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Présidentielle du 29 juillet 2018 : Des programmes pertinents à des électeurs impertinents

Ils sont moins de 5 sur les 24 candidats à Koulouba à avoir des programmes ou projets de société bien adaptés à la situation de crise aggravée que traverse le Mali. Malheureusement, rares sont les électeurs qui vont s’intéresser à ces belles idées de reconstruction du pays.

IBK avait gagné l’élection présidentielle de 2013 sans disposer d’un programme clairement établi. Et Soumaïla Cissé a beau gloser sur le sien, pertinent, bien concocté et réalisable, mais cela ne lui a pas ouvert les portes du palais de Koulouba. Mais des leaders ayant la tête sur les épaules comme Mamadou Igor Diarra, Modibo Sidibé, Moussa Mara (qui a désisté au profit de Cheick Modibo Diarra), Hamadoun Touré, Dr Chogue lKokalla Maïga, Me Mountaga Tall présentent de beaux projets aux électeurs qui n’en ont cure !

Quelle bande d’hypocrites ! Il serait temps que certains leaders politiques, leurs missionnaires et une partie de la presse béatement naïve songent à arrêter ou tout au moins réorienter le débat sur l’existence, la qualité et l’ampleur des projets de société de ceux qui aujourd’hui, ambitionnent de nous diriger. Nous ne sommes que trop nombreux, journalistes, cadres, intellectuels, hommes politiques, à nous mentir fébrilement dans un semblant de débat sur le sujet.

Mensonges, oui, car ce n’est pas que nous ignorons que l’élection d’un président de la République au Mali ne s’est encore jamais faite sur la foi du projet de société porté par un tel candidat ou un tel autre, et ce n’est certainement pas en 2018 que cela va commencer. Tout le reste n’est soit que comédie fondée sur l’envie de discréditer un candidat qui n’en aurait pas ou naïveté tendant à donner au fameux document plus d’importance qu’il n’en a sous nos tropiques.

Au Mali, c’est de tradition, nous avons deux grands motifs de vote. Etre «pour » ou être «contre» le candidat. Et aucun des deux ne prend en compte les catalogues de bonnes intentions que les candidats nous disent être leurs projets de société.

Etre contre, c’est ce que les Maliens savent faire le mieux. Quand en 2013, Ibrahim Boubacar Kéita a été élu président de la République après le coup d’Etat du capitaine Sanogo et sa bande en mars 2012, ce fut surtout parce que les Maliens voulaient d’une rupture d’avec les hommes et le système qui, durant une vingtaine d’années et plus, avaient mené le pays du désenchantement du lendemain des indépendances à un brutal régime militaire unitaire qui l’aura conduit dans un gouffre économique, un désastre sociopolitique et un déni des droits élémentaires de l’être humain. Quand, en 2002, le Général Amadou Toumani Touré, sorti de sa retraite, a pris sa revanche sur les politiciens, c’était la résultante du rejet de la gouvernance dite clanique, népotique et arrogante du président du renouveau démocratique sortant.

2013, certains diraient que les Maliens avaient enfin voté « pour ». Pour un homme, voire pour un projet. Niet. En réalité, la victoire d’Ibrahim Boubacar Kéita procédait beaucoup plus d’une lassitude généralisée envers la classe dirigeante et même toute la classe politique à l’époque, envers les méthodes et envers les hommes de l’appareil.

Mais nous le disons plutôt, les Maliens votent également « pour ». Etre pour, c’est généralement être favorable à un homme ou une femme dont on se sent proche culturellement, sentimentalement, politiquement, socialement, etc. Mais c’est désormais de plus en plus et malheureusement être pour le plus offrant, le plus généreux, le mieux disant en termes de ressources financières qu’il laisse trainer dans son sillage en temps de précampagne et de campagne électorale.

Il faut croire que même les acteurs politiques maliens n’accordent pas à la question du projet de société une bien grande importance. Est-il pour autant inutile de parler des projets de société des candidats ? Evidemment non. Sur quelle base se ferait la gouvernance de l’Etat sinon ? Et surtout sur quelle base se ferait le bilan en fin d’exercice ? Il est juste à remarquer et même à déplorer que le déterminant du choix de la personnalité qui aura à charge les destinées du Mali à partir du 4 septembre 2018, ne sera pas un débat sur les idées force, les propositions structurantes. Pour cette fois et pour longtemps encore, nous choisirons notre président surtout parce que nous ne voudrons pas voir son adversaire gagner.

 

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