Comme obligés de prouver leur « gratitude » et surtout ne pas « refuser de faire la vaisselle » (comme l’avait déclaré IBK) après avoir pris part au repas gouvernemental, plusieurs ministres ne cessent, ces derniers mois, de tympaniser l’opinion avec ces « clubs d’amis » bien de magouilles sont orchestrées. Un phénomène qui fait des vagues et nourrit des… soupçons
Le week-end dernier, le ministre du Développement industriel, Mohamed Ag Aly s’est illustré à travers son « club d’amis » pour crier son soutien à la « réélection du président sortant. Le week-end du 16 et 17 juin dernier, ce fut le tour du club des amis de la ministre Nina Walett Intallou de…jouer sa partition dans la nouvelle trouvaille des membres du gouvernement : rassembler plusieurs personnes, sous le nom évocateur de « club d’amis » pour exprimer leur soutien à la candidature du président sortant. Avant la ministre MNLA, ses collègues Maouloud Ben Kattra, Amadou Thierno Hass Diallo, Kalifa Sidiya Sissoko et d’autres se sont illustrés sur ce terrain.
La recette est simple et intrigue. Car, en temps « normal », les politiques ont toujours revendiqué des militants et des sympathisants. Les premiers sont des adhérents au parti politique, dont les cadres drainent un monde derrière eux. Ceux-ci appartiennent aux comités, sous-sections ou sections de ces formations politiques. Ils prennent souvent part aux réunions et rencontres statutaires, cotisent pour animer ces partis, instruments privilégiés de conquête et d’exercice du pouvoir. Et ces militants, partisans convaincus, défendant les valeurs et idéaux de leurs formations entretiennent des relations particulières dans le cadre de la gestion des affaires publiques. C’est souvent parmi ces affidés que des ministres choisissent les membres des administrations dont ils sont les premiers responsables.
A côté des militants, l’on note des sympathisants qui sont purement des admirateurs, des proches, professionnellement ou géographiquement des cadres animateurs majeurs de la vie politique. Ils n’ont aucun engagement politique en soi.
De l’autre côté le monde associatif a ses traits caractéristiques avec des membres adhérents et des sympathisants qui n’ambitionnent pas de conquérir le pouvoir, mais disposant d’affidés et d’engagés…Ils renforcent souvent la société civile et joue le rôle de sentinelle de la gouvernance.
Ce tableau de « normalité» reconnue dans toutes les démocraties se trouve aujourd’hui confronté à un phénomène de parasitisme déplorable sur le dos de l’Etat. C’est ainsi qu’on voit pousser comme des champignons des groupuscules de « clubs d’amis » greffés à la poche des ministres de la République. Or, par nature, un ministre est un simple serviteur de l’Etat. S’il n’est pas politique, il est supposé technocrate et nommé juste pour trouver des solutions dans son domaine. Comment un membre du gouvernement peut-il prendre en charge des centaines de jeunes et de femmes de son « club d’amis » sans sombrer dans des indélicatesses financières ? Comment comprendre que l’Etat ait des difficultés pour éponger sa dette intérieure et plusieurs ministres débloquent des millions F CFA pour entretenir ces clubs d’escrocs patentés ? Quid des dotations en carburant et des enveloppes remises à ces « amis ministériels » ? Comment justifient-ils les surfacturations, les pourboires et les véhicules administratifs affectés à ces clubs pour leurs activités folkloriques à visée électoraliste ? Le Vérificateur Général devrait faire un tour dans certains cabinets ministériels pour voir clair dans cette situation…
Pourquoi ces fameux amis n’adhéreraient-ils pas simplement aux formations politiques pour conférer une certaine éthique à leurs « activités ». Il est temps que l’on arrête avec ce système de détournements déguisés des deniers publics. Il urge de laisser la politique aux acteurs politiques et mettre fin à cette escroquerie entretenue par certains membres du gouvernement.