On avait longtemps craint une crise post-électorale au Mali, un pays déjà fragilisé par une crise sécuritaire sans précédent. Ces craintes exprimées à l’intérieur et à l’extérieur vont-elles aboutir à des contestations après la tenue de la présidentielle du 29 juillet dernier ? Il faut le craindre. En effet, dix-huit candidats (sur 24) contestent, déjà, les résultats du scrutin en évoquant des irrégularités, des bourrages d’urnes et l’utilisation des moyens de l’Etat par le président-candidat, Ibrahim Boubacar Keita et ses ministres. Voici la déclaration diffusée hier, par les dix-huit.
Nous, candidats à l’élection du Président de la République, soussignés :
1. Mohamed Ali BATHILY
2. Soumaïla CISSE
3. Aliou DIALLO
4. Cheick Modibo DIARRA
5. Mamadou Igor DIARRA
6. Dramane DEMBELE
7. Housseiny Amion GUINDO
8. Modibo KADJOKE
9. Modibo KONE
10. Choguel Kokalla MAIGA
11. Oumar MARIKO
12. Kalfa SANOGO
13. Mamadou O. SIDIBE
14. Modibo SIDIBE
15. Mountaga TALL
16. Hamadou TOURE
17.Moussa Sinko Coulibaly
– Rappelant les discussions du 28 juillet 2018 avec Monsieur le Premier ministre autour du fichier électoral qui n’ont fait, à ce jour, l’objet d’aucune évaluation ;
– Rappelant aussi les graves accusations de corruption formulées contre la Cour Constitutionnelle qui n’ont fait l’objet d’aucun démenti, alors même que Madame le Président de ladite Cour est longuement intervenue le 30 juillet 2018 sur les antennes d’une radio locale ;
– Rappelant enfin que la même Cour a émis, dans le cadre du scrutin du 29 juillet sur l’élection du Président de la République, un avis dénotant très clairement son manque de rigueur et d’attachement au respect droit ;
– Constatant les graves et multiples anomalies qui ont émaillé le processus électoral avant et pendant le scrutin du 29 juillet 2018 sur l’ensemble du territoire national à savoir entre autres :
• Utilisation abusive des moyens de l’Etat par le président de la République sortant, Candidat à sa propre réélection
• Propagande de l’ensemble du Gouvernement sur le prétendu bilan du président de la République faussant ainsi de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en période électorale notamment par les médias publics,
• Retrait massif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées,
• Corruption et achat du vote des électeurs à ciel ouvert,
• Bourrage d’urnes et attribution de résultats fantaisistes à des candidats,
• Absence des cartes d’électeur non distribuées dans de nombreux bureaux de vote en violation de la Loi électorale,
• Utilisation frauduleuse de certaines cartes d’électeur non retirées,
• Non affichage de listes électorales devant certains bureaux,
• Utilisation illégale de procurations dans certains bureaux de vote,
• Port de T-Shirts et casquettes par les partisans du candidat Ibrahim Boubacar KEITA au cours notamment de son meeting électoral tenu le 23 juillet 2018 à Libreville (Gabon),
• Graves perturbations des opérations électorales au Gabon et en France,
– Constatant par ailleurs que l’élection n’a pu se tenir dans de nombreuses localités encore imprécises en termes d’électeurs et de communes concernées ;
DEMANDONS INSTAMMENT :
1- Une évaluation de la mise en œuvre des mesures annoncées lors de la rencontre entre les candidats et le Premier ministre le 28 juillet 2018 ;
2- La publication de tous les résultats bureau de vote par bureau de vote ;
3- La publication du nombre de procurations utilisé par bureau de vote ;
4- Le démenti par la Cour Constitutionnelle de graves accusations portées contre elle et l’ouverture d’une enquête judiciaire ;
5- La publication de la liste détaillée des localités et des bureaux de vote ou l’élection n’a pu se tenir le 28 juillet 2018 ;
CONSIDERANT LA GRAVITE DES FAITS AINSI CONSTATES :
1- NOUS N’ACCEPTERONS PAS DES RESULTATS AFFECTES PAR LES IRREGULARITES ENONCES CI-DESSUS ;
2- APPELONS LES OBSERVATEURS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX A EXAMINER ET ANALYSER AVEC LA PLUS GRANDE NEUTRALITE NOS OBSERVATIONS ET CRITIQUES ;
Fait à Bamako le 31 juillet 2018
Ont signé :
Les Candidats suscités
NDRL : En fin de journée des informations diffusées sur les réseaux sociaux indiquaient que Cheick Modibo Diarra se désolidarise de la déclaration.
Source: L’ Aube