«Le Mali de nos rêves ne verra le jour qu’au prix d’un changement radical de leadership et de pratiques dans la gestion des affaires publiques. Le changement de leadership que nous réclamons est celui de l’accès au pouvoir d’hommes et de femmes intègres, honnêtes, compétents, profondément attachés à l’idéal de justice sociale et dévoués sincèrement à leur pays, des dirigeants exemplaires à tous égards. Ces hommes et ces femmes sont jeunes, mûrs, noirs et blancs, et de toutes les ethnies du Mali. C’est la voie par laquelle peut s’opérer la réconciliation des Maliennes et des Maliens avec la politique. C’est seulement ainsi qu’il est possible de réhabiliter auprès de nos compatriotes la classe dirigeante dont beaucoup de membres, par leur comportement irresponsable et délictueux, ont passablement terni l’image de nos cadres dont certains, peu nombreux certes, méritent le respect et la reconnaissance par leur dévouement et leur conduite scrupuleuse dans les fonctions qui leur ont été assignées».
C’est la profession de foi martelée par Konimba Sidibé lors de l’assemblée constitutive du MODEC (Mouvement pour un Destin Commun) le 20 avril 2013 à Bamako. «De ce constat, déplorable à maints égards, il ressort que notre salut commun passe par une nouvelle façon de faire la politique en se détournant de pratiques surannées. Il s’agit, désormais, de faire la politique autrement; d’exercer le pouvoir autrement, et, par conséquent, d’opter pour de nouvelles mœurs, propices à la rénovation profonde de la vie politique, entraînant la réforme en profondeur des partis politiques existants ou la création de partis politiques de type nouveau, dans leur conception et dans leurs modalités de fonctionnement. Le parti de type nouveau que nous ambitionnons de créer s’inscrit dans cette seconde perspective.
Notre détermination est totale pour qu’il en soit ainsi. Il s’agit là d’un grand défi que nous allons relever ensemble; un défi que nous sommes condamnés à relever si nous voulons transmettre aux générations futures un Mali un et indivisible, laïc, républicain et démocratique, un Mali meilleur que celui que les générations précédentes nous ont légué. C’est cela le sens du devoir de génération, pas de génération d’âge, mais de génération de leadership. C’est seulement à ce prix que nos enfants cesseront d’aller misérablement mourir dans les océans, à la recherche de meilleures conditions de vie à l’étranger. Faisons en sorte, pourquoi pas, que des enfants de ces pays étrangers aussi aient envie de venir travailler chez nous».
Konimba Sidibé est né le 18 octobre 1956 à N’Djiballa, dans le cercle de Dioïla, à environ 150 km au sud-est de Bamako. Il aurait tout aussi bien pu s’appeler «Sadio Sow», puisque les prénoms «Konimba» et «Sadio» sont habituellement attribués, au Mali et dans d’autres pays soudano-sahéliens, à l’enfant naissant après des jumeaux et que «Sidibé» et «Sow» ne sont rien moins que deux noms peulhs identiques. Sa maman, Ba’Fanta Sangaré, plus connue sous le sobriquet de Nya, disparaitra en 1979 alors que le jeune Konimba avait 23 ans. «Une douleur insoutenable» avoue-t-il encore aujourd’hui, 34 ans après. 12 ans plus tard, en 1991, son père, l’Adjudant Bakary Sidibé, un ancien de la Seconde guerre mondiale, décédera à son tour laissant derrière lui un homme de stature nationale qui occupera de hautes fonctions, comme Ministre du Contrôle Général d’Etat, chargé de l’audit de la gestion des ressources publiques. Il avait alors à peine 35 ans. La légende locale qui prétend que l’enfant né après les jumeaux est doté de pouvoirs surnaturels lui permettant de réaliser de grandes choses serait-elle en voie de revêtir la forme d’une réalité intangible?
1956, année de la naissance de Konimba, est marquée par le vote, le 23 juin, de la Loi Cadre Deferre sur l’Outre-mer, qui autorise le gouvernement français à mettre en œuvre les réformes et à prendre les mesures propres à assurer l’évolution des territoires relevant du ministère de la France d’Outre-mer. Le projet avait été initié par Gaston Deferre et par le maire d’Abidjan, Félix Houphouët-Boigny. La même année enregistrera d’autres faits marquants, comme l’indépendance de 4 pays africains du Nord, l’Egypte, le Maroc, le Soudan et la Tunisie, la nationalisation du Canal de Suez par Gamal Abdel Nasser et la tenue des Jeux Olympiques à Melbourne (Australie).
Une personnalité de dimension mondiale ayant dominé le tennis entre 1970 et 1980, le Suédois Bjorn Borg, est née la même année que Konimba. Konimba se distingue de ce champion, surnommé «Iceberg», par son humeur engageante, sa disponibilité, son ouverture et sa délicatesse naturelle. Mais les deux ont en commun le même sens de la combativité. Ils ne renoncent jamais. Les préceptes du père ont porté principalement sur la droiture, l’honnêteté et le respect scrupuleux des normes de conduite en vigueur chez les hommes vivant en parfaite harmonie avec la nature. Mais c’est Ba’Fanta qui l’a le plus marqué, par sa propension à s’occuper plus des enfants des autres que des siens, comme cet orphelin de 7 ans, adopté pazr elle, que Konimba a toujours considéré comme un frère jumeau et qui, aujourd’hui, est professeur d’enseignement supérieur. Les conseils de ses parents ont pétri sa personnalité et servent de repères permanents à son engagement politique.
D’une superficie d’environ 12 400 km², Dioïla, appelé aussi Baniko, l’un des 7 cercles (depuis 1960) de la 2ème région administrative du Mali, Koulikoro. Il abrite près de 400 000 habitants essentiellement Peulhs et Bambaras, majoritaires. Grâce à la richesse de son sol riche et fertile, Dioïla est reconnu surtout pour son agriculture et son élevage. Mais l’économie rurale est principalement basée sur la culture du coton.
C’est au cœur du Mali profond, au contact de la rude mais captivante réalité de la vie en milieu rural, qu’une passion dévorante et inextinguible pour la paysannerie s’installera chez le jeune Konimba pour ne plus le quitter. «Mon engagement politique trouve son fondement et sa justification dans ma volonté de payer une partie de ma dette envers mon peuple. Pendant 10 ans, après le baccalauréat, j’ai bénéficié d’une bourse sans laquelle je n’aurais pas pu poursuivre les études que j’ai faites». Dès lors, sa détermination à se tenir aux côtés de ceux qui, bien que majoritaires dans le pays, n’ont strictement accès à rien, sinon à une portion congrue, sera irréversible. Il ne cessera de traquer et de dénoncer publiquement les injustices et les malversations financières.
Enfant, il était plutôt calme, voire sage, à la limite de l’effacement. Tandis que les autres s’époumonaient derrière un ballon de football, Konimba se concentrait sur ses études, passait son temps à lire tout ce qui lui tombait sous la main. Alors qu’il était encore à l’école fondamentale, il était passionné de mathématiques et rêvait de devenir ingénieur. À 16 ans, en 1972, il quitte Dioïla pour le lycée technique de Bamako. A cause de sa sagacité dans les discussions plutôt aériennes, ses camarades vont l’affubler du surnom mi-sérieux, mi-moqueur de «Philo» (pour philosophe). C’est une fois en France, en 1975, qu’il sera véritablement atteint du virus de la chose politique. Inscrit à l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, qui a succédé en 1975 à La Sorbonne, l’un des plus prestigieux hauts lieux du savoir en France et à l’Ecole Normale Supérieure Technique de Cachan, aux portes de Paris, un des symboles français de l’excellence dans la formation des cadres supérieurs, Konimba décroche l’Agrégation en économie en 1981 et le Doctorat en économie du développement en 1985.
Malgré l’ampleur et les contraintes de ses études, il s’investit à fond dans le mouvement syndical des étudiants, une école d’apprentissage politique qui lui fera découvrir les arcanes de la gestion des affaires publiques en Afrique. Il militera au sein de l’incontournable et toute puissante Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) (créée en 1950 et dissoute par le gouvernement français en 1980) et de l’AESMF (Association des Étudiants et Stagiaires Maliens en France). De retour au Mali en 1985, il poursuit la lutte contre le régime du Président Moussa Traoré, taxé d’autoritarisme, voire de dictature. Le 18 octobre 1990, est créé à Bamako le Comité National d’Initiative Démocratique (CNID), qui se muera plus tard en parti politique, le CNID – Faso Yiriwa Ton.
La nouvelle association est la première organisation à défier ouvertement le régime de Moussa Traoré. Konimba y adhère et participe avec 10 000 personnes à une manifestation pacifique le 10 décembre 1990, jour de la commémoration de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Tout un symbole pour ce militant défenseur des droits fondamentaux! La contestation du régime en place s’amplifie. Les marches se multiplient, énergiquement réprimées. Le Mouvement Démocratique regroupant plusieurs associations et organisations s’enhardit. Et, le 26 mars 1991, Moussa Traoré est renversé, remplacé par Amadou Toumani Touré (ATT).
Participant à l’historique Conférence Nationale (29 juillet – 12 août 1991), Konimba attire l’attention grâce à ses interventions pertinentes, dénonçant la gabegie et la corruption qui caractérisaient alors la conduite des affaires publiques. A tel point que, tout naturellement, durant la Transition (91 – 92), on lui confia le ministère chargé du Contrôle Général de l’État. Il démontra brillamment la défectuosité du système de contrôle de l’État malien et livra un combat homérique, sans complaisance, contre les auteurs de détournements des biens publics, tant et si bien qu’on le baptisa spontanément «Ministre kokadjé» (kokadjé, en bambara signifiant «laver blanc»).
En 1995, Konimba Sidibé et d’autres compagnons de lutte, quittent le CNID Yiriwa Ton pour fonder le Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA). Un an auparavant, il avait créé «Koni Expertise», un cabinet d’études, de conseil et d’assistance à des structures publiques et privées, qui lui permettra de procéder à une exploration approfondie des réalités économiques et sociales du Mali et d’avoir une perception réelle et pointue des problèmes de gouvernance du pays. «Il a une connaissance minutieuse des questions de gestion du Mali, que peu d’experts maliens et étrangers possèdent», reconnait un de ses collègues de la Commission Economie et Finances de l’Assemblée nationale, où il a été élu en 2007 dans la circonscription de Dioïla. Il officiait dans divers établissements d’enseignement supérieur maliens depuis 1985. Aujourd’hui encore, il dispense des cours de contrôle de gestion à l’Ecole Supérieure de Gestion (ESG) de Bamako ; dont il est l’un des promoteurs.
À la faveur de la grave crise politico-sécuritaire qui agite le Mali depuis janvier 2012, Konimba Sidibé et certains proches, indignés par le cafouillage généralisé dans la vie de la nation, décidèrent d’investir le champ de la Société civile malienne, avec la création de l’association Djoyoro Fa, «pour contribuer à la reprise en mains de leur destin par des citoyens, pour bâtir, dans le respect de l’Etat de droit et dans la transparence, l’intégrité et la justice sociale, un Mali prospère». Les objectifs de Djoyoro Fa visent à «contribuer à la formulation d’une vision et d’un projet de société progressiste pour le Mali; soumettre la gestion publique à un contrôle citoyen efficace; contribuer à placer au cœur de la gestion des affaires publiques l’intérêt général, l’intégrité, l’honnêteté, le patriotisme, la compétence, le mérite et l’obligation de rendre compte».
Selon Konimba Sidibé, le fonctionnement d’un État a besoin d’une société civile forte et responsable, en mesure d’exiger des comptes sur la gestion des biens publics de la part de l’administration. «Je suis convaincu que, sans une société civile forte, capable d’être exigeante vis-à-vis des dirigeants, de s’opposer aux mauvaises pratiques, il n’y a pas de solution. Partout dans le monde, quand les dirigeants n’ont pas de comptes à rendre à qui que ce soit, on n’a pas vu de réussite. L’homme est naturellement tenté par la facilité, le gain facile. C’est pour cela que Djoyoro Fa va exister et continuer son combat». En avril 2013, il rompt avec le PARENA.
Il s’en expliquera. «Je crois que tous ceux qui ont suivi mon parcours politique, ces dix dernières années, se sont rendu compte qu’il existait un véritable décalage entre mes prises de position politiques et les actions que je menais par rapport à mon parti. C’est avec beaucoup de regrets que j’ai dû mettre fin à un compagnonnage vieux de plus de 30 ans avec certains camarades du PARENA, avec lesquels je me suis battu, d’étudiant à maintenant. Ce départ a eu lieu dans le respect des uns et des autres, dans la dignité, sans insulter qui que ce soit. Nous avons fait de belles choses ensemble». La décision de créer une nouvelle formation politique interviendra quelques jours après. Le 20 avril 2013, le Mouvement pour un Destin Commun (MODEC) est porté sur les fonts baptismaux, pour mener «la bataille pour un nouveau type de gouvernance dans ce pays ». Présidé par Konimba Sidibé, il a pour devise «Fraternité! Travail! Justice!». Sa direction comprend 35 membres élus pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois, y compris le poste de Président.
La nouveauté du MODEC est de rompre avec les pratiques en cours, où le parti est la «propriété d’un seul individu» qui le dirige selon son bon vouloir et nomme qui il veut. Toutes les sections et sous-sections définiront en Convention nationale la position du parti. «Les responsables du parti ne seront pas choisis en fonction de leurs richesses ou de leur affinité avec tel ou tel cadre. Ce seront des militants reconnus, disposant d’une assise solide dans leur localité». L’obligation de rendre compte à cette base est érigé en principe immuable. «Au MODEC, les militants estiment que les citoyens partagent un destin commun et doivent construire le pays tous ensemble. Nous sommes dans la logique de changer les mauvaises pratiques, notamment la corruption, qui est l’abus d’une position occupée dans la fonction publique à des fins personnelles et partisanes. Nous devons de barrer la route aux rapaces». Son Président en appelle à une mutation profonde pour favoriser l’avènement de la culture démocratique. Car il est indispensable et urgent d’innover et d’entreprendre de véritables réformes.
Fascinant par son franc-parler, convaincant dans son discours, rigoureux et constant dans son combat contre la mal gouvernance, Konimba Sidibé séduit par sa sincérité et sa volonté de construire un Mali meilleur, où la justice et la solidarité sont des concepts qui prendront tout leur sens. «En nous mettant ensemble, nous pouvons mettre notre pays sur les rails de la bonne gouvernance, de la bonne gestion des affaires publiques, dans l’intérêt de toutes les Maliennes et tous les Maliens. Je m’y engage et c’est un appel que je lance à tous». De nombreuses marques de sympathie affluent pour encourager le député de Dioïla. En 6 ans à l’Assemblée Nationale, son bilan ne manque pas d’impressionner. Son courage de dire et de faire laisse entrevoir une phénoménale capacité de travail. De nombreux observateurs reconnaissent son honnêteté intellectuelle et sa rigueur morale. Des membres du gouvernement se souviennent de la pertinence, de la perspicacité et de la pugnacité de ce député courtois mais tenace, aux interpellations redoutables.
Il a soutenu et défendu des populations victimes d’injustices (annulation d’expropriations foncières de paysans; forage de puits, comme dans le village de Kèrèmè (Dioïla) qui a connu 17 divorces en raison de la difficulté d’accès à l’eau; construction d’écoles). Cet humaniste au grand cœur n’en est pas moins un homme aux goûts presqu’ordinaires. Il aime la danse, à la limite de la passion; pratique divers sports, comme le basket, les arts martiaux et, le poids des années obligeant, la marche à pied. Pour la musique, ses préférences vont à des figures emblématiques incontournables, Banzoumana Sissoko, Lamissa Bengaly, Salif Keita, Oumou Sangaré et Aly Farka Touré. Il aime aussi la musique zaïroise et est un inconditionnel de géants comme John Lee Hooker, Stevie Wonder et autres monstres sacrés. Mais il a surtout une admiration mythique pour Bob Marley. Konimba Sidibé ou la passion pour le Mali! «C’est un homme dont le dévouement pour son pays est tel qu’il en vient à s’oublier lui-même» dit un collègue député.
Konimba est marié à Fatoumata Cissé, Experte comptable. Ils ont 5 enfants, 3 filles et 2 garçons.
Diomansi Bomboté, Bamako le 20 juin 2013
Un destin commun pour le Mali
Une obsession constante: gérer sainement les ressources du pays au profit exclusif du peuple.
Les actions prioritaires: – bâtir un état fort et juste; – susciter la mutation des mœurs et pratiques de gestion par l’avènement de la bonne gouvernance dans les affaires publiques; – instaurer une véritable culture démocratique en impliquant les citoyens dans le processus de prise de décision; – éradiquer la corruption qui contribue à désintégrer toutes les valeurs morales et, par voie de conséquence, les bases de l’économie nationale; – combattre les inégalités flagrantes en instaurant l’égalité d’accès à l’éducation, à la justice, à la santé pour tous les citoyens.