Les élections présidentielles auront lieu au Mali en 2018. Le président « IBK » qui sera, certainement candidat pour sa propre succession, réussira-t-il à se faire réélire ?
2018 sera une année des grandes élections au Mali. A moins de deux ans de cette échéance électorale, les stratégies se peaufinent. L’enjeu de cette élection, c’est la réélection du président sortant. Elu en 2013 avec un score de plus de 77% des voix, le président « IBK » aura à cœur de convaincre les électeurs de voter pour lui en 2018, pour un second et dernier mandat.
Un bilan diversement apprécié
Elu président de la République, en 2013 dans un contexte que tout le monde sait difficile à cause du problème avec les rebelles au nord du pays et du coup d’Etat de 2012, « IBK » aura bénéficié d’un court sursis. Aujourd’hui, ils sont nombreux à dire que leurs attentes n’ont pas été comblées. Et ces attentes se résument à la résolution du problème du nord, notamment la « libération de Kidal », des mains des groupes rebelles depuis l’intervention des forces françaises en 2013, la fin du terrorisme, une gestion plus rigoureuse des affaires publiques, une baisse du coût de la vie, etc.
Beaucoup de personnes interrogées, avouent avoir voté « IBK » parce qu’ils étaient convaincus qu’il était l’homme de la situation actuelle, qu’il allait gérer le problème du nord, redresser le pays. Sont-ils prêts à lui renouveler leur confiance ? Pour certains, « oui », car, disent-ils, l’homme fait ce qu’il peut, mais, le problème du Mali, disent-ils, est plus profond et plus complexe que beaucoup ne l’imaginent. « Il faut accorder au président IBK un second mandat pour lui permettre de parachever l’œuvre qu’il a commencé ».
Chez d’autres personnes, la déception est totale. « IBK nous a déçus. On croyait qu’il allait remettre l’armée sur les rails et mettre fin au conflit. Au lieu de ça, il laisse sa famille gérer les affaires du pays comme elle veut. »
L’opposition politique dépeint le bilan du président « IBK » en noir. Pour elle, le Mali, en trois ans, n’aura pas avancé, mais reculé et en attribue la responsabilité au président « IBK » qu’elle estime incapable de diriger le Mali.
Sa stratégie de tout voir en noir semble payer car, elle arrive à emballer l’opinion. Il faut dire que sur le terrain de la communication, l’opposition semble damer le pion à la majorité présidentielle.
Quel appareil politique pour IBK ?
Le président « IBK », lui-même aime à le dire qu’il n’a pas été élu grâce à son parti, le RPM. Et, il a, en partie, raison. Le RPM, avant les élections de 2013, était un parti moribond, ses cadres durement éprouvés par la « vie d’opposant ». C’est la majorité des Maliens, tout bord confondu, qui avait placé sa confiance à « IBK » pour conduire le Mali actuel vers sa destinée. Il n’est pas certain que l’homme puisse bénéficier de cette ferveur à son endroit en 2018.
La question est de savoir si en trois ans, le RPM s’est restructuré au point de redevenir une machine électorale, capable de porter haut, à lui seul, son candidat en 2018.
La stratégie du « Boss »
Vraisemblablement pour IBK, le RPM n’est pas capable, à lui seul, de lui assurer un second mandat. D’où sa stratégie, depuis le début, de composer avec les autres. Les électeurs d’IBK peuvent être déçus. Mais, IBK n’a d’autre choix que de traiter avec des partis comme l’ADEMA PASJ, véritable machine électorale (ce parti a toujours figuré dans l’équipe gouvernementale), l’ASMA de Soumey
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lou B. Maïga, pas à cause du poids de ce parti, mais plutôt et surtout à cause de la capacité de « nuisance politique » de son mentor. Mieux vaut avoir une telle personnalité comme « allié » plutôt comme adversaire.
Par ailleurs, le président « IBK » n’a pas voulu laisser de côté ses « anciens opposants » devenus ses « alliés » par concours de circonstances. Il s’agit du parti de Me Mountaga Tall, le CNID, celui de Choguel K Maïga, le MPR. Même si ces partis sont devenus l’ombre d’eux-mêmes, n’empêche qu’ils demeurent des « alliés » de plus en matière électorale.
Les électeurs qui pensaient que le président « IBK » allait faire table rase du passé en éloignant de l’équipe gouvernementale ces « dinosaures politiques» et incarner le vrai changement, devront patienter. Le « vieux » est pris en otage par cette vieille classe politique dont il est lui-même l’émanation. Il faudra, peut-être attendre un second mandat pour que le « vieux » se libère totalement et sonner le « changement ».
Tièmoko Traoré
Source : Le Pouce