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Politique et religion : les liaisons dangereuses

Politique et religion ne font pas bon ménage. Apparemment, l’imam de la mosquée de Dravela à Bamako ne le savait pas. Vendredi 15 février dernier, alors que les fidèles musulmans attendaient patiemment l’heure de la prière pour accomplir leur devoir religieux, il a transformé son sermon en une tribune pour prendre la défense du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, écrit le blogueur Youssouf CISSE.

Au Mali, on semble confondre politique et religion. Tantôt, on voit des leaders religieux verser dans le militantisme pour défendre des personnalités politiques. On en arrive même souvent à se demander s’il s’agit de vrais leaders religieux.

L’épisode le plus récent est arrivé le 15 février dernier à la mosquée de Dravela, un quartier populaire de Bamako. Pendant qu’il fait son sermon de vendredi, l’imam passe à la vitesse supérieure. Il commence à faire les éloges du Premier  ministre Soumeylou Boubèye dont la démission  avait été réclamée, cinq jours avant lors d’un grand meeting de prière au Stade-26 mars par deux poids lourds de la sphère religieuse (l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut-conseil islamique du Mali et le Chérif de Nioro, Bouyé Haïdara). L’imam a été hué avant que les fidèles ne désertent la mosquée. Certains ont décidé de ne plus revenir tant qu’il est imam.

Lors du meeting du 10 février 2019 au Stade-26 mars,  l’émissaire du Chérif de Nioro, a  ouvertement dit : « IBK doit sauver son pays, se sauver lui-même et sa famille en faisant démettre le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. »

De quoi se mêlent les religieux

Au Mali, ce n’est un secret pour personne que la présence des leaders religieux se fait de plus en plus sentir dans la sphère politique au point qu’ils s’érigent en faiseurs de roi, pour ne pas dire, de président.  Nous en avons vu crier sur tous les toits leur soutien à des candidats aux élections, jurant sur le nom d’Allah que leur protégé allait passer.

Si les religieux ont tendance à confondre religion et politique, c’est parce que les prêches sont mal régulés par les autorités chargées de la question, notamment le Haut-conseil islamique auquel revient ce rôle.  « On dirait que ce n’est pas au nom de Dieu qu’ils prêchent, qu’ils parlent. Chacun n’en fait qu’à sa tête en oubliant Dieu. Demain sera très rude car ce sont ceux-là même qui doivent nous guider qui nous induisent dans l’erreur », s’indigne Ousmane Ouattara, commerçant rencontré au grand marché de Bamako.

A chacun son rôle    

Bien que le Mali soit un pays à majorité musulmane, le sujet politique est très sensible dans les débats. Même certains fidèles pensent qu’il faut donner à chacun le rôle qui lui revient : « Depuis que les musulmans se sont mêlés de la politique, plus rien ne va. Ils se croient Dieu et ne font rien de bon. Et d’ailleurs, ce sont les dirigeants qui leur ont tout permis car ils les croient incontournables. Depuis, c’est un grand problème », nous confie Hamidou Tolo, étudiant en philosophie sur le campus universitaire de Badalabougou.

La bonne raison veut que les personnes qui exercent les mêmes tâches agissent de la même manière. Mais tel n’est pas le cas au Mali, surtout dans la religion. Avec le clanisme, on assiste toujours à la critique de l’action d’un leader par un autre en faveur de l’homme politique qui a ses faveurs et lorsque le vent tourne, on tourne aussi car ce n’est plus une affaire de conviction, mais d’intérêts personnels.

 

Source: benbere

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