ÉTATS-UNIS – Retours mitigés. Joe Biden a obstinément et parfois laborieusement défendu son acuité mentale et sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat, lors d’une des interviews les plus importantes de sa carrière politique, vendredi sur ABC News. Insuffisant toutefois pour rassurer complètement son camp, déboussolé depuis son débat raté face à Trump.
« Personne n’est plus qualifié que moi » pour « gagner » l’élection, a affirmé le dirigeant de 81 ans lors de cet entretien d’une vingtaine de minutes, balayant les sondages qui le placent pourtant en nette difficulté face à Donald Trump.
Lors de son échange avec le journaliste George Stephanopoulos, crucial pour le maintien de sa candidature, le président a esquivé à plusieurs reprises la question de savoir si son état physique et mental s’était dégradé durant son mandat. Il ne s’est pas non plus engagé à se soumettre à des évaluations médicales indépendantes, assurant qu’être président équivalait à passer « un test cognitif chaque jour ». Or ce sont bien ses capacités cognitives qui font l’objet de très vives discussions
« Dangereusement déconnecté »
« J’étais malade. Je ne me sentais vraiment pas bien », a affirmé le dirigeant démocrate, en évoquant un mauvais rhume pour justifier sa contre-performance face à son prédécesseur républicain. À la question de savoir s’il avait revu sa piètre performance, Joe Biden a répondu par ces mots étranges : « Je ne crois pas. »
S’il s’est exprimé de manière plus fluide que pendant son duel télévisé raté du 27 juin avec Donald Trump, Joe Biden a toutefois parlé d’une voix étouffée, et a eu des phrases parfois incomplètes ou un peu décousues.
Cela suffira-t-il pour rassurer les démocrates, de plus en plus nombreux à appeler à ce qu’il jette l’éponge ? « Le président est fier de son bilan, à juste titre. Mais il apparaît dangereusement déconnecté des préoccupations des gens concernant ses capacités à aller de l’avant et sa position dans cette campagne », a jugé sur X le très influent David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama.
Des démocrates appellent à son désistement
« Une interview ne changera pas la perception – il nous faut plus de 22 minutes – les gens doivent savoir qu’il a l’endurance nécessaire pour faire le travail et pour l’instant, il y a encore des inquiétudes », a déclaré un représentant démocrate à ABC News.
Selon le Washington Post, le sénateur Démocrate de Virginie Mark R. Warner tenterait de réunir un groupe d’autres sénateurs du parti pour demander à Joe Biden de se retirer de la course. Le média cite deux personnes anonymes ayant été témoins de conversations privées. L’intéressé n’a pas confirmé ou infirmé l’information, mais sa porte-parole a évoqué des « jours critiques pour la campagne du président ».
Et ce n’est pas le seul à vouloir que Joe Biden retire sa candidature. Le démocrate de la Chambre des représentants Mike Quigley a aussi émis cette idée, selon ABC News. D’après les médias américains, il serait le quatrième démocrate de la Chambre des représentants à demander ouvertement à Biden de se retirer, après Seth Moulton (Massachusetts), Lloyd Doggett (Texas) et Raúl Grijalva (Arizona).
Quant aux donneurs, ils sont de plus en plus frileux. La petite fille de Walt Disney a annoncé jeudi su CNBC qu’elle pourrait suspendre ses dons au Parti démocrate jusqu’à ce que Joe Biden se retire de la campagne présidentielle
« Seigneur tout-puissant »
La presse, elle, reste aussi dubitative après cet entretien évoquant des « avis mitigés », et se contentant du factuel de l’interview. Loin des effets escomptés d’une interview qui devait relancer Biden et souvent qualifié de la plus importante de son histoire politique. Les démocrates héritent encore d’un entre-deux inconfortable.
Quatre parlementaires démocrates ont déjà demandé sans ambiguïté à Joe Biden de renoncer à se présenter, sur ABC le président a balayé ces appels d’un revers de main. « Si le Seigneur tout-puissant descendait et disait “Joe, retire-toi de la course” je me retirerais de la course, mais Il ne va pas descendre ».
Source: Le HuffPost