L’auteur commence par relater son enfance à Lille dans le nord de la France, dans une famille relativement nombreuse et ultra chrétienne, les principaux événements ayant marqué sa jeunesse, notamment les 2 guerres mondiales, avant de s’attaquer à la naissance en lui de la vocation comprise au sens chrétien du terme. Cette vocation n’empêche cependant pas une éducation scolaire préalable à l’époque qui lui permet de passer par les différentes étapes de ce système dans l’entre-deux guerres.
Il obtint, malgré de nombreux écueils, son bac, une licence en philosophie en plus de plusieurs diplômes en théologie pour laquelle il semblait être né.
Son père, Pierre Bailleul, menuisier et sa mère Fernande, bonne chrétienne de formation infirmière, mais qui dut se consacrer à la couture selon les vœux de son mari s’entendaient bien sur les principaux aspects de la vie sociale. La fratrie des 7 enfants est bien gardée dans la mémoire de ce missionnaire comparable à un mémorialiste improvisé.
Les traces de l’occupation allemande de la région rhénane sont bien visibles dans ce texte avec les sentiments d’horreur bien compréhensibles pour qui connaît un peu l’histoire de cette région.
Père Bailleul, en tant que missionnaire, a accompli au Mali une œuvre mémorable de linguiste, de sociologue et d’analyste des traditions orales et des coutumes des Bambaras du Bèlèdougou au sein desquels il a vécu plus d’un quart de siècle. Ses souvenirs sont accompagnés par des anecdotes qui en révèlent le bien fondé.
De l’Alsace à Faladiè au sud du Bèlèdougou en passant par Dakar, de Nairobi à Bobo Dioulasso où sa vocation l’envoya en mission, il s’intéressa à tous : botanique, agriculture, horticulture et médecine traditionnelle. Sa passion pour l’étude de la langue bambara affleure dans l’œuvre dès le début du récit tout en faisant référence à d’augustes devanciers comme Maurice Delafosse, Maurice Houis et d’autres administrateurs coloniaux qui s’intéressent à cette question.
Immergé dans la culture bambara avec toutes les contraintes liées à cette reconversion, au point de se faire appeler Bablen par les populations, il ne cessa jamais de poursuivre ses études sur la langue bambara sur laquelle il fit apparaître plusieurs ouvrages.
Les épisodes de secours aux malades et aux femmes enceintes ne manquent pas dans ce texte même si d’aucuns peuvent penser que ce genre de sacrifice fait partie de l’œuvre missionnaire.
Après plus de 40 ans de vie missionnaire en Afrique tropicale, Charles Bailleul, fort de ses contes et proverbes bambara, s’en alla se reposer dans une maison de retraite de la banlieue parisienne.
Le carnet de voyage de Marie Paule (2 séjours au Mali), nièce de l’auteur, résume toutes les impressions d’une européenne sur le Mali des villes et des campagnes de cette époque.
A lire cette autobiographie, l’impression se dégage aussi que Charles Bailleul fut plus un ingénieur agronome, un médecin traditionnel ou un horticulteur qu’un pasteur du Christ.
Facoh Donki Diarra
écrivain
Source: Mali Tribune