Depuis un certain temps, les travailleurs de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali (API-Mali) sont à couteaux tirés avec leur Directeur Général. D’ailleurs, le comité syndical prévoit une grève de 72 heures à commencer du lundi 22 octobre prochain. Si les doléances ne sont pas prises en compte, préviennent-ils, une grève illimitée commencera le 6 novembre prochain.
Les menaces verbales de licenciement proférées par le Directeur Général de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali (API-Mali) contre ceux qui sont nouvellement recrutés et aussi contre les responsables du comité syndical n’ont fait qu’aggraver la situation déjà délétère depuis plusieurs mois, suite à des malaises du personnel émanant de la dégradation progressive de leurs conditions de travail.
La situation est allée de mal en pis avec le projet de déclassement du personnel, sous le prétexte de l’application d’une nouvelle grille salariale. Ce qui a fait l’objet d’une pétition de rejet de ce projet de déclassement signé par le personnel à la date du 14 août 2018. Dès lors, tous les éléments étaient réunis pour un cocktail détonnant qui a fini par exploser. En effet, API-Mali, chargée d’assurer la promotion des investissements au Mali doit d’abord être stable pour réussir sa mission. Tout le contraire de ce qui se passe actuellement, avec le bras de fer qui oppose le Directeur Général au personnel très remonté pour finalement décider aller en grève d’avertissement de 72 heures, qui sera suivi, d’une grève illimitée à partir du 06 novembre en cas de non prise en compte de leurs préoccupations par les autorités du pays.
Les dérapages du Directeur général de API-Mali
Aux dires de notre source, le DG de AP-Mali a fait de l’Agence sa propriété privée et par conséquent fait tout ce qui lui passe par la tête.
D’abord, il aurait catégoriquement refusé d’appliquer la recommandation du dernier Conseil d’Administration tenu le 16 juillet 2018 et lors duquel il a été instruit d’élaborer une grille salariale consensuelle entre le DG et le syndicat des travailleurs, dans un délai de deux semaines. Comme si ce refus n’était pas suffisant, le tout puissant DG a déclassé le personnel sur le nouveau projet de grille des salaires, alors que, le 2 juillet dernier, instruction lui avait été donnée par le secrétaire général du ministère de l’Investissement et du secteur privé de ne pas déclasser le personnel sur le nouveau projet de grille des salaires. Donc, déjà, il défit même le ministère de la tutelle.
Selon les documents en notre possession, en juin 2018, le comité syndical lui a, dans une lettre, expliqué les conséquences du déclassement. Mais il a fait la sourde oreille. Ce n’est pas tout. Moussa Ismaïla Touré viole les dispositions de l’accord d’Etablissement en vigueur depuis 2013, relative à la classification du personnel par le DG de l’API-Mali et des textes relatifs aux droits déjà acquis par les travailleurs, conforment aux dispositions du code du travail. A tout cela, s’ajoute la menace verbale de licenciement proférée à l’encontre des nouveaux recrus et à certains membres du Syndicat des travailleurs par le directeur général de l’API-Mali à la date du 04 octobre 2018 à 10 heures. Face à toutes ces dérives, le syndicat a, selon notre information , écrit plusieurs fois aux autorités compétentes dont la lettre de dénonciation abusive au premier ministre le 25 juillet 2018, la lettre relatif au rejet du rapport de l’audit organisationnel et des compétences par le syndicat à la date du 9 mai 2018, relative à la mise en place du comité de gestion pour la bonne utilisation des ressources financières par le DG de l’Agence, conformément aux dispositions de la loi90-110 régissant les EPA en République du Mali le 17 juillet…
Les points de revendications
Au regard de tout ce qui a motivé leur débrayage pour enfin se faire entendre, Les travailleurs de l’Agence pour la Promotion des Investissements au Mali (API-Mali) ont formulé huit points de revendications : le refus du déclassement du personnel dans le nouveau projet de grille des salaires, conformément aux dispositions de l’accord d’établissement en vigueur ; le respect du projet de grille des salaires déjà validé par le ministère de l’Investissement du secteur privé, le syndicat des travailleurs et la direction générale de l’API-Mali le 2 juillet 2018 ; la classification des nouvelles recrues dans les catégories, conformément à la classification de l’Accord d’Etablissement en vigueur depuis 2013 ; l’octroi au personnel des avantages liés à chaque catégorie de la nouvelle grille des salaires, conformément aux dispositions de l’Accord d’Etablissement; la fixation des primes et indemnités des fonctionnaires dans le nouveau projet de la grille des salaires , conformément aux dispositions de l’Accord d’Etablissement sur le traitement équitable des avantages du personnel ; l’établissement d’un plan de carrière pour les travailleurs de l’Agence ; la mise en place d’un comité de gestion pour la bonne utilisation des ressources de l’Agence, conformément aux dispositions de la Loi n° 90-110 régissant les EPA en République du Mali ; et la réalisation d’une mission d’audit comptable et financier sur les ressources propres générées par l’API-MALI ainsi que les subventions pour la pérennisation des ressources de l’Agence, ce dernier point étant une recommandation du conseil d’administration du 28 avril dernier.
Parmi ces points de réclamations, ce à quoi le syndicat tient le plus c’est, selon, notre source, le refus du déclassement du personnel dans le nouveau projet de grille des salaires. Ce n’est pas tout : « Nous demandons à ce qu’on fasse l’audit du fonds collectés lors du forum « Invest In Mali » tenu en fin de l’année 2017 », nous révèle, sous l’anonymat, un proche du dossier.
En ce qui concerne la grève, elle débutera le lundi 22 octobre pour une durée de 72 heures. Si leurs doléances ne sont prises en charge, les travailleurs de l’API-Mali entameront une grève illimitée le 06 novembre prochain.
Boureima Guindo
Le pays