Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Pr. Younouss Hamèye Dicko du RDS, Amadou Koïta du PS, Djiguiba Kéita du Parena, Alioune Guèye du Rojalnu/OMD et le journaliste Mahamane Cissé…se prononcent sur les pourparlers inter-maliens qui débutent en Algérie ce 1er septembre

Les négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés démarrent en principe ce 1er septembre 2014 en Algérie. En prélude à l’évènement, nous avons approché certains Maliens recueillir leurs impressions sur ces pourparlers.

Acteur politiques partis

La rencontre d’Alger doit être le point de départ d’une véritable paix dans le Nord. Que la position de l’Etat prime dans un Mali unifié, réconcilié et tourné vers le progrès. Que ceux qui sont appelés à négocier au nom du Mali trouvent le juste milieu.

Cependant, ils ne doivent pas oublier que tout accord signé sans tenir compte du souci et de la volonté de l’écrasante majorité des populations du Nord est voué à l’échec.

Que ces négociations ne doivent pas être seulement une affaire des gens du Nord, car elles sont tout simplement d’ordre national. Nous estimons que ceux qui se battent pour diviser le Mali doivent comprendre à Alger qu’il n’y a pas d’issue à ces genres de projet maléfique.

Certes, la négociation demande des compris mais il ne faut pas verser dans la légèreté. Et surtout, l’Etat ne doit pas accepter de signer tout accord le couteau sous la gorge. De ce fait, il est insensé de prendre des engagements qu’on ne pourrait pas réaliser.

En clair, il faut tirer les leçons du passé, car un Etat sérieux gère son territoire, nourri et protège ses enfants. Les négociations d’Alger sont une chance pour Ibrahim Boubacar Kéita de faire montre de dextérité. S’il était contre l’accord d’Alger en 2006, maintenant, il devrait être capable de réussir à fédérer toutes les positions en faveur du Mali.

Pour parvenir à une paix durable dans le Nord, le pouvoir IBK ne doit pas occulter les vrais problèmes, notamment le sort des combattants des différents groupes et la gestion des milices. Idem pour le retour de l’Etat et le reploiement de l’armée dans toutes ses positions initiales.

Dans la foulée, il ne sert à rien de faire un débat sur le statut politique pour le Nord clamé par les groupes armés. Car, cette zone n’est pas une entité à part au Mali, elle est tout simplement malienne.

Amadou Koïta, président du Parti Socialiste (PS) : « Quelque soit l’issue de ces négociations, l’impunité et l’injustice doivent être bannies par la partie malienne »

Je souhaite que ces négociations aboutissent à un règlement définitif de la question du Nord. Il s’agira surtout de discussions de fond. Après l’adoption de la feuille de route, c’est maintenant que les vraies négociations commencent. Nous osons espérer que la délégation malienne s’est bien outillée pour ces négociations qui s’avèrent difficiles sinon très difficiles car, nous négocions avec des gens qui ont toujours des velléités d’indépendantistes. Même après la signature de la feuille, ils ont continué à poser des actes provocateurs en bâtissant les deux camps de Kidal au nom d’Intallah et Bahanga.

Toutes choses qui remettent en cause en partie leur volonté de trouver une solution pacifique dans un Mali uni et indivisible. Contrairement à ce qui se dit, nous avons des craintes car, il est bien dit dans la feuille de route que l’intégrité territoriale, l’unité et la forme laïque de la République seront préservées, mais pour autant, au moment où ces négociations s’ouvrent, nos ennemis sont en train de se renforcer sur le plan militaire et l’armée malienne est toujours cantonnée à Ménaka, le drapeau malien ne flotte plus ni à Kidal, ni à Djébock à 50 km de Gao, ni à Ber à 60 km de Tombouctou.

La récente rencontre à Ouagadougou où ces groupes armés continuent de se réclamer de l’Azawad, sont autant d’éléments qui nous inquiètent aujourd’hui et qui doivent interpeller toutes les forces vives de la nation et particulièrement la communauté internationale à travers elle les Nations unies qui ont voté des résolutions en faveur du Mali notamment la 2100 et la 2164 qui malheureusement sont en train d’être violées chaque jour que Dieu fait par ces groupes armés au vu et au su de la Minusma et de Barkhane. Notre souhait est qu’on ne s’enlise pas dans des négociations sans issue car, chaque jour qui passe est un jour de peine pour nos population du Nord, pour nos réfugiés et l’ensemble du peuple malien.

Voilà pourquoi le calendrier mentionné dans la feuille de route doit être respecté par les parties belligérantes pour éviter l’usure dans laquelle ces groupes armés veulent nous amener. Quelque soit l’issue de ces négociations, l’impunité et l’injustice doivent être bannies par la partie malienne car, certaines libérations ont été opérées par les autorités qui, contrairement au règlement de la crise, ne font qu’empirer la situation. Dans un Etat de droit, avant de songer au bourreau, il faut d’abord rendre justice à la victime ; c’est en cela que les cœurs et les esprits pourront se réconcilier. Nous avons également lu dans la presse, avant même l’entame des négociations en Alger, la volonté des autorités de réintégrer ces rebelles qui ont les mains tachées du sang de nos militaires et préfets à Aguel Hoc, Kidal, dans les forces armées et de sécurité en violation de l’Accord de Ouagadougou qui parle de DDR, c’est-à-dire Désarmement, démobilisation et réinsertion socio-économique et non de DDRI, c’est-à-dire Désarmement, démobilisation, réinsertion socio-économique et intégration. Il est temps que le gouvernement malien ait une position claire car, le Premier ministre lors de sa Déclaration de politique générale (DPG) avait rassuré de façon solennelle le peuple qu’il n’y aurait jamais d’intégration de ces forces rebelles dans notre armée.

Qu’est-ce qui a pu le faire changer d’opinion en si peu de temps ? Cela prouve encore une fois de plus que ce pays est gouverné sans aucune vision et stratégie. Donc un pilotage à vue. Il est temps pour le président Ibrahim Boubacar Kéita qui aura un an au pouvoir dans quelques jours, de se ressaisir pour enfin redonner espoir au peuple malien qui a bien voulu le plébisciter lors la présidentielle dernière mais qui aujourd’hui déchante, désespère et est complètement désorienté par cette gestion des affaires publiques dans un tâtonnement jamais égalé au Mali. Le gouvernement doit tout faire pour mettre fin à cette prolifération des groupes d’auto-défense. A partir du moment où tous ces groupes se disent attachés à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali, ils doivent rester derrière l’Etat malien car, dans une République, seule les forces armées et de sécurité ont droit de posséder les armes. Je crains dans l’avenir que la gestion de ces groupes d’auto-défense n’en rajoutent à la crise du Nord.

Alioune Guèye, président du Rojalnu/Mali : « Les négociations suscitent à la fois espoir et inquiétudes »

Les négociations qui s’ouvriront à Alger à partir du 1er septembre suscitent à la fois espoir et inquiétudes. Je suis de ceux-là qui croient qu’il n’y aurait de paix définitive que sur la base de la vérité, la justice sociale et l’équité entre tous les fils et toutes les filles du Mali. Les négociations d’Alger si elles veulent réussir et amener une paix durable au Mali doivent être inclusives, prenant en compte les préoccupations de toutes les communautés du Nord et du Mali. Elles doivent aussi tenir compte des réalités socio-culturelles de toutes les régions du Mali. C’est à ce seul prix que nous aurons une paix durable partout au Mali. Nos meilleurs vœux et prières accompagnent ces négociations pour un Mali uni, juste et prospère.

Pr. Younouss Hamèye Dicko, président du RDS : « J’attends réellement de ces négociations, la réaffirmation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale…….. »

J’attends beaucoup de ces négociations. Je crois que le peuple malien attend aussi beaucoup de ces négociations. Aujourd’hui nous sommes orientés sur ces négociations. Nous voulons qu’elles aboutissent, qu’elles réussissent et à ce titre, nous devons mettre tous les moyens pour les réussir. Je crois que ça me rappelle lorsque vous faites des projets, vous finissez par les résultats attendus. Eh bien pour moi, les résultats attendus, c’est la réaffirmation que le Mali est un et indivisible.

Je reste optimiste et je pense que ces négociations ne peuvent aboutir qu’à ça. Pour le peuple malien, il n’y a pas d’autres alternatives. J’ai interrogé ma conscience, mon âme même, et je n’ai pas vu d’autres solutions que celle-là. Et celle-là, à son intérieur, il y a beaucoup de possibilités pour l’épanouissement des Maliens, la liberté des Maliens. Je crois que c’est ça la réalité des choses. Aujourd’hui, on ne peut plus gouverner comme hier, on ne peut plus gouverner comme il y a 20 ans, 30 ans, 50 ans. Aujourd’hui il faut être moderne, il faut que les populations profitent de la démocratie, du développement. Et le développement se fait avec la participation des populations. C’est dire qu’on ne peut pas développer Abéîbara, Yanfolila, Yorosso, de Koulouba. Il faut que les valeurs locales émergent et puissent développer leurs terroirs dans le cadre de l’unité et de l’intégrité territoriale. Donc, la négociation a de beaux jours devant elle. Mais ce qui n’a pas de jours, c’est la notion même de l’atteinte à l’intégrité territoriale.

Les négociations vont être menées bon train. Je suis même convaincu que tous les Maliens sont d’accord sur le fait que le Mali est un et indivisible. Ceux qui ne sont pas d’accord de cela ne sont pas des Maliens. Même dans les mouvements rebelles ceux qui disent ça ne sont pas des Maliens. Les vrais Maliens sont là dans. Il y a des vrais Maliens dans le MNLA, ce n’est pas ce qu’ils cherchent. Ils cherchent autre chose et cette autre chose doit être examinée. Si c’est faisable, ça se fait, si c’est au détriment de l’intégrité territoriale, c’est interdit. Donc j’attends réellement de ces négociations, la réaffirmation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et la possibilité pour les intelligences du Mali de se développer localement, régionalement et nationalement.

Djiguiba Kéita alias PPR, secrétaire général du Parena : « A- t- on pris le bon chemin pour le succès des pourparlers ? J’en doute »

Je souhaite le plus grand succès à ces pourparlers pour le bien du Mali. Mais, a- t- on pris le bon chemin pour ce faire ? J’en doute. En effet, le premier round a été marqué par un amateurisme déconcertant, car on a vu des participants à ces échanges qui ne savaient même pas pourquoi on les avait consultés. Étrangers au dossier du Nord, au pied levé, on les a embarqués. Conséquence : une pléthore d’émissaires, le plus souvent pour la villégiature et les perdiems.

Pour le 1er septembre, nous apprenons que la délégation sera encore plus forte, avec une forte dose de religieux, comme si c’est une affaire de religion. Ce qui se passe est hautement politique et il faut des politiques avisés, qui ne se laissent pas abusés. La feuille de route devrait être un condensé des aspirations profondes du peuple malien pour la résolution de la crise du Nord. Encore une fois, pour cela, il aurait fallu un débat fécond entre les acteurs majeurs de la vie publique : les partis politiques, de grands pans de la société civile assez représentatifs, les forces vives à travers les syndicats et de grandes notabilités. C’est cela organiser une Table Ronde de toutes les forces vives du pays, y compris de la diaspora, pour convenir d’une plateforme nationale engageant tout le pays. Cela ne s’est pas passé. On a préféré parler de prières, ce qui est une bonne chose certes, mais n’oublions pas que Dieu appartient à tout le monde, et ceux qui font du bien, et ceux qui font du mal. Et Il les écoute tous !

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance