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Pourquoi tous ces groupes voudraient être à Boulikessi ? Qu’est-ce qu’il y aurait gagner en contrôlant la zone, dans un contexte de réduction, voire d’arrêt des activités économiques licites et de déplacement des populations ?

L’implantation du camp à Boulikessi est hautement stratégique parce qu’il permet de contrôler efficacement les routes de trafic et de réduire le transport d’essence, d’armes et de munitions en provenance du nord du Mali vers le Burkina-Faso.

Ce transport exigeant la constitution de colonnes de véhicules pour le carburant, les armes et l’escorte, n’est naturellement plus possible, surtout avec le renforcement des capacités aériennes de l’armée malienne et la mise en synergie des armées nationales des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Par ailleurs, le camp militaire constitue un rempart contre les groupes radicaux violents, car si Boulikessi venait à tomber, Hombori et Mondoro pourraient suivre, et cela entraînerait un embrasement de la situation sécuritaire dans la zone qui exigerait plus de moyens militaires du Mali, en raison de la métastase de la situation sécuritaire.Aujourd’hui, la menace terroriste est quasi permanente à cause du changement de mode opératoire des groupes radicaux violents. Les colonnes de véhicules et de motos ne sont plus possibles, il est constant d’entendre les groupes opérer en groupes restreints, essentiellement composés de combattants à motos devenus un marché régional.L’intensité des activités criminelles dans cette zone exige assurément un contrôle et une prudence permanents.

 

Tous les faits et gestes sont scrutés, et la moindre faille pourrait être exploitée.Cela expliquerait-il la nouvelle attaque du camp de Boulikessi par les entrepreneurs de la violence le dimanche 1er juin 2025 ?Cette attaque a causé de part et d’autre sans qu’un bilan définitif puisse être donné. Elle porte la signature du Groupe de Soutien à l’islam et aux Musulmans (GSIM ou JNIM), avec l’apport d’une section combattante d’Ansarul, la katiba de Serma, la katiba du Gourma (Arabanda), avec le soutien des combattants et du matériel de la katiba de Macina.

 

Au moins 3 500 combattants du JNIM auraient attaqué le camp, face à une centaine de soldats.L’attaque aurait été coordonnée par Sawadogo Ousmane Issa alias Joulhabibou, actuellement responsable du JNIM pour la zone. Ce terroriste notoire, membre du JNIM depuis 2019, serait responsable de plusieurs attaques dirigées contre l’armée burkinabé à Ouahiguiya, Sollé, et Djibo, où il possède des unités combattantes bien aguerries.

 

Selon des sources locales, cette attaque serait motivée par Ansarul en raison de la fidélité des populations à l’armée. Un récent changement du commandement militaire a permis de mener une opération dans la zone sans toucher aux civils, ce qui a été félicité par les populations locales.Une autre raison avancée est la rivalité intracommunautaire entre les Peuls Dialloube et les Djelgoobes. Ces derniers recherchent à contrôler la zone et ne rechignent pas sur les moyens en s’attaquant à toute force qui tenterait d’empêcher leur influence sur la zone.

 

Le groupe est homogène (tous des peuls), mais les intérêts y sont divergents. Cette variable sociale est majeure.Dans ces conditions, l’armée est davantage exposée car, ne dit-on pas que, «la meilleure protection du soldat est la population». Il se trouve que celle-ci est «fissurée» à Boulikessi, et cela ne favorise point une meilleure coordination des actions militaires.Cependant, les raisons du succès de l’attaque terroriste contre le camp militaire de Boulikessi devraient également se rechercher ailleurs.

 

La multiplication des attaques terroristes au Mali et dans les autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) n’annihilerait pas les efforts louables qu’entreprennent les États mais interrogerait à plus d’un titre l’insuffisance des réponses holistiques à cette crise ô combien dynamique, complexe et contextuelle.En outre, Les frappes aériennes empêchent certes les regroupements, mais elles sont asymétriques par rapport à des combattants opérant en petits groupes. Aussi, le déplacement forcé de plusieurs villages dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) crée un vide territorial qui prive les armées de renseignements fiables sur les modes opératoires des groupes terroristes.

 

 

Les populations encore sur place craignent d’être prises en sandwich par les armées nationales et les groupes radicaux violents. La réduction, voire l’arrêt des activités économiques dans certains endroits pourrait faciliter le possible rapprochement entre certains jeunes désemparés de ces localités et les groupes radicaux violents. L’insuffisance de perspectives, même à court terme, est une menace permanente à la paix et à la sécurité.Dans ces conditions précaires, et afin de préserver la vie des soldats engagés sur le théâtre des opérations et les populations, l’État du Mali et ceux de l’AES en général doivent, en termes de perspectives:Renforcer la sécurité des camps militaires: la position stratégique de Boulikessi exige de grands effectifs militaires bien équipés et formés aux menaces sécuritaires récurrentes.Diversifier la réponse: au regard de la complexité de la stratification sociale de la zone, il serait pertinent de combiner réponses militaires et ingénierie locale. Des activités économiques méritent d’être développées autour du camp de manière qu’il puisse porter le développement. La bonne et la seine distribution de la justice, la fourniture de services de base aux populations et les opportunités d’activités économiques constitueront les arguments non militaires fiables contre les groupes radicaux.

 

Il faudrait gagner les populations comme des alliés naturels.Les acteurs locaux sont les premiers à remarquer des changements de comportement chez un individu ou la présence d’activités inhabituelles. Un mécanisme de signalement clair et accessible, qui protège l’anonymat si nécessaire, est essentiel à renforcer. La confiance mutuelle et la participation active de tous les acteurs en présence ainsi que la redevabilité participent à la construction d’une défense plus robuste contre la nébuleuse terroriste.S’appuyer davantage sur les connaissances et les savoirs locaux des jeunes recrues du terroir pour mieux comprendre et exploiter les dynamiques conflictuelles locales en vue de prévenir et de lutter efficacement et pertinemment contre l’extrémisme violent et le terrorisme.Bamako, le 12/06/ 2025Dr Aly TOUNKARA, expert des questions de paix, de sécurité et de l’islam politique

L’Inter de Bamako

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