L’homme d’affaires malien et soutien de poids d’Ibrahim Boubacar Keita en 2013, Aliou Boubacar Diallo, annoncera ses intentions de briguer la magistrature suprême le début du mois de mars prochain à Nioro du Sahel, à l’occasion de la conférence nationale de son parti.
Il semble que les nuages commencent à se dégager du côté du quartier du fleuve. Les sociaux-démocrates, qui comptent parmi les animateurs de la scène politique depuis 2013, veulent annoncer officiellement la couleur pour la présidentielle du 29 juillet prochain. Pour l’occasion, une conférence du parti, l’Alliance pour la paix et la démocratie (ADP-Maliba), est annoncée le 24 février à Nioro du Sahel, fief du Chérif.
PDG de la Société minière Wassoul’Or SA et autres, le milliardaire malien, 58 ans, semble engagé à répondre aux appels à sa candidature pour la présidentielle qui doit se tenir au mois de juillet prochain au Mali. Et l’homme ne veut pas lésiner sur les moyens.
Depuis plusieurs semaines, les militants du parti s’activent à créer des clubs de soutien un peu partout sur le territoire malien. Cette déclaration officielle, qui se fera probablement en mars 2018, sera un signal favorable aux appels du pied de ses partisans.
Déjà, au seuil du nouvel an, dans un message de vœux, il appelait à la constitution d’un front des «forces du changement» avec en perspective une candidature unique de l’opposition politique tout en posant un préalable. «J’invite tous ceux qui souhaitent porter le changement en 2018 à se mettre ensemble pour créer un grand rassemblement afin d’exiger des élections libres, transparentes et crédibles», déclarait-il.
Fin janvier, certains ont même lancé une pétition afin que l’homme d’affaires se prononce. Pour beaucoup d’entre eux, Aliou Boubacar Diallo serait la figure idéale du changement et de la rupture avec une génération politique qui gère le pays depuis près de 30 ans.
Vu comme un opposant de premier plan depuis la sortie fracassante de son parti, l’ADP-Maliba, de la Majorité présidentielle en 2016, l’homme ne cache plus son rejet de la politique menée par le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Lors du débat sur la révision constitutionnelle, Aliou Boubacar Diallo n’avait pas hésité à s’opposer frontalement au pouvoir en accusant IBK de vouloir exclure une partie de la population du processus de changement de la Constitution. «Ce serait donner raison aux terroristes de voter sur moins du tiers du territoire national», fustigeait-il.
Récemment, lors de la célébration de la fête de l’armée malienne, Aliou Diallo répondait à ceux qui souhaitent qu’il soit candidat. «Plus personne n’a le droit de se soustraire à ses responsabilités», indiquait-il, avant d’ajouter plus loin qu’«hommes et femmes politiques, leaders religieux, acteurs de la Société Civile, opérateurs économiques ou simples citoyens, chacun doit s’investir pour sortir le pays de l’ornière».
Dans son entourage, ses proches sont formels : sa candidature n’est plus qu’une question de semaines. En fin février, «il a convenu sur ce timing: le rassemblement le plus large possible», affirme pour sa part l’un de ses lieutenants. En tout cas, l’homme d’affaires dispose de nombreux atouts de séduction qui pourraient faire basculer de son côté certains poids lourds politiques.
Tout d’abord, son parti politique qui est la deuxième force de l’opposition avec ses 9 députés et près de 300 conseillers communaux. Ce maillage territorial lui permet d’asseoir sa candidature sur un appareil politique qui a déjà fait ses preuves. De la même manière, Aliou Boubacar Diallo effectue depuis quelques mois un rapprochement avec les populations à travers sa fondation Maliba. Financement de projets, appuis à la formation des jeunes, accompagnement des conseils régionaux dans leurs initiatives sont autant de projets qui lui ouvrent portes et cœurs.
En plus, il se murmure que l’homme d’affaires a également les faveurs d’une partie de la classe politique française et de certains chefs d’Etat africains. Pour réussir son saut en politique, Aliou Boubacar Diallo a choisi de s’entourer de plusieurs jeunes cadres supérieurs qui doivent eux aussi, aux côtés de certaines figures connues, incarner le changement. Ces jeunes loups aux dents longues peaufinent la stratégie politique du candidat et les futurs messages de campagne.
Aujourd’hui, c’est son parti que les observateurs suivent de près. Depuis le début de l’année, l’effervescence autour de la présidentielle pousse les cadres de l’ADP-Maliba à dévoiler une partie de la stratégie de leur futur candidat. Il s’agira très certainement d’une large coalition regroupant des partis politiques, des associations de la société civile ainsi que des leaders religieux du pays.
«Tout le monde est conscient qu’aucun parti ne peut remporter une présidentielle seul», confirme un cadre du parti de l’homme d’affaires. L’ADP-Maliba s’est fixé une deadline et devrait donner plus de détails dans les semaines à venir. Il s’agit de l’organisation de la conférence nationale du parti qui devrait investir le candidat du parti pour la présidentielle.
Zan Diarra
Source: Soleil Hebdo