Des centaines voire des milliers de manifestants ayant eu écho des prémices d’une mutinerie au camp Soundiata Keïta de Kati se sont rassemblés à la Place de l’Indépendance et dans divers endroits de la capitale. Objectif : appuyer les militaires qui ont pu arrêter le président IBK et son Premier ministre vers 16 heures.
La journée d’hier mardi a été » mouvementée et décisive » pour les contestataires du régime. Tôt le matin, des jeunes à motos, à l’appel du Comité stratégique du M5, ont entamé simultanément des caravanes dans les différentes Communes de la capitale. Ces activités s’inscrivaient dans le cadre de la semaine décisive décrétée par le M5-RFP, qui prévoyait aussi des marches, rassemblements et sit-in à Bamako, dans les capitales régionales, cercles et la diaspora.
Ces caravaniers, ayant eu écho du début d’une mutinerie dans la ville garnison de Kati, située à 15 km de Bamako, ont très vite transformé leurs mouvements en rassemblement à la Place de l’Indépendance et dans certains lieux de la capitale. » Le peuple a décidé de prendre son destin en mains. Notre armée a décidé de nous rejoindre « , a affirmé Daouda Coulibaly, l’un des manifestants, qui demande à la Communauté internationale d’accompagner le peuple malien.
Dans la ville, des informations ont très vite fait état de l’arrestation de tous les membres du gouvernement restreint et du président de l’Assemblée nationale. Karim Keïta, député et fils du président, a, dans un premier temps, démenti son interpellation et celle du Premier ministre – les deux ont été, selon plusieurs sources, arrêtés vers 16 heures, en compagnie du président IBK, à son domicile-. La Cité administrative est interdite d’accès et son personnel a été invité à rentrer à la maison. Le grand marché et les autres bâtiments publics, les banques, stations d’essence et certaines grandes boutiques de la ville de Bamako ont fermé leurs portes, donnant à la capitale l’allure d’une ville morte.
Les centaines de protestataires, qui s’étaient regroupés à la Place de l’Indépendance, acclamaient et fraternisaient avec les mutins, qui multipliaient les tirs de sommation. » IBK n’a pas entendu nos cris du cœur. Nous sommes aujourd’hui (hier mardi) à la Place de l’Indépendance pour être témoins de l’histoire « , a affirmé un manifestant du nom d’Abdel Zakaria Diallo.
Alors que certains manifestants investissaient davantage le Boulevard de l’Indépendance, d’autres, très remontés contre l’actuel ministre de la Justice, ont saccagé et mis le feu à l’immeuble abritant un bureau de Me Kassoum Tapo. Cette scène a été suivie d’un pillage de ces lieux sis à BamakoCoura. Non loin de cette place, des tirs à l’arme lourde retentissaient aussi au camp du Groupement Mobile de Sécurité (GMS), où certains gardes, selon des sources, refusaient de se rallier aux putschistes. A l’approche de l’expiration de l’ultimatum, fixé à 14 heures, des colonnes de véhicules blindés et de pick-up ont quitté Kati en direction de Bamako puis Sébénicoro pour aller » chercher IBK « .
Un convoi militaire, encadré par des civils en motos, a assiégé la devanture du domicile du président IBK. Au même moment, des jeunes, qui cherchaient à barricader les voies publiques, ont été freinés dans leur course devant le domicile du président. Ces manifestants ont ainsi retourné leur colère contre le domicile de Karim Keïta, qu’ils ont saccagé et pillé. Le président et son Premier ministre ont été arrêtés et conduits à Kati sous l’escorte d’une colonne de militaires.
Moussa Sayon CAMARA
Source : l’Indépendant