D’abord une certitude : le Conseil des ministres du mercredi 22 mars n’a nullement abrogé les décrets de nomination des DFM. Pour autant, il en est bien question nonobstant la vive protestation de certains ministres. La décision, on le sait désormais, a des relents fortement politiques. Elle n’a que deux objectifs : renflouer les caisses du RPM et faire réélire IBK dès le 1er tour en 2018.
Bien entendu, il arrive, pour des raisons administratives, voire personnelles, que des décrets d’abrogations de nomination ne figurent souvent dans le communiqué final du Conseil des ministres. Mais lorsqu’il s’agit de tous les DFM, la mesure doit obligatoirement faire objet d’une publication. Bref, il n’est question, pour l’instant d’un limogeage, mais plutôt d’un test grandeur nature, une sorte de ballon d’essai. Tout indique que l’on prépare déjà les esprits au fait.
En tout état de cause, la quasi-totalité des Ministres est farouchement opposée dans la mesure où ils (les ministres) restent les ordonnateurs délégués de leur homologue de l’Economie et des Finances. Aussi, ils disposent, jusqu’à la preuve du contraire, d’un pouvoir discrétionnaire relatif à la nomination de leurs DFM respectifs.
Par ailleurs, réserver au seul ministre des Finances le droit de nommer les DFM fera indubitablement de lui un Hyper-ministre susceptible de contrarier le Président de la République en personne. En somme, c’est ici que commencera l’aventure.
Mobiliser les ressources dans la perspective du scrutin présidentiel de 2018
C’est dit-on, dans le souci de combattre la corruption que le Ministre doit être doté d’un aussi immense pouvoir. Il n’en est rien pour des raisons évidentes que nous évoquerons plus loin.
Il s’agit, en vérité, de placer «les hommes qu’il faut à la place qu’il faut» lesquels, sous la seule et unique autorité du Ministre des Finances s’appliqueront à remplir les caisses du parti dans la perspective du scrutin présidentiel de 2018. Objectif : faire réélire le candidat IBK à sa propre succession dès le 1er tour. L’on sait qu’un second tour lui serait fatal. C’est donc dans le seul et unique but de renflouer les caisses du parti et non lutter contre la corruption !
D’ailleurs en peut-il être ainsi quand on sait que l’actuel détenteur du fauteuil de l’Hôtel des Finances n’est nullement irréprochable dans nombre de scandales. Des observateurs avisés pensent d’ailleurs que les plus gros chahuts de l’ère IBK sont advenus à son époque. Aussi, beaucoup de ses attributions de marchés annulées par la Direction des Marchés publics pour non-respect de la procédure, entendez par-là, violation flagrante des règles d’attribution ont été après coup validées sur les injonctions du sire Cissé.
Dans les salons feutrés de la capitale, on parle de ce marché de l’armée malienne de 153 millions d’euros (100 milliards de FCFA) attribué à la Chine par le biais d’un proche de notre ministre. Il est aussi question d’une maison luxueuse à Paris à hauteur de 200 millions F CFA… achetée par une ministre de la République dont les frasques défraient aujourd’hui la chronique. Qu’a fait notre l’ex-guichetier de la Banque mondiale quand on a dénoncé les milliards distribués au fils du président de la République et ses amis lors sommet Afrique-France ? Et ses trois maisons achetées récemment à Dakar par des proches du chef de l’Etat. Et ce proche du chef de l’Etat que la Brigade financière de Nanterre a arrêté au mois de février dernier avec plus de 7, 6 millions d’euros soit la bagatelle de 5 milliards de nos francs ? 5 milliards de FCFA qui ont été naturellement confisqués. Nous reviendrons d’ailleurs très prochainement sur toutes ces sales affaires. Jamais le Mali n’a connu autant de rapine, de volerie des deniers publics et de concussion que sous l’ère IBK. Et tous ces milliards volés proviennent du Trésor national dont Boubou Cissé a la gestion mais surtout la moralisation des dépenses. Aujourd’hui les caisses du Trésor public sont vides. Ce qui explique que les fonctionnaires qui étaient jadis payés sous l’ère du ministre Mamadou Diarra dit Igor depuis le 18 du mois attendent encore leur solde au moment où nous mettons sous presse c’est-à-dire le 23 du mois. Et ce n’est pas demain la veille ! Bref, ce ne sont pas les zones d’ombres qui manquent dans la gestion de Boubou Cissé. Lequel aura été le ministre de l’Economie et des Finances le plus controversé que notre pays ait connu. L’homme est aujourd’hui au pinacle de l’incompétence, notre pays est devenu le Pandémonium de la corruption et kleptomanie financière.
Pourquoi s’en prendre alors aux pauvres DFM qui ne sont pas hélas tous exempts de reproche. Mais quand on sanctionne, il faut être soi-même propre. Quand on veut monter sur l’arbre de la transparence il faut être soi-même clean.
Mais bien évidemment, en mettant en avant le souci de renflouer la trésorerie de la formation commune en vue de faire réélire IBK dès le 1er tour, l’idée sera certainement bien accueillie par ses camarades et la direction du parti lesquels n’hésiteront à le soutenir et l’accompagner. Leurs spins doctors itou. Mais on aura du coup officialisé le vol et la gabegie.
En clair, si la mesure, qui une véritable OPA sur nos deniers publics, était effectivement adoptée, il faudra alors s’attendre à la réélection d’IBK dès le 1er tour, et à la naissance d’une oligarchie si ce n’est déjà le cas au Mali.
A.D et Batomah Sissoko
Source: lesphinxmali