Le gouvernement du Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, est connu depuis, mardi dernier. La préséance au sein de ce nouvel attelage gouvernemental apparait à tout point de vue comme une injure à la hiérarchie malmenée. Et pour cause, cet ordre de classement des ministres ne tient nullement compte d’aucun poids politique des ministres issus des partis politiques.
L’ordre protocolaire n’a d’utilité outre que symbolique ou honorifique. Aussi, « la hiérarchie gouvernementale résulte d’un choix discrétionnaire du président de la République et du Premier ministre lors du décret de nomination », selon Henri Oberdorff et Nicolas Kada dans leur ouvrage Institutions administratives (Sirey, 2013). Cependant, à la lecture décrets de nomination des ministres, des observateurs sont exigeants sur le respect du poids politique des ministres représentant les partis politiques du gouvernement. Dans notre pays, certains partis politiques ces dernières années ne manquent pas de faire une condition pour leur entrée dans les gouvernements. À la lecture du gouvernement AIM, l’on peut s’interroger sur ce qui reste de ce principe. Parfois, l’ordre protocolaire peut fournir des indices sur des questions existentielles.
Appelé à relever le défi de l’apaisement social, de la sécurité et de la paix au Mali, l’on peut comprendre aisément le fait de classer le ministre de la Défense et des anciens combattants n° 2 du gouvernement Abdoulaye Idrissa MAIGA même si le titulaire du portefeuille, Tièna COULIBALY, est un cadre du parti MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau) de Choguel MAIGA.
Cependant, le faire suivre immédiatement du ministre de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert COULIBALY, président du parti UDD (Union pour la démocratie et le développement) qui surplombe ainsi le président du parti ADEMA, le Pr Tièmoko SANGARE, ministre des Mines ; et le secrétaire général du parti majoritaire (RPM), Me Baber GANO, ministre des Transports, qui arrive respectivement à la 7e et 8e place, ne répond à aucune logique politique. Car indéniablement, les poids politiques du RPM et de l’ADEMA sont plus importants que celui de l’UDD, en termes de représentativité, à travers les nombres de députés à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, si d’autres présidents de parti, ministres notamment Koniba SIDIBE du MODEC (16e position) ; Housseini Amion GUINDO de la CODEM (33e) et Amadou KOITA, du PS Yeleen coura, (35e), ne font aucune objection par rapport à leur classement dans le gouvernement, il convient de rappeler que sous le président ATT, le RPM avait conditionné son entrée dans le gouvernement, à l’obtention du titre de n° 2 du gouvernement. Ainsi, dans le gouvernement du Premier ministre Mohamed Ag HAMANI, du 16 octobre 2002, Mme KEITA Rokiatou NDIAYE, alors vice-présidente du RPM, ministre de la Santé, était le n° 2 du gouvernement.
C’était le même rang qu’occupait Nancouma KEITA, alors tout puissant secrétaire politique du RPM, ministre de l’Environnement et de l’assainissement, dans le gouvernement du Premier ministre, Ousmane Issoufi MAIGA du 2 mai 2004.
Aujourd’hui, le fait majoritaire semble être bousculé dans la préséance gouvernementale. En démocratie, c’est du politiquement incorrect.
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin