Les vingt-quatre candidats à l’élection, dont le chef de l’Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, et son principal rival, Soumaïla Cissé, sont déjà en campagne pour le scrutin du 29 juillet. Le lancement de l’opération a eu lieu le 7 juillet à travers le territoire national.
Selon des sources concordantes, plus de soixante mille personnes ont assisté, le 8 juillet, dans un stade à Bamako, au premier meeting du président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, alors que le leader de l’opposition mobilisait le même jour autour de cinquante mille partisans.
S’adressant à ses sympathisants, Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, leur a demandé de « rester mobilisés pour la victoire ». « Je me présente pour ma succession, pas par amour du pouvoir mais par amour pour ce pays, pour sa sécurité », a-t-il affirmé en langue bambara.
L’ancien ministre Soumaïla Cissé, 68 ans, tenait un meeting sur la Place de l’indépendance dans la capitale malienne. Il a assuré les milliers de personnes présentes à son meeting qu’il fera de son mieux pour que le pays retrouve sa quiétude d’antan. « Je m’engage à tout mettre en œuvre pour ramener la paix et l’unité, à redonner à l’Etat toute son autorité », a déclaré cet économiste de renom et l’un des vétérans de la politique au Mali. Il a ajouté : « Je m’engage à lutter contre le clientélisme et la corruption. Je fais le serment solennel qu’aucun membre de la famille n’aura de poste officiel ». Commentant ce message, Souleymane Kanté, un jeune diplômé sans emploi, a dit : « Le pays va mal. La vie coûte cher. Le centre du Mali brûle. Nous avons carrément perdu le Nord. C’est seulement Soumaïla Cissé qui peut nous sauver ».
Le gouvernement malien avait officiellement convoqué, le 27 avril, le corps électoral pour le scrutin du 29 juillet. Parmi les candidats à l’élection figurent un ex-Premier ministre de l’actuel chef de l’Etat malien, Moussa Mara ; un de ses anciens ministres, Mohamed Ali Bathily ; le maire de Sikasso (sud), Kalifa Sanogo ; le richissime homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo. L’ancien ministre et militaire Moussa Sinko Coulibaly et deux hauts fonctionnaires internationaux, Modibo Koné et Hamadoun Touré, sont également au nombre des prétendants au fauteuil présidentiel.
Les observateurs signalent que les premiers ralliements ou soutiens s’opèrent déjà. C’est le cas du leader touareg Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, ancien député de Borem et ancien de l’ex-rébellion (Mouvement national de libération de l’Azawad), qui s’est rallié à Housseini Amion Guindo. De son côté, le célèbre chanteur Salif Keïta a déjà appelé à voter Soumaïla Cissé, le leader de l’opposition. Les consignes de vote des chefs religieux sont impatiemment attendues par les différents candidats.
La Mission de l’ONU au Mali (Minusma), la force française Barkhane et la communauté internationale qui sont présentes dans le pays espèrent une relance de l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015, qui accumule les retards alors que les attaques djihadistes se sont multipliées ces derniers mois à travers le territoire national. Depuis la signature de cet accord, les violences ont non seulement persisté mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.
Rappelons que le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.