C’est le dimanche 13 septembre dernier, à zéro heure, que cet arrêt du travail a été observé au niveau de l’hôpital du Mali, le plus grand centre de prise en charge de la Covid-19 au Mali. Rappelons que l’extension de cet établissement sanitaire avait été entièrement réservée pour organiser la riposte contre l’épidémie à coronavirus au Mali, qui a déjà enregistré près de 3000 cas positifs depuis fin mars dernier.
Ils sont environ une soixantaine d’agents à observer cet arrêt de travail. Parmi eux figurent des médecins, des infirmiers, des techniciens de surface, des restaurateurs, etc. Tous ont eu des contrats signés en bonne et due forme afin de mieux organiser la riposte contre le coronavirus, qui a déjà fait plus d’une centaine de victimes au Mali. Signalons que parmi ces patients, on relève du personnel de santé. Tous protestent contre le non-paiement de quatre mois d’indemnités ainsi que la mise en œuvre d’un projet de compression et des effectifs décidé par les responsables de l’établissement.
Pourtant, un montant de près de 200 millions de FCFA avait été dégagé par les plus hautes autorités du pays pour faire de cette maladie une urgence sanitaire au sein de cet établissement.
Signalons que dans un premier temps, ces agents avaient protesté contre le non- paiement de deux mois d’indemnité. Lesquels avaient été réglés à la veille du déclenchement des actions de protestation. Depuis lors, plus rien n’a été versé au personnel depuis le 14 mai dernier, équivalant à quatre mois sans aucune retombée. Aussi, les agents se posent-ils la question de savoir où ces montants mobilisés par les autorités sont passés ?
Très souvent, l’administration rétorque, sans convaincre, aux protestataires que le blocage intervient notamment au niveau du ministère de la Santé. De plus certains ont constaté que les conditions et trains de vie de certains responsables de l’administration se sont drastiquement améliorés du jour au lendemain. Sans compter le fait qu’il a été mis fin au travail de certains contractuels sans qu’aucune explication ne soit donnée au personnel. Pire, ce qui renforce les soupçons de détournement de ce fonds destiné à la lutte contre la Covid-19 c’est que l’administration estime avoir doté la salle Covid-19 de trois ordinateurs payés chacun à un million de FCFA. Chose qui étonne les agents protestataires qui dénoncent ladite information et indiquent que la salle Covid-19 n’a toujours pas été équipée. Même pour l’utilisation des imprimantes, il va falloir les emprunter ailleurs, affirment-ils.
En tout cas, c’est une situation très préoccupante qui prévaut au niveau de cet établissement sanitaire considéré comme le centre de référence de prise en charge des patients de la Covid-19. Une situation qui inquiète et affecte également l’état psychique des malades, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Jusqu’ici l’administration tente de faire des colmatages pour la prise en charge des patients de cette maladie, qui ont des besoins très spécifiques.
Les protestataires de leur côté n’entendent pas baisser les bras tant qu’ils n’obtiendront pas gain de cause, puisque certains ont dû passer des mois sans être en contact avec le monde extérieur. A cela s’ajoute le port des combinaisons de protection donnant aux agents des allures d’extraterrestre. C’est ainsi qu’ils prévoient de porter l’affaire devant le ministère de tutelle et même au siège de la junte au pouvoir à Kati. Ce mouvement intervient alors que le Mali approche la barre des 3000 cas confirmés de la Covid-19, dont au moins 128 décès.
Massiré DIOP
Source : l’Indépendant