille d’aller voir ce qui se passe à Gao. Soixante pour cent des hommes chargés de ce mécanisme sont devenus des agents des miniers, puisque partis chercher de l’Or sans que l’Etat ne pipe mot.

Qu’allez-vous donc faire dans les jours à venir ?

Le 13 Avril prochain, nous tiendrons à Bamako ici, une conférence de presse au cours de laquelle nous allons expliquer les causes réelles du congrès pour qu’ensemble on se donne des idées, afin d’avoir un regard cohérent pour les élections présidentielles de 2018. Cela nous évitera de nous éterniser dans une telle situation de ni paix ni guerre.

 

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