Des travailleurs de la Pharmacie populaire du Mali (Ppm) activés par une poignée de leurs syndicalistes véreux ont attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale pendant quelques jours, à travers une campagne contre leur directeur général dont ils réclament le départ. En réalité, il s’agit d’une surenchère savamment orchestrée pour pousser les autorités du pays à se débarrasser de l’actuel patron de la Ppm, Docteur Moussa Sanogo, dont les réformes entreprises, pourtant saluées par le Conseil d’administration et le ministère de la Santé qui est la tutelle, dérangent des dinosaures du personnel qui voient leurs situations de rente fondre comme beurre au soleil. En plus, la plupart des travailleurs qui se sont fait remarquer dans cette agitation trainent des casseroles dont le bruit assourdissant retentit depuis le Pôle économique et financier du Tribunal de la commune III de Bamako qui connaît de leur affaire.
Le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser” disait Charles F. Kettering. Cet enseignement, les travailleurs de la Pharmacie populaire du Mali (Ppm) devraient se l’approprier pour mieux comprendre que les réformes entreprises par l’actuel président-directeur général, Dr Moussa Sanogo, sont en train de faire la Pharmacie populaire du Mali l’un des repères importants du bilan du président IBK dans le secteur de la santé publique car cette structure, jadis moribonde, maintenue dans un quasi anonymat pour ne servir que l’intérêt d’une poignée de personnes, est devenue une fierté nationale tant par ses résultats techniques que financiers.
Mais comme disait le président français, Jacques Chirac : “Le changement est d’abord un état d’esprit. “ car il faut savoir l’accepter et vaincre les résistances, parfois naturelles, qui se manifestent devant une situation de changement bouleversant les habitudes. C’est encore plus accentué, lorsque des cadres de l’entreprise, comme à la Ppm qui est un Etablissement public à caractère industriel et commercial, assumant à la fois des charges de responsables de gestion et de responsables syndicaux, prenaient en otage le président-directeur général pour dicter ainsi leurs lois, contraires à l’orthodoxie financière et à l’éthique de gestion.
En effet, dès sa prise de fonction, Dr Moussa Sanogo, Docteur en Pharmacie, diplômé de gestion hospitalière au Cesag de Dakar, avant de décocher un Ph. D. aux Usa, a trouvé une situation indescriptible : stock de produits pharmaceutiques périmés ayant coûté une fortune alors que pour des produits importants attendus par les structures hospitalières il y avait souvent des ruptures de stocks ; introduction dans les stocks de la Ppm de médicaments de la rue achetés chez des vendeurs non agréés ; des arriérés de paiement de fournisseurs qui s’amoncelaient; des médicaments censés être livrés au ministère de la Santé, donc déclarés sortis, se retrouvant encore dans les stocks des magasins. Sans compter la gestion financière qui ne présentait aucune visibilité car sans plan d’approvisionnement ni programme de règlement des fournisseurs encore moins de rigueur dans la gestion de la trésorerie où des manquements ont été relevés dont des détournements de sommes importantes.
L’audit de la gestion du Fonds social commandité par le Pdg
Quant à la gestion du Fonds social, ce fut une véritable tontine pour quelques privilégiés. Un audit de ces fonds a été réalisé et les constats ne sont ni plus ni moins qu’un énorme scandale financier sur lequel d’ailleurs nous reviendrons certainement car l’audit de ce fonds social est un des facteurs déclencheurs du mouvement d’humeur. Une sorte de fuite en avant.
“Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés ou il n’en faut pas du tout”, selon William Shakespeare (Œuvres complètes, édition 1821). C’est le premier terme de cette alternative que les desperados de la Ppm ont choisi pour tenter de noyer le poisson dans l’eau. La formule est très simple : puisque non seulement il a été mis fin à leurs situations de rentes illégales et ils défilent depuis un certain temps devant le Pôle économique et financier pour répondre de malversations financières, mieux vaut jouer le va-tout en essayant de spolier la moralité du président-directeur général et réclamer sa tête avec beaucoup de bruit. Avec la complicité de la situation actuelle du pays, certainement que les pouvoirs publics, qui n’entendent pas entendre du bruit, où que cela soit, finiront par céder et faire partir le Docteur Sanogo qui déteint encore des dossiers sur les actes de gestion de certains cadres et l’on sait qu’ils finiront par être transmis au Pôle économique et financier du Tribunal de la commune III, si la tentative de règlement à l’amiable qu’il a entamée ne réussissait pas.
D’ailleurs, il se susurre déjà parmi le personnel qu’au niveau du ministère de la Santé on reste très sensible à leurs revendications, notamment pour surseoir aux mesures relevant le chef du département financier et comptable, le caissier et le chef du Département approvisionnement de leurs fonctions. C’est inouï car le ministre de la Santé ne saurait et ne pourrait exiger du président-directeur général de la Pharmacie populaire du Mali de continuer à responsabiliser (jusqu’à signer des chèques ou manipuler des fonds et des documents précieux de gestion) des personnes impliquées dans des actes de gestion répréhensibles. Ce serait contraire à la morale administrative et en même temps, ce serait la porte ouverte au saccage des biens de l’Etat confiés à la Ppm.
Mise en œuvre du Plan stratégique avec succès
“La résistance au changement n’est que le refus de la croissance” comme le disait si bien Alexander Ruperti. En effet, l’on ne peut comprendre que le départ du président-directeur général de la Ppm soit demandé par les travailleurs pour satisfaire les caprices de deux tondus et trois pelés, pendant que le Dr Sanogo est en train de mettre en œuvre, avec succès, le Plan Stratégique 2015-2019 qui voit que le financement du projet de construction d’entrepôts modernes à Bamako, Mopti, Kayes, Koulikoro est entièrement bouclé. Ce projet est financé en partie sur ressources propres, avec l’appui de l’Usaid et de la Coopération Néerlandaise. Il y a un effort financier sans précédent à la Ppm car le niveau des investissements est de l’ordre de quatre milliards de Fcfa.
En plus, la Ppm s’est inscrite résolument dans une dynamique de modernisation de ses outils de gestion pour un meilleur accomplissement de sa mission de service public. C’est ainsi que la quantification des besoins effectuée en 2016 a permis de faire des achats groupés (plusieurs appels d’offres nationaux et internationaux ouverts) et de créer donc une adéquation entre l’offre et la demande. C’est aussi une alternative à la problématique des produits périmés et à la réduction des ruptures de stock. La preuve, en 2016, le stock a couvert 243 jours soit 8 mois et 3 jours de consommation.
Par ailleurs, une étude de faisabilité commerciale et financière a été menée avec des résultats probants en vue d’un partenariat exclusif autour de l’alcool avec les entreprises Sukala et N-Sukala et d’une éventuelle extension de la représentativité de la Ppm, notamment à Bamako et dans certains cercles. Sans compter qu’un projet de partenariat institutionnel (Public-Public) avec l’Inrsp permet de soutenir la production des médicaments traditionnels améliorés, notamment le Sirop Balembo et assurer leur distribution dans le circuit officiel de la Ppm.
Comme autres projets d’investissements pour la modernisation de la Ppm et l’accroissement de son efficacité, nous pouvons citer, pêle-mêle : les travaux d’aménagement du magasin du district, des magasins régionaux, la finalisation des travaux du département galénique, l’achat d’autres nouveaux véhicules utilitaires, l’amélioration des outils de gestion et le matériel de manutention et de distribution, la réalisation des entrepôts modernes de Bamako (fondation déjà réalisée), des régions de Kayes, Koulikoro et Mopti, etc.
Augmentation constante du chiffre d’affaires
Les résultats soumis au Conseil d’Administration de la Pharmacie populaire du Mali, lors de sa 83ème session, tenue le 27 Juillet 2017, ont confirmé la tendance à l’augmentation constante du chiffre d’affaires sur les deux derniers exercices, notamment 12,118 milliards Fcfa en 2015 et 11,346 milliards Fcfa en 2016.
Le résultat net réalisé en 2016 est de l’ordre de 490 millions de Fcfa, en dépit du programme d’investissements qui a d’ailleurs prévu 4,495 milliards de francs Cfa, un niveau jamais atteint à la Ppm.
Il convient de rappeler que les performances de la Ppm, qui est un service public, se mesurent non seulement en termes financiers, mais beaucoup plus en termes techniques. Il s’agit plus précisément, dans le cadre de la mission de service public, du taux de disponibilité des médicaments du panier de 21 produits imposés par l’Etat et constituant ceux les plus demandés dans les structures sanitaires.
Ce taux était de 95,85 % sur toute la pyramide sanitaire en 2016, année au cours de laquelle la Ppm a effectivement distribué 26 253 kits de césarienne dans l’ensemble des structures sanitaires publiques habilitées; livré aux hôpitaux et aux centres de santé de référence des intrants de lutte contre le paludisme conformément au plan de répartition du programme national de lutte contre le paludisme ; approvisionné régulièrement en Arv et produits connexes les 85 sites de prise en charge des personnes vivant avec le Vih, conformément à l’accord de partenariat Ppm/Pnud.
A ces actions, il convient d’ajouter pour le compte du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique : l’acquisition des médicaments de lutte contre la tuberculose et le cancer qui sont gratuits ; l’achat des vaccins contre le choléra, la grippe, la méningite et le vaccin antirabique pour un coût total 954 709 950 Fcfa ainsi que le vaccin contre la fièvre jaune pour un coût total de 707 696 400 de Fcfa.
Taux de disponibilité des médicaments du panier de l’ordre de 97,06%
En 2017, le taux de disponibilité des médicaments du panier était de l’ordre de 97,06 % avec 238 jours de couverture des besoins en médicaments sur toute la pyramide sanitaire, y compris les régions du Nord.
En plus de cela, durant l’année écoulée, 2017, la Ppm a procédé à la distribution effective de 31.453 kits de césarienne simples et 14.305 compléments de kits dans l’ensemble des structures sanitaires publiques habilitées; la livraison aux hôpitaux et aux centres de santé de référence des intrants de lutte contre le paludisme, conformément au plan de répartition du programme national de lutte contre le paludisme ; les 85 sites de prise en charge des personnes vivant avec le Vih ont été régulièrement approvisionnés en Arv et produits connexes.
A ces actions, il convient d’ajouter pour le compte du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique : la livraison des médicaments au titre des épidémies et des catastrophes pour un montant de 757.749.660 Fcfa ; l’acquisition des médicaments de lutte contre la tuberculose et le cancer qui sont gratuits pour 307.715.620 Fcfa ; l’achat des vaccins contre le choléra, la grippe, la méningite et le vaccin antirabique pour un coût total de 208.325.250 Fcfa.
Au cours des trois derniers exercices, la Ppm a réalisé 32 milliards de chiffre d’affaire contre une prévision de 30 milliards soit un dépassement de 10% par rapport aux prévisions. Un résultat net prévisionnel de 438 millions Fcfa est attendu en 2018. Les prix de cession des produits de la Ppm sont régulés par l’Etat à travers un coefficient multiplicateur.
Inauguration ce vendredi du nouveau Département de fabrication de produits galiéniques
Pour terminer, notons que le projet de réhabilitation du département de fabrication de médicaments galiéniques a été réalisé. Raison pour laquelle l’inauguration est prévue ce vendredi, 16 mars 2018, en présence des partenaires techniques et financiers qui continuent de faire confiance à la Ppm, comme le prouvent ces véhicules flambant neufs qui viennent de lui être livrés au titre de la contribution du Fonds mondial.
Amadou Bamba NIANG
Source: aujourdui mali