La 3ème Conférence nationale extraordinaire de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema-Pasj), le samedi 19 mai dernier, a tourné au fiasco. Pendant que le parti sous l’impulsion de certains barons a décidé de soutenir le président-candidat Ibrahim Boubacar Keïta, Dramane Dembélé a déclaré sa candidature à la présidentielle. Dans la ruche, c’est désormais la rupture entre plusieurs clans : ceux qui soutiennent IBK, ceux qui portent désormais la candidature de Dra et les partisans de Kalfa Sanogo, maire de Sikasso.
A trois mois de l’élection présidentielle, la direction de l’Adema-Pasj a finalement pris la décision de soutenir le président-candidat Ibrahim Boubacar Keïta pour un second mandat.
En effet, le parti était traversé, depuis plusieurs mois, entre les partisans d’une candidature interne et les partisans d’un soutien au président IBK, dès le premier tour. Finalement, après plusieurs semaines de tractation, le parti, à travers sa 3èmeconférence extraordinaire, a opté pour un soutien négocié au chef de l’Etat sortant.
Selon, le président de l’Adema, Tiémoko Sangaré, le choix de l’Adema de soutenir la candidature de IBK est un choix de raison et de cohérence. « Depuis 2013, une quinzaine de cadres de l’Adema ont été ministres dans les gouvernements successifs. Il faut assumer ses choix… », affirme Tiémoko Sangaré.
Il poursuit : « Nous allons transformer le soutien politique de l’Adema au président IBK en soutien électoral en vue de la présidentielle du 29 juillet prochain. Le Soutien à IBK s’explique aussi du fait qu’aucun des candidats en dehors de Dioncounda ne bénéficie du consensus nécessaire au sein du parti. Et le parti a besoin de ça pour d’autres victoires plus éclatantes dans les prochaines échéances électorales. Ainsi, j’en appelle à tous les militants afin de faire rayonner le parti au-delà de toutes les entreprises», a déclaré le président. Il s’agit aujourd’hui de mettre le Mali souverain au-dessus de toutes les querelles et clivages politiques. « Les Maliens doivent se donner la main pour construire un Mali en paix et dans la sécurité », a-t-il ajouté.
Mais au sein du comité exécutif, tout le monde ne partage pas ce soutien de l’Adema au président IBK. Certains dirigeants et militants du parti croient toujours possible la désignation d’un candidat interne à la présidentielle de juillet.
Pour Boubacar Bah, il est temps que le parti tire les enseignements du passé. « En 2013, il est allé [à l’élection] avec un soutien sans condition, cette fois-ci c’est un soutien avec des conditions. L’Adema attend un engagement. Ceux qui disent qu’il faut aller avec lui, on leur dit : « quelle est la consistance de cet engagement-là ? C’est à vous, à une délégation, d’aller recueillir cela», précise-t-il.
La scission est là…
La rupture semble donc être consommée au sein de la ruche, car deux des trois candidats à la primaire, Kalfa Sanogo et Dramane Dembélé ont décidé d’être candidats envers et contre tout vont-ils piocher sérieusement dans le vivier de la ruche. Le premier, maire de Sikasso ne mâche pas ses mots face .a la situation actuelle « Je serai candidat à la présidentielle de 2018, avec ou sans mon parti, la réalité est que le parti de l’Abeille est la seule formation politique au Mali qui n’appartient à personne et où une personne ne peut imposer sa décision…», a déclaré Kalfa Sanogo.
Selon lui, le fait que le parti résiste toujours aux événements douloureux s’explique par le fait que l’Adema est un parti où une seule personne ne saurait imposer sa décision.
Aussi, a-t-il fait savoir, la dernière réponse revient aux militants. Il précise : «La force de l’Adema est le fait que la contradiction est permise. C’est pourquoi les militants ont décidé qu’il y ait un candidat pour la présidentielle de 2018… Les manouvres d’appareil ne sauront occulter cela », assène le maire de Sikasso.
Ancien candidat de l’Adema à la présidentielle de 2013, Dramane Dembelé est tout aussi déterminé à se présenter à la présidentielle de juillet avec ou sans l’onction du parti. Il annonce déjà son investiture le 25 mai 2018 par les militants de l’Adema. « Je serai investi le 25 mai par le vrai peuple Adema. Je ne reconnais pas cette mascarade de conférence. Il n’y a pa eu de vote malgré nos demandes… », s’offusque Dramane Dembelé.
Comme lors des scrutins précédents, l’Adema se trouve une fois de plus à la croisée des chemins. Et IBK se contentera d’un morceau du parti lors de la présidentielle.
Mémé Sanogo
Source: Par L’Aube