Rappelons que la problématique de la paix au Nord-Mali est sur la table depuis 1960. Cela se comprend aisément quand on sait que la rebalikanisation du territoire du Soudan était et reste un projet phare de la politique coloniale de la France. La suite est connue : les politiques et grands stratèges de la puissance coloniale française ne s’attendaient nullement au départ précipité du colonisateur du territoire français (actuel Mali), départ intervenu et consacré le 22 septembre 1960, date de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Certes, le Blanc est parti de chez nous mais pour mieux revenir.
De 1960 à nos jours, la vie socio- politique économique et culturelle reste marquée par la violence endémique qui secoue le Nord. Plein de rencontres, on pourrait même dire trop de rencontres ont été tenues à propos de cette problématique de la paix dans le septentrion malien. C’est à ce titre qu’il convient de rappeler que bien d’accords ont été signés entre le Mali et les rebelles qui se font appeler Mouvements et Fronts unifiés de l’Azawad (MFUA).
Entre autres, on peut citer : l’accord de paix de Tamanrasset de 1991, le Pacte national de 1992, l’accord d’Alger de 2006, l’accord préliminaire de Ouagadougou de 2013, l’accord de cessez-le-feu de 2014.
Les pourparlers d’Alger, qui entrent dans leur troisième phase le dimanche 19 octobre 2014, augurent-ils d’un accord de paix durable et juste ? Peut-on dire enfin dire que la paix définitive sera signée à la fin des présents pourparlers ? Aujourd’hui, l’amour pour la patrie commande de dire que de tout cela rien n’est moins sûr et pour cause.
Selon les nouvelles en provenance d’Alger, où se tiennent les pourparlers dénommés inclusifs inter-maliens, le Mali s’acheminerait vers une partition de son territoire si le gouvernement de la République flanche un tant soit peu et ne s’assume pas pleinement et entièrement. Cette possible partition du Mali est, en tout cas à peine voilé, contenu dans le projet de traité de paix que le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), aurait soumis à l’appréciation de la médiation du conflit. Dans ledit projet, il ressort que :
– l’Azawad englobe les limites territoriales et administratives actuelles des régions de Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de la région de Mopti, notamment les arrondissements de Boni et de Hombori dans le cercle de Douentza ;
– l’Etat fédéré de l’Azawad s’administre librement à travers un gouvernement dirigé par un président élu au suffrage indirect par les assemblées régionales de l’Azawad ;
– un Parlement chargé de voter les lois qui seront appliquées sur le territoire de l’Etat de l’Azawad ;
– un organe judiciaire en charge de rendre la justice sur tout le territoire de l’Etat de l’Azawad ;
– l’Etat fédéré étend ses compétences sur l’environnement, la culture, l’administration territoriale, la sécurité intérieure, le maintien de l’ordre, la protection civile, l’aménagement du territoire, le budget territorial, la fiscalité locale, le développement social et économique, la protection sociale, l’éducation, la santé, le commerce, les transports, l’agriculture, l’élevage, les mines (ce qui pourrait expliquer quelque part le grand intérêt de la France pour le Nord), la pêche, les industries, l’artisanat, le tourisme, le logement, l’aménagement urbain, l’eau et l’électricité, le réseau routier et l’équipement.
Comme on le constate aisément, si cet accord est accepté par le gouvernement de la République du Mali, il ne lui restera plus à gérer que la défense, la justice et les finances (en ayant à l’esprit que là aussi les postes ministériels seront équitablement attribués à l’Etat fédéré (Azawad) et à l’Etat fédéral (Mali).
En passant, il faut faire remarquer que les forces armées et de sécurité de l’Azawad seront constituées des combattants des mouvements de l’Azawad et/ou des ressortissants issus des populations de l’Azawad.
Si ces informations sont confirmées et si le gouvernement malien venait à prendre langue dans cet accord qui nie complétement la souveraineté de notre pays, alors il ne restera plus qu’à dire que le Nord échappe désormais au Mali.
Il reste à dire à notre peuple que la paix est un impératif catégorique et que s’il veut l’obtenir, il se doit de préparer la guerre car Modibo Keïta n’avait cesse de dire à la jeunesse malienne que «lorsque les vrais propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands».
La France et les rebelles maliens doivent se rendre à l’évidence que quelque soient les tournants que la guerre contre notre peuple pourrait pendre, la victoire finale reviendra à lui. Ce peuple est et reste à sa dévisse à savoir : Un Peuple- Un But-Une Foi.
Visiblement, l’on peut se demander si une paix à ce prix dz l’Azawad peut- être signée au nom de notre pays.
En entendant, notons que la troisième phase des pourparlers d’Alger avait été prévue pour mercredi le15 octobre 2014. Ces pour parlers, reportés, sont finalement prévus pour démarrer le dimanche 19 octobre 2014. Ils doivent durer quatre semaines.
D’ores et déjà, le gouvernement du Mali doit se rassurer que quelque soient les raisons qu’il pourrait avancer pour justifier son éventuelle capitulation devant la France, le peuple travailleur du Mali considère toute compromission comme un acte de haute trahison.
IBK a été élu avec 77,62% des voix. Au cas où, il se sentirait incapable de rappeler la France à l’ordre, il doit revenir au peuple pour lui dire ce qu’il a pu ou n’a pas pu faire et demander au peuple de s’assumer. La victoire est au bout du combat.
Que Dieu aide le Mali.
Fodé KEITA