Suspendus à la signature d’un accord pour l’organisation de l’élection présidentielle en juillet à Kidal, les Maliens sont de plus en plus remontés contre certains passages du projet d’accord. Et les groupes armés sédentaires et arables associés aux discussions de Ouagadougou grâce à l’émissaire du Mali Tiébilé Dramé affirment rejeter tout accord qui ne serait pas inclusif et favoriserait les rebelles.
Réunis au sein de la coordination des mouvements et forces de résistance, les sédentaires du nord du Mali entendent jouer leur partition par rapport à l’avenir de leur territoire. À la faveur des pourparlers en cours dans la capitale Burkinabé, ils ont manifesté leur volonté de s’opposer à tout accord qui fait la part belle aux indépendantistes du Mnla. «De façon apparente, on ne voit pas d’évolution au niveau de la communauté internationale qui continue à fermer les yeux sur les actes posés par le Mnla. Si elle tient à la paix, il faut faire avec les sédentaires», a lancé un responsable de la coordination que nous avons rencontré à Ouagadougou hier jeudi. «Il n’y a jamais eu de décimation contre les Touareg au Mali. Plus jamais, rien ne se fera sans nous», a renchéri un autre représentant d’un mouvement d’autodéfense.
Avant de se défendre d’être des milices à la solde du pouvoir : «Nous ne sommes pas des milices pro-gouvernementales. Nous n’avons pas le choix pour assurer notre propre auto-défense ? Nous ne sommes pas affilés au gouvernement. Il y a une sorte de volonté d’occulter les points de vue de la population majoritaire sédentaire», a défendu notre interlocuteur. «Fini avec l’humiliation que ses rebelles et ses alliés tapis dans l’ombre nous font subir depuis 1994», a pesté un autre membre de la coordination des mouvements et forces de résistance. Dans la foulée, les responsables de cette coordination préviennent qu’une paix durable ne sera obtenue sans un dialogue inclusif. Une position qui a été maintes fois rappelée à la communauté internationale. «On ne comprend pas pourquoi, la même communauté internationale continue de soutenir ses gens», rumine un leader sédentaire.
Pour les responsables de la coordination des mouvements et forces de résistance, qui se glorifient de leurs 6000 éléments, leurs actions vont en faveur de la République du Mali et non d’un régime. «Nous ne soutenons pas un régime et au cas où le pouvoir public accepterait de signer un accord sans nous, on n’est pas engagé. Et puis, on ne reconnaîtra pas les autorités dans les localités du nord. On ne va plus se laisser faire, les Arabes et nous sédentaires avons pris notre décision. Il faut qu’on respecte la République du Mali», préviennent nos interlocuteurs.
Dans le projet d’accord, les responsables de la coordination des mouvements et forces de résistance disent ne pas comprendre qu’il y ait l’amnistie pour les éléments du Mnla sous mandats d’arrêt nationaux et internationaux. De même que la composition de la commission mixte de sécurité dont les rebelles feront partie. Ainsi que le nom Azawad qu’ils n’acceptent pas dans le projet d’accord.
Par ailleurs, les représentants de la coordination des mouvements et forces de résistance font remarquer qu’ils n’accepteront pas l’entrée graduelle de l’armée à Kidal, au contraire, elle (l’armée) doit plutôt rentrer sans conditions. Ils affirment en outre être contre l’intégration des rebelles dans les rangs des forces armées et de sécurité et exigent que le maintien des mandats d’arrêt contre les responsables des séparatistes.
De fait, les populations sédentaires font cause commune désormais avec le mouvement arabe de l’Azawad. En tout cas, à Ouagadougou, l’attente est grande et les sédentaires et alliés sont déterminés pour que rien ne soit comme avant et qu’aucune faveur se soit accordée aux groupuscules crapules que sont le Mnla et le Hcua.
Paul MAHAMANE, envoyé spécial à Ouagadougou
Composition de la coordination des mouvements et forces de résistance :
Gandakoye, Ganda-Izo, Gandassal lyso, Fnl, M’Bejen, Fako, ACERT, cadre de concertation Gandakoye
Représentants, Me Harouna Toureh, Me Kadidia Traoré Doucouré, Mahamane Alassane Maïga, Pr Younoussou Touré et Abdrahamane Maïga.