Ils ont donné l’information aux journalistes à la faveur d’une conférence dont l’objectif était de présenter à l’opinion publique leur lettre pastorale 2018, rédigée à l’occasion des élections générales que le Mali s’apprête à vivre. C’était le 9 mai, au Centre Djoliba de Bamako.
Le conférencier, L’Abbé Alexandre Denou, a rappelé à l’occasion que l’église catholique du Mali, dans le cadre de sa mission d’«annoncer en tout temps et en tout lieu les principes de la morale, même en ce qui concerne l’ordre social », et afin de capter le cadre moral et éthique des élections, adresse depuis 1997 une parole à la communauté catholique ainsi qu’à l’ensemble des Maliens de bonne volonté pour partager leurs préoccupations.
C’est ainsi que dans les précédentes adresses, elle avait mis l’accent sur l’importance du vote, la représentation utile, l’exercice de la politique autrement, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale, a-t-il poursuivi. Pour la présente année électorale, elle appelle les Maliens à laisser Dieu façonner en eux une mentalité nouvelle pour un nouveau Mali. Rappelant le devoir de sacrifice qui incombe à tous, il a insisté sur un passage de l’hymne national « Débout sur les remparts, nous sommes résolus de mourir pour l’Afrique et pour toi, Mali ». Selon le porte-voix de l’église catholique du Mali, chaque fille et fils du Mali doit être prêt à donner sa vie pour le Mali. Pour cause, le Mali en tant que notre bien commun, doit passer avant les intérêts individuels et particuliers. Et de demander aux Maliens s’ils sont prêts à se sacrifier pour la liberté, l’unité nationale, l’intégrité du territoire, la souveraineté de l’Etat, sa forme républicaine et son caractère laïc. Il s’agit là des défis de l’heure entre autres que les citoyens maliens sont appelés à relever même si certaines avancées notamment la mise en place des autorités intérimaires, la collaboration des parties signataires de l’accord de paix et l’organisation et la tenue d’élections réguliers malgré quelques reports sont à saluées. Il a par ailleurs, au nom des évêques du Mali, invité les électeurs à un vote adulte, c’est dire de voter selon leur propre conviction et de façon éclairée. “Ce vote est indispensable pour leur bien et celui du Mali”, a-t-il ajouté, en prévenant que c’est l’indifférence qui porte au pouvoir un dirigeant indigne. “Evite de voter suivant la consigne de quelqu’un d’autre, car la consigne de vote t’infantilise”, a-t-il martelé, en conseillant aux électeurs de ne se tromper que sur la base de leur propre conviction
Le conférencier a confié par ailleurs que l’église catholique a eu des discussions avec les partis politiques, les organes électoraux, les parties-prenantes de l’accord pour la paix et la réconciliation, les femmes, les jeunes les leaders religieux et la société civile. Si elle a dit aux leaders religieux que le rôle d’un serviteur de Dieu n’est pas de diviser le pays mais de relever à ses concitoyens le visage du Dieu d’amour, elle rappelé aux parties prenantes de l’accord que la parole sans les actes est une parole morte.
Quant au message des évêques aux partis politique, il est clair : le respect de la loi électorale et l’objectivité dans l’élaboration de leur projet de société pour ne pas être rattrapé par leur mensonge.
Aux organes impliqués dans le processus électoral, il leur est demandé de veiller à une bonne organisation des élections et d’un scrutin crédible pour une paix durable et un développement équitable. Les évêques ont dans la même veine invité la jeunesse malienne à ne plus se laisser manipuler pour la satisfaction personnelle des politiques et d’examiner les projets de société des candidats aux élections.
Au nom des évêques du Mali, l’Abbé Denou a demandé aux leaders religieux de s’en tenir à leur mission «de sentinelle, de veille, de prière et d’intercession ». Et de conscientiser l’opinion publique afin que chacun puisse aller voter de façon libre et responsable selon sa propre conviction. Ils ne sont officiellement partisans d’aucun candidat et n’ont pas à s’impliquer dans la politique partisane. Les leaders religieux ne doivent pas donner des consignes de vote, a-t-il expliqué en martelant que les évêques du Mali n’ont pas de candidat à la présidentielle de juillet prochain. Pour terminer, il a précisé que les évêques du Mali ont toujours parlé au peuple malien, dans leur rôle de sentinelle du bien-être de la nation.
Amidou Keita
Le Témoin