Les comités exécutifs nationaux (CEN) du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), du syndicat libre des travailleurs du ministère de l’administration territoriale (SYLTMAT), du syndicat des travailleurs des collectivités territoriales (SYNTRACT) et du Comité syndical des agences de développement régional (CS-ADR) ont adressé, le 12 octobre 2020, une lettre au Premier ministre, Moctar Ouane, Chef du gouvernement pour l’informer de leur marche pour réclamer « la libération des otages représentants de l’Etat et agents des Collectivités territoriales », prévue pour le jeudi 15 octobre 2020. Cette marche débutera à partir de 9 heures au Monument de l’Indépendance de Bamako, en passant par le Rond-point de l’ENSUP (Ecole normale supérieure), le CICB (Centre international de conférence de Bamako) pour prendre fin à la Primature où une déclaration sera remise au premier ministre. Outre cette marche, les organisateurs maintiennent leur grève de 15 jours qui commence à partir du 19 octobre 2020.
« Monsieur le Premier ministre, les CEN SYNAC, SYLTMAT, SYNTRACT et le CS-ADR ont l’honneur de vous informer qu’ils organisent une marche pacifique, le jeudi 15 octobre 2020 à partir de 09H00. Cette marche aura pour itinéraire le Monument de l’Indépendance, le Rond-point de 1’ENSUP, le CICB et la Primature où une déclaration vous sera remise après lecture. Vous en souhaitant bonne réception de la présente, recevez Monsieur le Premier ministre, l’assurance de notre profonde considération », c’est en substance ce qui ressort de la lettre des syndicalistes adressée au premier ministre le 12 octobre dernier avec comme objet : Marche pour la libération des otages représentants de l’Etat et agents des Collectivités territoriales. Contacté par nos soins, hier, mardi 13 octobre 2020, dans l’après midi, le secrétaire général du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), Ousmane Christian Diarra, confirme l’authenticité de cette lettre. « Le samedi, on a tenu une réunion conjointe des quatre syndicats. Nous avons décidé de marcher pour réclamer la libération de nos otages, pour protester contre la libération des assassins qui ont sur leur main le sang des Maliens au profit des occidentaux et en oubliant les Maliens. C’est inadmissible, on ne va jamais tolérer ça », a déclaré Ousmane Christian Diarra. Avant d’ajouter que leur grève de 15 jours reste maintenue. Selon lui, ladite grève démarre le 19 octobre prochain. Dans ce préavis de grève déposé sur la table du gouvernement, le 06 octobre 2020, le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’administration territoriale (SYLTMAT), dirigé par Olivier Traoré, le Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), piloté par Ousmane Christian Diarra, le Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales (SYNTRACT), conduit par Seydou Ousmane Diallo et le Comité syndical des agences de développement régional (CS-ADR), guidé par Hamadou B Yalcouyé, déplorent l’inertie et le silence des pouvoirs publics face aux enlèvements et assassinats des Représentants de l’Etat. « Les Comités exécutifs nationaux du SYNAC, du SYLTMAT, du SYNTRACT et du Comité Syndical des ADR, décident d’observer une grève de trois-cent-soixante (360) heures reconductibles, allant du lundi 19 octobre au vendredi 23 octobre 2020 à zéro (00) heure, du lundi 26 octobre au vendredi 30 octobre 2020 à minuit et du lundi 02 novembre au vendredi 06 novembre 2020 à minuit, si les points ci-dessous ne sont pas satisfaits : l’octroi d’une prime de sujétion pour risques de 400 000 F CFA aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral ; l’octroi aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral d’une indemnité spéciale de 987 500 F CFA (grade III / 3ème classe), 1 100 000 F CFA (grade II / 2ème classe) 1 212 500 F CFA (grade I / 1ère classe) et 1 325 000 F CFA (hors grade / classe exceptionnelle) pour compter du 1er janvier 2020 ; 1 287 500 F CFA (grade III / 3ème classe), 1 400 000 F CFA (grade II / 2ème classe) 1 550 000 F CFA (grade I / 1ère classe), et 1 700 000 F CFA (hors grade / classe exceptionnelle) pour compter du 1er janvier 2021 », révèle le préavis de grève conjoint des quatre syndicats. Les syndicats exigent aussi l’octroi aux Administrateurs civils et aux Membres du Corps préfectoral ne bénéficiant pas de logement mis à disposition par l’Etat, d’une indemnité de résidence de 225 000 F CFA copier coller sur bamada .net pour compter du 1er janvier 2020 ; 250 000 F CFA pour compter du 1er janvier 2021. Les syndicats souhaitent également la majoration de la prime de fonction spéciale de 300% accordée au personnel des Services du Ministère de l’Administration territoriale ; la fixation du nombre d’agents de sécurité affectés aux Représentants de l’Etat et leur mise à disposition effective au plus tard le 30 octobre 2020 ; la prise en charge effective des salaires et accessoires des fonctionnaires des Collectivités territoriales relevant du cadre de l’Administration générale par le Budget de l’Etat ; la relecture des cadres organiques des services étatiques pour prévoir les Corps des fonctionnaires des Collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale ; l’élaboration d’un plan de carrière pour les fonctionnaires des Collectivités territoriales du cadre de l’Administration générale ; le traitement des états de salaire de l’ensemble du personnel des Agences de Développement Régional du Mali sur la base des budgets annuels 2020 des ADR validés en Conseils d’administration et approuvés par la tutelle ; l’application immédiate des Accords d’établissement des ADR du Mali ; l’ouverture d’une concertation pour doter les ADR (EPA) de ressources propres pour un meilleur ancrage régional au plus tard le 30 septembre 2020. « Les Comités exécutifs nationaux du SYNAC, du SYLTMAT, du SYNTRACT et du CS-ADR se réservent le droit de reconduire leur mouvement de grève jusqu’à la satisfaction totale des points ci-dessus mentionnés », précise le préavis de grève.
A rappeler que dans leur précédent préavis de grève en date du 7 mai 2020, les syndicats ont dénoncé la multiplication des cas d’enlèvement des représentants de l’Etat dont l’enlèvement du préfet de Tenenkou, du préfet de Gourma Rharous (Drissa Sanogo en otage), des sous préfets de Hombori (Douentza), de Tilemsi (Goundam) et de Farako (Ségou, toujours en otage), de la tentative d’enlèvement du sous-préfet central de Douentza, des menaces de mort des préfets de Ménaka, d’Ansongo, de Goundam, du premier adjoint au préfet de Bandiagara, des sous préfets centraux de Koro et Bankass, des sous-préfets de Diankabou (Koro), Dioungani (Koro), Madougou (Koro), Kanibonzon (Bankass) etc. Ils ont rappelé les cas d’atteinte à la vie et à l’intégrité physique et morale du préfet d’Anderaboukane (blessé par balles), du sous préfet de Dinangourou (tué par des engins explosifs improvisés), du sous-préfet de Ouinenden (assassiné à domicile), du sous-préfet de Dioura (blessé par balles) etc. Des cas de destruction des préfectures ont été évoqués aussi par les syndicalistes.
Cette marche des administrateurs civils, si elle est tenue, sera la deuxième marche sous la transition. La première marche tenue le 08 octobre 2020 fut organisée par les femmes pour exiger l’application de la loi N°2015-052/ du 18 Décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives au Mali. Au cours de ladite marche, elles dénonçaient la faible représentation des femmes dans le gouvernement de transition qui est de 4 sur 25, ce qui fait 16% au lieu de 30% exigés par la loi.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain-Mali