Sur l’ensemble de l’année 2023, les échanges extérieurs de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) enregistreraient un solde global déficitaire de 3.008,9 milliards pour la deuxième année consécutive, après 3.343,1 milliards en 2022. Le solde global de la balance des paiements devrait ressortir excédentaire à partir de 2024, sous l’hypothèse d’une accélération de la consolidation budgétaire dans l’Union et d’une mise en production des plateformes pétrolières et gazières au Sénégal, ainsi que du pipeline au Niger. C’est ce qui ressort du rapport sur la politique monétaire dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).
Dans ce rapport, ce Comité de Politique Monétaire estime que l’inflation demeure encore à un niveau élevé. « Le taux d’inflation moyen, en glissement annuel, s’est établi à 3.7% en 2023, après 7,4% un an plus tôt. Cette évolution est en lien avec la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, consécutive à l’amélioration de l’offre céréalière et au repli des prix sur les marchés internationaux », précise le document.
Au titre de la conjoncture internationale, le Comité́ a noté la poursuite du ralentissement de la croissance mondiale au troisième trimestre 2023. « L’activité économique a été contrainte par le resserrement des politiques monétaires face à des niveaux d’inflation toujours au- dessus des cibles de la plupart des banques centrales. Le rythme de progression de la production mondiale devrait ressortir à 3,0% en 2023 et à 2,9% en 2024, après 3,5% enregistré en 2022, selon les projections publiées par le Fonds Monétaire International (FMI) en octobre 2023. Ces prévisions sont entourées, selon le FMI, de facteurs de risque globalement baissiers, à savoir la poursuite des relèvements des taux directeurs par les banques centrales dans les économies avancées, l’aggravation des phénomènes liés au changement climatique et les tensions géopolitiques », souligne-t-il.
Sur les marchés internationaux des matières premières, selon le rapport, les cours des produits énergétiques se sont inscrits à la hausse, après trois trimestres consécutifs de baisse, en lien avec le recul de l’offre mondiale. « Quant aux cours des produits hors énergie, ils ont poursuivi leur tendance baissière, portée par le reflux des prix des produits agricoles, des métaux et des minerais. Toutefois, l’indice des prix des matières premières non énergétiques exportées par les pays de l’UEMOA s’est accru de 4,9% au cours du troisième trimestre 2023, après une progression de 6,3% un trimestre plus tôt », ajoute-t-il.
Le rapport précise également que l’inflation mondiale devrait s’établir à 6,9% en 2023 contre 8,7% en 2022. « En 2024, le taux d’inflation se situerait à 5,8%.
La gestion des finances publiques dans l’UEMOA, au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, laisse apparaitre une détérioration du déficit budgétaire global, base engagements, dons compris. En référence à la même période de l’année précédente, le déficit budgétaire s’est dégradé de 483,6 milliards, pour ressortir à 4.333,1 milliards. Dans un contexte de poursuite du resserrement des conditions financières à l’échelle internationale, ce déficit a induit de fortes pressions sur le marché financier régional », peut-on lire dans le rapport.
Du même document, il ressort que selon les dernières projections réalisées par les Services de la BCEAO, la croissance économique de l’Union devrait ressortir à 5,7% en 2023 et 6,5% en 2024. Ainsi, le Comité de Politique Monétaire a indiqué que ces perspectives de croissance de l’Union restent entourées de risques baissiers, liés notamment à la situation sécuritaire et socio-politique dans la sous-région, à l’évolution des prix internationaux de l’énergie, aux conditions de mobilisation des ressources extérieures par les États membres et à l’exécution dans les délais des projets d’exploitation de pétrole et de gaz dans la région.
« Selon les dernières prévisions, il est attendu une baisse du niveau général des prix sur la période de prévision, sous l’hypothèse de la détente projetée des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers, ainsi que d’une bonne orientation de la production vivrière locale pour la campagne 2023/2024. En moyenne annuelle, le taux d’inflation s’établirait à 3,7% en 2023, puis à 2,5% en 2024 », souligne le rapport. Toutefois, le Comité note que le taux d’inflation demeure sujet à des risques haussiers importants liés notamment à la persistance de la crise sécuritaire dans certains pays de l’Union, et à une escalade des conflits au plan international, avec les effets induits sur les prix mondiaux des produits énergétiques et alimentaires.
Ousmane BALLO
Source : Le Capital