Le 22 novembre 2019, vers 10 h 30, la direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE) convoque en ses bureaux Me Hassane Barry, avocat inscrit au barreau malien, ancien ministre et ancien ambassadeur en Guinée. L’homme est gardé à vue.
Les malheurs de Me Barry commencent Tout le 21 novembre 2019. Ce jour-là, vers 17 h, deux membres du groupe terroriste « Ançaroul Islam » sont arrêtés par la DGSE au Grand marché de Bamako. Il s’agit des nommés Ousmane Hama Diallo et Harouna Diallo. Arrivés à Bamako, le 19 novembre 2019, en provenance de Boulkessi, un village du centre malien où l’armée a récemment subi un carnage (une cinquantaine de morts!), les deux terroristes ont principalement pour objectif de faire libérer plusieurs membres de leur organisation détenus à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako. Parmi ces personnes à libérer figurent deux experts en explosifs : Oumar Dicko et Amadou Dicko. Une source confie qu’une fois libérés, les Dicko devaient fomenter des attentats terroristes à Bamako.
C’est l’un des deux terroristes arrêtés par la DGSE qui aurait chargé Me Barry. À ses dires, celui-ci aurait reçu une importante somme d’argent (on parle de 200 millions de FCFA!) pour soudoyer des magistrats et faire libérer les terroristes détenus à la Maison d’arrêt. Un enquêteur nous dit avoir vu des reçus de paiement.
Le cas de Me Barry s’aggrave par le fait que depuis quelques mois, les services de sécurité voient d’un mauvais oeil son implication dans les affaires sécuritaires du centre, marquées par des affrontements meurtriers entre de présumés chasseurs dogons et des groupes peuls. Leader peul, Me Barry n’a pas cessé de défendre sa communauté contre ce qu’il appelle les « chasseurs génocidaires ». Il lui est même arrivé d’accuser de hauts responsables publics d’avoir armé ces « génocidaires »…
Le conseil de l’ordre des avocats publiera dans la foulée un communiqué où il dit « déplorer » la violation de la loi qui exige qu’avant d’arrêter un avocat, le bâtonnier et le procureur général doivent être informés officiellement. Mais des sources de sécurité objectent que la DGSE agit dans l’urgence et qu’au stade actuel, l’affaire ne relève pas encore de la justice mais de la défense nationale. Espérons, pour l’éclatement de la vérité, que le dossier soit rapidement remis aux juges.
Source: proces-verbal