Ils espèrent sur l’aide des autorités pour fournir quotidiennement la capitale de poissons frais, toute chose qui leur permettra de vivre décemment de leur activité La pisciculture en cage flottante implique l’élevage des poissons dans une enceinte, à travers laquelle est maintenue une libre circulation d’eau.
Les principaux avantages de ce système résident dans l’adaptabilité de la structure et l’utilisation directe de l’eau du milieu naturel. La participation du ministre de la Promotion de la Femme, de l’enfant et de la famille, en novembre 2017, à la récolte des tilapias élevés dans les cages flottantes par une association de femmes de Dougoulakoro, est un message fort pour attirer les pisciculteurs vers cette forme d’élevage des poissons. Notre équipe de reportage a rencontré des pêcheurs qui pratiquent cette activité au Bozobougouni de Missabougou, sur les berges du fleuve Djoliba.
Dans sa concession située à quelques pas du fleuve, Sidi Traoré nous a accueillis. Très jovial, ce quadragénaire exerce la pisciculture en cage flottante depuis trois ans. Une activité qu’il a connue grâce à des coopérants américains. «Ils nous ont donnés des alevins et de l’aliment poisson. La première récolte a été un succès. Cependant, en rentrant dans leur pays, ils nous ont promis de revenir pour nous appuyer davantage», a dit M. Traoré, avant d’ajouter que lui et ses collègues les attendent avec impatience. Grâce à cette réussite, ce groupe de pisciculteurs bénéficiera au mois de novembre d’un autre projet de réalisation de dix cages flottantes. A en croire Sidi Traoré, toutes sortes de poissons peuvent être élevés dans ce réservoir. A six mois d’élevage, certains poissons peuvent atteindre 1 kg et demi, a précisé notre homme. Pour réussir ce type d’élevage, il faut régulièrement contrôler la cage. Selon Sidi, il y a d’autres poissons dans le fleuve qui détruisent les filets au-dessous. «Le gouvernement nous a offert une cage flottante que nous avons entretenue jusqu’à la moisson », s’est-il réjoui, avant de dénoncer le favoritisme de certains responsables.
«Quand ils apportent des cages flottantes, ils les offrent aux personnes qui leur sont familières», a regretté notre interlocuteur. Pour lui, cette forme de pisciculture permettra de faire face efficacement à la pénurie de poissons capturés dans le fleuve, si le gouvernement s’y investit davantage. En outre, les ressources halieutiques auront le temps de se multiplier si les pêcheurs se concentraient sur la pisciculture. L’achat du poisson ne sera pas un luxe pour les Maliens, a affirmé Sidi, invitant les jeunes à se lancer dans ce genre d’activités afin que les autorités leur apportent leur soutien.
Mory Kéita fait partie des pêcheurs dont les concessions ont été détruites par les cours d’eau cette année. Le jeune homme de 26 ans vit aujourd’hui dans une hutte faite de paille. Il possède des cages flottantes au milieu du fleuve. Il nous explique ses différentes expériences :«Ma première cage a été confectionnée avec des bidons de 20 litres. Sa surface avoisinait 3 mètres carrés. Après, j’ai fait une autre avec un plastique très dur qui ressemble à la chambre à air, dont la dimension était de trois mètres sur deux avec une profondeur d’un mètre cinquante. Trois ans plus tard, j’ai obtenu le soutien de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) qui m’a permis de fabriquer un bassin métallique flottant d’une surface de six mètres carrés». Pour réaliser ce dernier rêve, le jeune homme qui est non moins livreur de pains, a puisé dans ses propres fonds pour achever la construction de sa cage et acheter des alevins.
Mory Kéita, aussi bien qu’un grand nombre de pêcheurs pisciculteurs, pêche des poissons au filet pour les mettre dans leurs cages. Concernant la différence entre ceux-ci et les alevins qu’ils achètent, le jeune Kéita soutient que les derniers grandissent plus vite. Comme dans la plupart des cages flottantes, il a installé un panneau solaire pour que les insectes attirés par la lumière servent de nourriture pour ses poissons quand ils tombent.
Très ingénieux, notre jeune pisciculteur concocte d’autres astuces plus utiles qu’il compte mettre en œuvre pour améliorer son système de pisciculture. A propos de cela, M. Kéita nous a confié qu’il a l’intention de faire, avec ses moyens de bord, un poulailler au-dessus de sa cage flottante.
Fort convaincu de la productivité de la pisciculture, qui requiert un grand investissement, notre jeune entrepreneur s’en sort bien. Il a pu s’acheter une moto. Pour lui, ce business ne sera plus avantageux que lorsqu’il arrivera à construire d’autres cages. «Je pourrais alors vendre mes poissons chaque mois et gagner de l’argent mensuellement comme un fonctionnaire», souhaite-t-il.
Mohamed D. DIAWARA
L’Essor