Dans le devenir des nations, il y a des moments qui exigent d’affronter des équations pour le moins perplexes et souvent inédites. A quelques encablures des candidatures à la présidentielle de 2018, les choses s’annoncent et se précisent chaque jour davantage en République du Mali.
Si les événements historiques ne se répètent pas, des fouis ils consacrent des ressemblances fort historiques qui ne sauraient passer inaperçus. C’est dans ce contexte qu’il convient de rappeler que dans le cadre des alliances souvent sans couleurs ont eu lieu lors de la présidentielle de 2002 des rapprochements tout à fait opportunistes avec le candidat indépendant Amadou Toumani Touré (ATT).
Pratiquement, tous les partis politiques se sont reconnus en lui. Ces rapprochements s’expliquaient par le fait que pour bien de Maliens le général ATT à la retraite était le mieux indiqué pour avoir volontairement remis le pouvoir aux civils après quatorze mois de transition pacifique. C’est en récompense à ce geste hautement politique que le général, une fois au trône a embarqué la quasi-totalité des partis politiques existants en République. Une façon d’impliquer les uns et les autres dans la gestion des affaires.
Ainsi, en cas d’échec, toute la classe politique serait comptable. Un coup de force (22 mars 2012) a délogé ATT de Koulouba à quelques pas de la fin de son second mandat (8 juin 2012). Les diables de la félonie politique ont eu raison du général. Mais da chute a provoqué un séisme politique dans notre pays. Bien de gens se sont mouillés avec lui, ne pouvaient rester indifférents quand on sait que le peuple pouvait demander des comptes à son président déchu.
Certes à l’Assemblée nationale, on pense qu’il n’a rien fait. En attendant le compte à rebours, ils se déclarent blanchis avec leur général président. Tapis dans les coins et recoins du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR), ces hommes et ces femmes ont travaillé à récupérer le pouvoir.
Mais, la même division qui a permis à Alpha Oumar Konaré de phagocyter la classe politique malienne à cause qu’elle n’a aucune vision sérieuse pour le Mali, a permis au candidat IBK de débaucher de l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) des cadres à la recherche de la broutille. A ce niveau, rappelons que ce parti a connu sa part de fissure.
Pour sauver les meubles, le parti a présenté Monsieur Dramane Dembélé au premier tour de la présidentielle de 2013. Il fallait attendre le second tour pour voir celui-ci rallier le candidat du RPM, le sieur Ibrahim Boubacar Keïta. La suite, on la connaît: 77,66% des suffrages exprimés.
Ce score était un message, un souhait, celui du changement véritable: IBK a échoué sur toute la ligne à tel point qu’au sein de son propre parti, les remous ont bien lieu. D’abord, le président n’a pas compris qu’il se créé des fossoyeurs au sein de sa formation politique en ne voulant pas choisir les Premiers ministres parmi les siens. Ce n’est qu’Abdoulaye Idrissa Maïga qui a échappé à cette attitude d’IBK.
En 2013, le Rassemblement Pour le Mali (RPM) a soutenu mordicus le candidat du parti, les choses semblent prendre un autre tournant et pour cause: au sein du parti, les mécontents sont les plus nombreux non seulement parce qu’ils ne se reconnaissent pas dans le travail qu’a fait IBK lors de son premier mandat, mais aussi parce qu’il aurait laissé le parti du tisserand pour compte, au lieu de l’aider à s’épanouir.
Ce sont ces frustrés du RPM qui comptent se mettre à la parade de l’élection d’IBK pour son second mandat. Ceux de l’ADEMA qui estiment que le parti ne peut plus soutenir Ibrahim Boubacar Keïta sont de plus en plus nombreux. Ceux-ci se fondent sur l’échec patent du président en cinq (05) ans de gestion des affaires, mais aussi sur le mécontentement et la déception généralisés des Maliens qui, il faut le dire et le reconnaitre, ont regretté amèrement son élection.
Même les ennemis les plus irréductibles du Mali sont unanimes à reconnaitre qu’IBK a échoué et n’a plus rien de bon à donner au peuple malien. C’est face à cette impasse incontestablement dans laquelle IBK a plongé le Mali que des individualités laissent entendre leur volonté de présenter un autre candidat en lieu et place d’IBK. Ces personnalités se retrouveraient au cœur du RPM et de l’ADEMA.
Décidement, les équations à résoudre par IBK lors de la présidentielle de 2018 se diversifient et se multiplient chaque jour que Dieu fait. Au regard de l’impopularité grandissante, il n’y a nul besoin de dire que le peuple malien, notamment sa jeunesse a bien compris.
Aujourd’hui, il convient de rappeler Louis Auguste Martin qui disait: «Le silence d’un peuple n’est qu’un effet de contrainte et non pas une adhésion volontaire à la servitude ; c’est le plus souvent, le couvre-feu d’une révolte à venir».
Fodé KEITA
Inter De Bamako