L’élection présidentielle en 2018 arrive. Scrutin très attendu, il suscite doutes et angoisses. Des voix ont déjà appelé au report et à une transition, évoquant les conditions d’insécurité. D’autres s’inquiètent d’une crise post électorale. Si l’option du report s’imposait, à quoi faudrait-il s’attendre ?
2018 est une année des défis pour le Mali. Organiser des élections crédibles et transparentes sur l’ensemble du territoire national en est un, le plus grand de tous, avec la tenue de la présidentielle. Le gouvernement a affirmé sa volonté de tenir cette échéance à date, mais si, contre toute attente, il décidait de la reporter pour diverses raisons ?. Pour Abdoulaye Tamboura, Docteur en géopolitique, « nous sommes dans un contexte où tout est possible. Avec un peu de volonté de la part de l’État et des formations politiques, les élections pourront se tenir, mais pas partout sur le territoire ».
Des voix, dont celle du doyen Seydou Badian Kouyaté, avaient plaidé pour une transition et un gouvernement d’union nationale, estimant que « l’insécurité généralisée » ne permettrait pas la bonne tenue du scrutin. S’y ajoute un fichier électoral non révisé. Une thèse qui n’enchante pas le Dr Tamboura. « Si l’on attend que le pays soit totalement sécurisé pour l’organiser, on attendra jusqu’en 2025 ». Selon lui, il faut tout faire pour réviser le fichier électoral. « Si l’État attend la dernière minute pour décider d’un report pour cause d’insécurité, ça ne marchera pas », anticipe-t-il. « Les conséquences seront néfastes pour le pays. Les terroristes auront gagné. L’opposition et certaines formations politiques pourraient refuser que le Président continue. On assisterait à un désordre dont le pays n’a pas besoin », alerte-t-il. Le chef de la MINUSMA a lui aussi exprimé récemment sa crainte d’une crise postélectorale.
Selon Djiguiba Kéita, Secrétaire général du PARENA, l’hypothèse est à plusieurs inconnues. « Si d’aventure les élections ne sont pas organisées à temps, le pays sera dans une saison de chaos, car notre Constitution n’a rien prévu pour cela », dit-il, assurant que le peuple souverain saurait prendre ses responsabilités face à toute éventualité. « Si les choses ne se précisent pas d’ici fin février, c’est qu’il y a une volonté inavouée», estime le Dr Tamboura. Selon lui, il n’y a que trois scenarii possibles : tenir l’élection, opter pour un gouvernement d’union nationale ou reporter le scrutin ».
Journal du mali