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Présidentielle de 2024: Le PM Choguel jette un pavé dans la mare

Les intentions des uns et des autres se précisent au fur et à mesure que le Mali se dirige vers les élections présidentielles de fin de transition. La partialité du Premier ministre se fait de plus en plus constater dans la mesure où l’intéressé, qui devrait afficher une certaine neutralité, soutient que les forces du changement « doivent gagner les législatives, municipales et les présidentielles ».

Officiel depuis le mercredi 29 juin 2022, le calendrier électoral a fixé le référendum portant adoption de la nouvelle Constitution au 19 mars 2023, l’élection des conseillers des collectivités territoriales au dimanche 25 juin 2023, et les législatives en novembre 2023. Quant aux élections présidentielles, le premier et second tour sont annoncés pour les 04 et 18 février 2024.

Alors que la convocation du collège électoral, l’ouverture et la clôture de la campagne électorale seront fixées via un décret, à partir du mercredi 25 octobre 2023, la campagne préélectorale bat son plein. S’elle se fait en sourdine au sein des partis politiques, tel n’est pas le cas du côté du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, pourtant appelé à afficher une certaine neutralité.

De fait, le Premier ministre Choguel s’est lancé dans une opération de mobilisation de la troupe du M5-RFP, acquise à sa cause. Le jeudi 14 juillet 2022, il a reçu successivement, à la Primature, une délégation du Pôle Politique du Consensus (PPC), conduite par son président Jeamille Bittar, puis une autre du regroupement de partis politiques dit Non alignés conduite par Boubacar Diallo. Enfin les membres du Comité Stratégique du M5-RFP (dont il reste le président) élargi aux femmes, aux jeunes, et une délégation venue de Sikasso. Le vendredi 15 juillet 2022, c’était le tour des délégations de l’Alliance pour la Refondation (AR) et de la Coordination des Associations, Mouvements, Plateformes, Syndicats libres et indépendants. La dernière en date est celle du mardi 19 juillet 2022, c’était avec une délégation de l’Union pour la Sauvegarde de la République (USR), conduite par Nouhoum Togo, son président.

« Cette mobilisation forte du 14 janvier, c’est la même tendance qui doit être maintenue jusqu’aux différentes élections pour que les différentes élections qui viennent : les municipales, les législatives et les présidentielles soient gagnées par les forces de changement », a intimé le Dr Choguel Kokalla Maïga. Si cette mobilisation est salutaire dans la mesure où il s’agit de la conquête du pouvoir, le cadre choisi pour le faire ne sied pas. La déclaration du Chef du Gouvernement marque un tournant dans cette dynamique et par conséquent bat en brèche sa neutralité à laquelle le contraint son statut de Premier ministre, Chef du Gouvernement.

Cette sortie du Premier ministre déclenche un tollé général. « Le Moi n’est pas important. Il s’agit d’un principe de neutralité que devrait avoir un PM organisateur d’une élection marquant la fin de la transition », a réagi Hamidou Doumbia, secrétaire politique du parti YELEMA, qui estime qu’il n’est pas question de « se taire sur les maladresses » de l’homme auquel « on demande de jouer son rôle de PM de tous les Maliens et non d’un clan ».

Pour certains comme Adama Sidibé, « la mobilisation du 14 janvier 2022 », dont parle le Premier ministre « n’était pas politique, c’était plutôt un soutien à la patrie contre l’injustice de la CEDEAO ». « Non à l’instrumentalisation de la lutte du peuple », recadre-t-il.

Pour qui roule le PM ?

Cette déclaration politique traduit mal les intentions du Premier ministre. Quand on sait que conformément à la charte révisée de la Transition, ni le Président de la Transition ni lui, son Premier ministre, encore moins les autres acteurs prenant part à la Transition ne seront pas candidats aux élections présidentielles prévues pour février 2024.

Certes, la nouvelle Loi électorale stipule en son Article 155, alinéa 1 : « Tout membre des Forces Armées ou deSécurité qui désire être candidat aux fonctions de Président de la République, doit démissionner ou demander sa mise à la retraite au moins six (06) mois avant la fin du mandat en cours du Président de la République ». Et l’alinéa 2 d’expliciter : « Toutefois, pour les élections pendant la Transition, lesmembres des Forces Armées ou de Sécurité qui désirentêtre candidats aux fonctions de Président de la République,doivent démissionner ou demander leur mise à la retraiteau moins quatre (04) mois avant la date de l’électionprésidentielle marquant la fin de la Transition. » Mais, cette fenêtre ouverte spécifiquement aux militaires suscite des remous au sein de la classe politique. Certains soupçonnent les hommes en treillis au pouvoir de vouloir briguer la magistrature suprême de l’Etat. « C’est un faux débat, cette disposition concerne l’ensemble des militaires », a prévenu Me Kassoum Tapo du MORENA.

Somme toute, la sortie du Premier ministre sonne comme un pavé dans la mare. Les prochains jours nous édifieront davantage.

La Rédaction

Source: L’Observatoire

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