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Pr. Aly Nouhoun Diallo lors de la célébration de la 10e journée internationale de la démocratie : «Nous sommes comptables de tout qui s’est passé du 26 mars 1991 à nos jours».

A l’occasion de la célébration de la 10e Journée internationale de la démocratie, la Coordination malienne des organisations démocratiques (Comode) a organisé, le samedi 21 octobre 2017 à la Pyramide du souvenir, une conférence-débats dont le thème était ” La démocratie en Afrique : quel impact sur la marche de l’Afrique vers son unité ? “.

Ali Nouhoum Diallo peulh

Animée par le Dr Cheick Mohamed Chérif Cissé de l’hôpital du Point G, avec comme modérateur le Pr. Aly Nouhoun Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali (tous deux membres fondateurs de l’Adéma et acteurs de la démocratie malienne), la conférence a été un lieu d’échanges, de critiques de la démocratie au Mali et aussi de suggestion. Le conférencier fera l’historique de la démocratie, de la Grèce antique à la démocratie moderne. Dans ses explications, il dira qu’il est difficile de définir la démocratie, parce que tous les régimes se disaient démocratiques sauf l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. “Même l’Union démocratique du peuple malien (Udpm) du général Moussa Traoré” GMT “qui était dictatoriale se disait démocratique”, a-t-il dit. Il donnera beaucoup de définitions de la démocratie dont celle de l’ancien président américain, le Républicain Abraham Lincoln : “le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple”. Mais le contraste, sous le régime de Lincoln (qui était esclavagiste même s’il a par la suite aboli l’esclave avant d’être assassiné) qui était considéré comme démocratique, les Noirs et les Indiens ne faisaient pas partie du peuple car ils ne votaient. Ils n’avaient pas voix au chapitre. “Qui était le peuple ? Il ne suffit de dire que le pouvoir appartient au peuple alors que ce peuple ne peut pas exercer le pouvoir”, s’indigna le conférencier, avant d’ajouter qu’en matière de démocratie, il n’y a pas de modèle.

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Parlant de la démocratie malienne, il indiquera que le mouvement démocratique malien a commencé avec la chute du régime de Modibo Kéita. “Ce qui s’est passé le 26 mars 1991 est une révolution” qui n’a pas été achevée. Car, à la Conférence nationale, l’élaboration de la Constitution n’a été que du copier coller de celle de la Ve République française. Ce qui fait que la majorité des Maliens n’est pas satisfaite de cette démocratie. Très nostalgique du régime de l’Us-Rda, il suggérera d’enseigner le nationalisme de Modibo Kéita aux jeunes. “Si les Maliens avaient écouté Modibo Kéïta, le Mali ne serait pas là où il est aujourd’hui”, a-t-il regretté.

Les vérités de Cheick Oumar Sissoko : ” Les démocrates maliens ont fauté. Tous les maux reprochés à Moussa Traoré persistent toujours “

Pour beaucoup d’intervenants, cet échec de la démocratie a eu pour conséquence la déstructuration de l’école malienne qui ne produit que des chômeurs. “Pour instaurer une vraie démocratie, il faut lutter contre la pauvreté, le népotisme, la corruption, le chômage. La construction d’une démocratie forte passe nécessairement par une réforme forte de l’école malienne”, ont avancé certains.

L’intervention de l’ancien ministre de la Culture, Cheick Oumar Sissoko, n’est pas passée inaperçue. Il a dit haut ce que certains ont pensé. En tant qu’acteur de la démocratie malienne, il reconnaîtra que les démocrates maliens sont à la base de tous les maux qui retardent le développement du Mali. Car, à ses dires, “tous les maux reprochés à Moussa Traoré persistent toujours. Nous avons fauté, il faut que nous le reconnaissions. Nous pouvons innover la démocratie malienne, mais avec la souveraineté, l’indépendance. Malheureusement, c’est la France qui s’impose à nous. Car nous ne sommes pas mûrs. La 1ère chose à faire, c’est de reconnaître nos fautes. Il faut qu’on balaie devant nos portes car la marche à reculons est en cours depuis la Transition d’ATT en 1991. J’ai eu à participer à la gestion du pays, mais je n’ai bouffé aucun sous”. Il s’est demandé ce qui a été fait des milliards empruntés par le Mali. Parce qu’à ses dires, rien n’a été réalisé dans les domaines de la santé, de l’éducation et dans beaucoup d’autres domaines. “Les débats au Mali ne font pas avancer. Ce sont nos camarades de l’Adéma qui ne sont pas sans reproches. Ce n’est pas la démocratie qui est en cause. Ce sont les démocrates qui sont en cause. Nous avons sabordé la démocratie”, a-t-il ajouté.

Ces propos de Cheick Oumar Sissoko ont été confirmés par Aly Nouhoun Diallo et Dr. Cissé qui dira que c’est l’impact négatif de l’argent qui a joué contre la démocratie et qui continue de jouer un mauvais rôle dans la marche du Mali. Il reconnaîtra que “la démocratie malienne n’a pas atteint ses objectifs à cause de la politique de l’autruche. Les vols au Mali sont des manquements à la démocratie qui est un droit et non un droit politique”, a affirmé Dr. Cissé.

Et Aly Nouhoun Diallo d’enfoncer le clou. “Nous sommes comptables de tout qui s’est passé du 26 mars 1991 à nos jours. Nous avons fait du bon comme du mauvais. S’il y a eu révolution, c’est une révolution bourgeoise qui s’est assise au Mali avec la bourgeoisie internationale. Il faut qu’on fasse un bilan du mouvement démocratique pour que chacun puisse se confesser et assumer ses responsabilités car tout est à reconstruire au Mali “, a-t-il souligné.

Auparavant, le président de la Comode, Boubacar Mintou Koné, avait rappelé que le processus de démocratisation au Mali a permis l’instauration du multipartisme, du pluralisme politique, économique et syndical, l’organisation d’élections disputées, la rédaction d’une nouvelle Constitution et son adoption par référendum, l’organisation de la vie démocratique. “L’effervescence qui a accompagné ce processus est telle que nous n’hésitons pas à annoncer le caractère irréversible de la démocratie pluraliste au Mali. Malgré ce satisfecit, les développements politiques et l’épreuve de la réalité bientôt trois décennies après son avènement, nous sommes amenés à affirmer que notre transition démocratique est encore” fondationnelle ” et donc susceptible d’évolution réversible, voire régressive contre lesquelles nous devons nous mobiliser, nous dresser contre et faire barrage à ces velléités révisionnistes. Le processus est dans une seconde phase, celle de la consolidation. Il nous revient d’identifier les succès les plus significatifs du processus, ainsi que les résistances qu’il est donné d’observer à la lumière de l’actualité récente”, a-t-il déclaré.

Ce qui est une évidence, la conférence-débats a permis à certains nostalgiques de bien se défouler sur les régimes d’Alpha Oumar Konaré et d’IBK qui ont été accusés de tous les péchés d’Israël.              

  Siaka DOUMBIA

Par Aujourd’hui-Mali

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