La signature de l’accord de paix et la Réconciliation nationale, ni avant l’évènement, ni pendant, ni après, n’a permis d’atténuer la tension entre les belligérants, qui embrase le nord du Mali. Les groupes armés pro-gouvernementaux et rebelles s’adonnent à de violents affrontements, pour le contrôle des zones stratégiques. Le 27 avril, le Gatia a pris le contrôle de Ménaka, chassant le Mnla. Celui-ci contrôlait la ville de Ménaka depuis la bataille de Kidal du 21 mai, consécutive à la visite catastrophique de Moussa Mara à Kidal, obligeant le gouvernement à signer un cessez le feu de reddition le 23 mai. Voyant plutôt la libération de Ménaka que la violation du cessez le feu, le Gatia mettra son pied dans le plat à Menaka, le 27 avril, entrainant une recrudescence de la violence, partout, à Léré, Diré, Goundam, Almoustarat, Bambara Maoudé, Tonka etc… Pour mettre fin à ce cycle de violence et assurer la poursuite du processus de paix, le Représentant Spécial du Secrétaire Général et le Chef de la Minusma, Mongi Hamdi, a présenté une feuille de route aux parties prenantes, selon un communiqué de la mission onusienne à Bamako. Ainsi, en réponse à la situation de recrudescence de la violence dans plusieurs localités des régions du nord du Mali, la Minusma entend intensifier ses efforts pour restaurer le calme, note le communiqué. La Minusma a « intensifié son action ainsi que ses contacts avec toutes les parties prenantes pour parvenir à restaurer le calme et faire avancer le processus de paix », indique le communiqué.
Vers un nouvel accord
La feuille de route proposée présente deux grands points. Le premier consiste à « assurer une cessation des hostilités sur le territoire du Mali qui comprend des arrangements sur Ménaka selon lesquels la Plateforme se retire, et la Minusma prend temporairement en charge la sécurisation de la ville et de sa population ». Une rencontre devra se tenir pour sceller un accord à ce sujet, après une réunion du Comité Technique Mixte de Sécurité.
Le deuxième point de la feuille de route de Hamdi consiste à «organiser des discussions entre le Gouvernement malien et la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) tout de suite après la conclusion de l’accord de cessez-le-feu au sujet des modalités de mise en œuvre de l’Accord de Paix et de Réconciliation Nationale, et pour clarifier les observations respectives des parties au sujet de cet Accord ».
La Minusma souligne qu’elle concentre ses efforts en coopération étroite avec la Médiation Internationale, et en tant que partenaire impartial de tous les Maliens pour faire avancer le processus de paix et pour protéger la population civile contre toute menace et répercussions, directes ou indirectes, résultants de la poursuite de la violence et des tensions, poursuit le communiqué.
Selon la Minusma, des manifestations se tiennent à Kidal depuis quelques jours. Elle souligne que tout en respectant le droit fondamental à la liberté d’expression et de rassemblement, elle appelle les organisateurs à assumer leur responsabilité d’assurer le déroulement pacifique des manifestations. La Minusma les appelle en outre à s’abstenir de tout acte d’intimidation ou de violence à l’égard du personnel de la Mission et de mettre la sécurité des civils en péril. Elle prévient que de tels actes constituent des crimes graves au regard du droit international applicable dont les instigateurs et responsables rendront compte.
Par ailleurs, la Minusma relève que « les actions entreprises pour empêcher la circulation de son personnel dans la ville de Kidal affectent sa capacité de fournir du carburant pour alimenter les générateurs électriques de la ville, ce qui a un impact négatif direct sur la population qui demeure privée d’électricité. Ces actions empêchent également la Minusma de continuer ses travaux d’aménagement de la piste d’atterrissage et mettent en péril tous les initiatives de stabilisation de la Mission et les efforts humanitaires en cours », avertit le communiqué.
Recrudescence
Le 18 mai, des hommes armés ont attaqué un point de contrôle FAMA sur l’axe Tombouctou-Douentza. Trois soldats des Forces Armées Maliennes ont été tués, un autre ainsi qu’un civil ont été blessés durant cette attaque. A la même date, précise la Minusma, une dizaine d’hommes armés ont fait irruption dans le village de Zorho Djinde. Les villageois ayant fui avant l’arrivée des assaillants, aucune victime n’est à déplorer. Cinq maisons et huit tonnes de céréales ont été brûlées. Le 17 mai, des hommes armés ont blessé par balles deux habitants dans le village de Tamachkoyt (commune de Tonka). Le 16 mai, dans les environs de Almoustarat (région de Gao), un véhicule-suicide a attaqué un convoi de la Minusma, un blessé léger est à déplorer.
Face à cette recrudescence de violence, la Minusma rappelle « l’impérieuse nécessité du maintien du cessez-le-feu au Mali et met tout en œuvre pour assurer la protection des populations civiles dans la limite de ses capacités. Comme déjà annoncé à plusieurs reprises par le Conseil de sécurité, les responsables de ces violations devront répondre de leurs actions et s’exposent à des sanctions », précise la mission onusienne au Mali.
B. Daou
Source: Lerepublicainmali