En cinq ans, 2.300 professeurs ont été accusés de triche lors de l’un des plus gros examens du Royaume-Uni.
Près de 2.300 professeurs se sont compromis entre 2012 et 2016 en trichant aux épreuves de l’OCR(Oxford, Cambridge and RSA Examinations), l’une des commissions d’examens les plus importantes et prestigieuses du Royaume-Uni.
Le Sunday Times qui a révélé ces chiffres avance que plus de la moitié a été accusée d’«assistance inappropriée» à des élèves lors d’épreuves écrites, dans le but d’améliorer leurs résultats à cet examen, qui bénéficie d’une reconnaissance internationale.
Revoir les modalités d’encadrement
À titre de comparaison, les candidats surpris en train de tricher étaient au nombre de 3.603 (soit à peine 22% de plus). Mais en matière de triche, il ne fait pas bon être de l’autre côté de la copie: environ 1.000 étudiants ont été disqualifiés des épreuves, et quatorze du diplôme même.
Côté professeurs, 581 ont reçu un avertissement, 113 ont dû suivre une formation et 83 ont été suspendus de leur fonction d’examinateur.
La révélation fait mauvais genre pour l’institution et le corps professoral. L’OCR a ainsi déclaré:
«Comme toutes les commissions d’examens, nous prenons très au sérieux chaque allégation de faute professionnelle et travaillons de concert avec les écoles pour résoudre ces problèmes vite et équitablement. Nous rapportons nos cas de fautes professionnelles chaque année à Ofqual.»
Ofqual, un département du gouvernement destiné à réglementer les examens anglais, avait annoncé en août dernier qu’il envisageait d’interdire aux professeurs en activité de prendre part aux examens, rappelle le Guardian.
Cette piste de réflexion avait été émise au lendemain d’un autre scandale de triche impliquant les établissement d’Eton et de Winchester.
Une des solutions envisagées et présentée par l’Ofqual en novembre dernier serait d’empêcher les professeurs impliqués dans le processus d’élaboration des sujets d’examens d’enseigner à des classes des sujets du même ordre.
L’argument néanmoins fait débat, dans la mesure où la triche n’est pas la norme et que les enseignements dispensés par des professeurs au fait des spécificités des examens sont souvent plus appropriés.
Punir ou guérir
«Tricher lors d’examens est l’équivalent de prendre des drogues lors d’épreuves d’athlétisme, et la punition [pour les enseignants] devrait être proportionnelle», estime Alan Smithers, le directeur du Centre pour l’éducation et la recherche d’emploi de l’université de Buckingham.
Mais au-delà d’une approche strictement punitive du problème, d’autres, comme Julian Astle, le directeur de l’apprentissage créatif et du développement à la Royal Society of Arts (RSA), y voient les symptômes d’un système qui pousse à la course aux résultats d’excellence:
«Notre système scolaire, axé sur les tests, les cibles, les classements et les inspections, est plein de conséquences accidentelles et de motivations perverses. C’est devenu un tel jeu que cela force les professeurs et les chefs d’établissements à choisir entre aider les élèves et s’aider eux-mêmes.»
Slate.fr