Décidément, on ne pense pas de la manière au sein du pouvoir que si on en est déchu. L’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé vient de nous donner l’éloquente illustration en montrant qu’il a compris ce qui a pu conduire au renversement du pouvoir IBK, le 18 août 2020. « Je crois que le coup d’Etat s’explique par une exaspération de la jeunesse malienne en particulier… », a déclaré Dr Boubou Cissé. Comme pour se donne bonne conscience sur ce renversement du régime IBK, dont il a été l’un des plus grands bénéficiaires. Dr Boubou Cissé comprend et explique donc le coup d’Etat, qui l’a conduit à passer plusieurs jours de détention à Kati… Ne percevait-il pas alors les grondements de cette exaspération de la rue ? N’avait-il pas contribué à créer cette impopularité du président IBK, bruyamment critiqué pendant plusieurs semaines par le mouvement M5-RFP ? Quels conseils avait-il pu donner alors au chef de l’Etat ? Visiblement, Boubou Cissé ne veut pas déranger les autorités actuelles… surtout que « chat échaudé craint l’eau froide ! »
Si le pouvoir IBK a été renversé, explique-t-il, c’est « peut-être que nous n’avons pas su répondre à un certain nombre d’attentes». Des attentes liées notamment à la crise de l’emploi,. Des attentes aussi liées à une perception d’impunité par rapport à la lutte contre la corruption. Des attentes accumulées, selon ce futur militant de l’URD, depuis des décennies, et qui ont fait naître une inégalité extrême entre différentes couches de la population.
Pour Boubou Cissé, pour refonder l’Etat, il faut donner à chaque Malien la possibilité de s’épanouir. Et de s’inscrire dans la voie dangereuse de la justification des coups d’Etat. «Tant que la société malienne maintiendra les inégalités extrêmes et les injustices, chaque pouvoir installé court le risque d’être renversé par un coup d’Etat ou par la rue », déclare Dr Boubou Cissé.
Quid de sa récente traque par les autorités pour tentative de déstabilisation ? L’ancien Premier, dont l’ambition présidentielle n’est désormais qu’un secret de polichinelle, botte en touche. Car, il ne voudrait pas regarder dans le rétroviseur ; «Entre regarder derrière moi et regarder une chose devant moi, ce qui m’encourage est plutôt de regarder devant moi », confie-t-il. Aux dires de l’ancien Premier ministre, sa traque par la sécurité d’Etat et ses démêlées avec la justice appartiennent désormais au passé. Il estime que la justice malienne est sortie «grandie » de cette affaire.
Kassoum TOGO