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Politique : Ensemble pour le Mali secoué par la crise à l’Adema

L’accord politique de gouvernance initié par le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a provoqué une redistribution inattendue des cartes dans le landerneau politique malien. Le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé de l’Urd, est bousculé sur ses positions par Modibo Sidibé tandis que du coté de la majorité présidentielle (EPM) on met en cause la sincérité du Rpm au moment même où une nouvelle crise point déjà à l’Adema.

“Un homme politique qui ne donne pas quelque signe de gâtisme, me fait peur” écrivait Emil Cioran dans ses syllogismes de l’amertume. Ce philosophe majeur roumain devenu apatride mais qui refusa de prendre la nationalité française malgré qu’il vécut la majeur partie de sa vie au pays de Voltaire, ne croyait pas si bien écrire. Dans Politik, l’invité, l’entretien politique d’Africable Télévision, Modibo Sidibé a du faire le 12 mai dernier quelques gâteux dans le microcosme politique et particulièrement au sein de l’opposition.

En appelant à un “dialogue national refondateur” (sic), il coupe l’herbe sous les pieds du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) ou plutôt de ce qu’il en reste puisque la nomination à des postes ministériels de Tiébilé Dramé et autres Oumar hamadoun Dicko au sein de l’équipe de Boubou Cissé a laissé voir une réalité crue : l’opposition est privée de ses critiques les plus médiatiques virulents ou consistants. Et Modibo Sidibé avec la densité de ses concepts a fait oublier le temps de l’émission, le très acerbe Tiébilé Dramé qui dénonçait les manquements avec des dossiers bien ficelés.

Modibo Sidibé monte dans l’opposition

Ce n’est pas tant qu’il manque de compétences au FSD qui animait l’opposition avec l’Urd en avant, mais le temps de se réorganiser après la nomination de deux grandes figures médiatiques a permis à Modibo Sidibé de frapper un grand coup avec cette sortie opportune. Et l’homme de dossier qu’il est particulièrement sur des sujets de son ressort professionnel, la sécurité particulièrement qui demeure l’épine au pied des maliens, il brillera de milles feux avec des propos concrets, clairs et concis surtout lorsqu’il parlait de la reconstruction de l’armée et de l’aide des forces internationales. “On peut prendre leur main pour nous relever mais pas pour nous faire marcher. La question fondamentale : quelle est notre propre capacité de reconstruction de notre propre système de sécurité ? Les opérations de soutien des forces internationales ne constituent qu’un accompagnement. Il faut avoir à un moment des alliances stratégiques et non les relations que nous avons présentement” professe le l’ancien ministre de la défense et des affaires étrangères.

Sur l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, dira ce que tous les Maliens en pensent : “Il y a un accord pour la paix avec qui on était pas d’accord, mais que le gouvernement a signé. Mettons les parties sécuritaires en application, mais la partie politique doit être discutée dans le cadre d’un dialogue national.” Allant dans le sens de l’opinion publique nationale, Modibo Sidibé propose de donner la parole aux Maliens” pour dire ce qu’ils et où ils veulent aller. “Le Mali a besoin d’un nouveau contrat social. Comment le faire sans passer par un dialogue refondateur ?” interroge t-il.

Cette sortie de Modibo Sidibé a déplacé le centre de gravité de l’opposition qui s’est transporté du FSD avec l’Urd en vedette à la personne de Modibo Sidibé, mais pas obligatoirement son parti Les forces alternatives pour le renouveau (FARE AN ka wuli) et encore moins la Coordination des forces patriotiques (COFOP). A donc Modibo Sidibé de continuer à creuser son sillon et surtout de corriger son image d’intellectuel froid et distant. En tout cas les médias l’aideront dans un premier temps à renouer avec le peuple en affirmant ce qu’il pense et en parlant leur langue. Il en est capable. L’étincelle est déjà allumé, il faut entretenir ce feu de passion naissant pour ravir la place d’opposant populaire à défaut de celle de leader de l’opposition.

Une nouvelle crise à l’Adema

Cette tectonique des plaques apparentes au sein de l’opposition, est latente dans le camp de la majorité présidentielle. La semaine écoulée nous a en tout cas donné l’occasion de sonder les couches souterraines pour comprendre que quelque chose est en train de se préparer avec les conciliabules entre certains anciens ministres d’IBK qui ronronnent contre “la manière pas très sincère dont se comporte Tréta” du Rpm si déjà les premières secousses telluriques venant de Boubacar Bah Bill ne provoquent un chamboulement au sein de l’Adema.

Le parti africain pour la solidarité et la justice, l’Adema Pasj, devra encore faire face à une nouvelle crise selon toute vraisemblance. Fortement secouée lors de la dernière présidentielle entre les tendances sur le soutien au candidat IBK menée par le Tiémoko Sangaré, président du parti et celle conduite par Dramane Dembélé optant pour la présentation d’un candidat interne, l’Adema devra aujourd’hui gérer les egos en son sein avec la promotion de nouvelles personnalités notamment la nomination de nouveaux ministres comme Boubacar bah et le départ de certains de l’équipe gouvernementale particulièrement Tiémoko Sangaré.

Ce sont effectivement ces deux cadres du cadre qui livrent à une guerre de plus en plus ouverte. Le PrésidentTiémoko Sangaré est accusé d’avoir vendu la parti à IBK pour juste ses propres intérêts personnels à savoir un strapontin ministériel qu’il vient de perdre à la faveur de la signature de l’accord politique de gouvernance. Lequel accord a fait de Boubacar Bah Bill le tout puissant nouveau ministre de l’Administration territoriale fort d’un cinquième rang de préséance autour de la table du Conseil des ministres. Pour Bill, “son fauteuil n’est pas le fruit de compromission ou de prostitution idéologique” ose un cadre de la Ruche qui était opposé à Tiémoko Sangaré dans la crise à la veille de la désignation des candidats à la présidentielle de 2018.

Peut-être. Mais il reste que l’Adema reste encore dans la majorité présidentielle EPM même si sa place de parti majeur a été mis en doute ces derniers temps par les coups de boutoir de L’Alliance solidaire malienne, convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP) de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga qui a vu venir grossir ses rangs plusieurs gros bonnets.

Le destin de l’Adema est un mélodrame depuis la fin du deuxième mandat d’Alpha Oumar Konaré, celui que les pères fondateurs du parti, à savoir entre autres feus Abdouramane Sangaré et Abdoulaye Barry, avaient désigné comme le porte drapeau du parti à l’occasion des premières élections démocratiques après la révolution de 1991 qui imposa le multipartisme au Mali.

L’adema Pasj s’est fourvoyé pour rester au pouvoir quitte à se vendre au candidat le mieux en vue des différentes élections présidentielles depuis. A chaque fois, le parti a connu une crise qui l’a pas laissé indemne. En 2002, c’est Ibrahim Boubacar Kéita qui s’en allait en créant le rassemblement des républicains (RPM). En 2007, c’est Soumaila Cissé qui plie bagages pour se retrouver avec d’autres camarades au sein de l’Union pour la république et la démocratie (URD). Suivra Soumeylou Boubèye Maiga qui formera l’Alliance solidaire malienne, convergence des forces patriotiques (ASMA-CFP). Des personnalités fortes qui étaient connue pour leur sympathie avec le premier parti du Mali démocratique ont aussi puisé dans les rangs des Abeilles pour consolider leur formation.

Le Rpm dénoncé au sein de la majorité

La crise naissante qui ressemble à tout point de vue un règlement de compte va être sanglant. “L’adversité, disons l’inimitié entre Bill et Tiémoko va déboucher sur une situation que personne ne pourra maîtriser. On va assister à des querelles picrocholines qui risquent de laisser cette fois-ci le parti sur le carreau car de jeunes cadres qui pensent aussi que c’est leur heure ne vont pas laisser la première voire la deuxième génération des cadres de la formation historique foutre la merde” analyse un militant de toujours qui pense que les Dramane Dembélé, Yaya Sangaré et autres aiguisent leurs couteaux “puisque c’est une lutte de survie, ce sera sans pitié” conclut-il.

Ainsi donc Ensemble pour le Mali (EPM), pensé pour agréger les forces qui ont soutenu le Président Ibarhim Boubacar Keita, semble vaciller en raison du départ de Soumeylou Boubèye Maiga poussé à la porte par le Rpm qui souffrait de le voir coopter par vagues ses membres mais aussi par l’affaiblissement de l’Adema Pasj incapable d’accorder ses violons pour intégrer la majorité présidentielle. Et la crise, disons la guerre entre Bill et Tiémoko Sangaré n’arrangera rien.

Mais la vague la plus redoutable reste celle qui se forme avec le rapprochement entre l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) de Tiéman Hubert Coulibaly et l’Alliance pour la République (APR) d’Oumar Ibrahim Touré. Ces deux anciens ministres d’IBK doutent de la sincérité du RPM au sein de la coalition Ensemble pour le Mali. Il nous revient que les deux hommes se rencontrent régulièrement ces derniers temps et partagent leurs points de vue sur plusieurs dossiers importants. Il faut s’attendre dans les semaines et les mois à venir à une grande fissure dans la façade EPM.

Les entourages des deux leaders politiques se font très discrets sur ce qui se prépare et qui ébranlera le Rpm si l’on en croit leurs prédictions. Toujours est-il que le rapprochement de ces deux anciens barons de la galaxie IBK dirigé ou pas contre Bocari Tréta, initié ou non par plus haut placé, marquera à coup sûr le paysage politique malien. C’est peut-être pour cela, que nos confrères d’Info-matin ont vite fait d’allumer un contre-feu en annonçant la naissance d’une nouvelle plateforme pour dénoncer la révision constitutionnelle. Mais la rédaction, qui parle de quatre anciens ministres d’IBK en y ajoutant Mountaga Tall du CNID-Faso Yiriwa Ton) et Choguel Kokalla Maiga du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), ne voit que comme objectif l’opposition à la révision constitutionnelle surtout q’un tweet sibyllin de Tiéman Hubert Coulibaly est venu semer la confusion dans la compréhension de sa position.

Oussouf DIAGOLA

Journaliste (France)


Agence NABARA

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