Les élections législatives ont connu leurs épilogues depuis le 30 avril à la suite de la proclamation définitive des résultats par la Cour constitutionnelle. Et sur les 144 noms égrenés par la présidente Danioko, Mamadou Diarrassouba se positionne comme le prétendant de raison.
Le parti au pouvoir, RPM, se taille la part belle avec le plus grand nombre de sièges parlementaires, 51 contre 70 en 2013 au sortir des législatives, soit 19 de moins. Il demeure toutefois la première force politique à l’hémicycle, suivi de l’Adema et de l’URD, avec lesquels, il était en tandem à trois dans nombre de circonscriptions à travers le pays. La bataille des urnes ainsi terminée, s’ouvre un autre combat : celui de la présidence de l’Assemblée nationale autrement appelé le perchoir.
Dans cette perspective, le président IBK a besoin d’une majorité stable, formée à partir d’un groupe compact de 74 députés. Ce bloc doit se constituer autour du RPM, pas parce qu’il est le parti présidentiel, mais parce qu’il détient le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée. Le principe démocratique commande que la présidence de l’Assemblée lui soit confiée. Pour rappel, en 2007, IBK a été contraint d’abandonner son fauteuil de président au profit de l’Adema de Dioncounda Traoré, après que le RPM a perdu sa majorité de 2002. Reste cependant à résoudre l’équation suivant : à qui confier ce poste stratégique ?
Sur le coup, plusieurs prétendants sont annoncés aussi bien au sein du RPM que d’autres formations politiques notamment l’Adema-Pasj. Il s’agit du président sortant, Issiaka Sidibé, du secrétaire général du RPM, Baber Gano et du premier questeur sortant et secrétaire à l’organisation du RPM, Mamadou Diarrassouba.
Annoncé comme favori, Mamadou Diarrassouba, principal acteur de la belle moisson du RPM, ne s’est pas prononcé publiquement sur ses intentions de briguer le perchoir de l’Assemblée nationale. Mais, par-delà la pression des sollicitations en dehors comme au-dedans de sa famille politique, il est évident aussi qu’il n’a pas pris autant de risque électoral pour venir applaudir dans les couloirs de l’hémicycle et faire de la figuration dans le décor. Locomotive de l’unique liste propre gagnante de sa famille politique avec 5 sièges, Diarrassouba ne rencontrera probablement que peu d’obstacles au sein de sa famille politique. C’est ce qu’a expliqué un cacique du parti au pouvoir resté dans l’anonymat. Interrogé par nos soins sur le choix de son parti pour occuper le perchoir, il répond : « Aujourd’hui, au sein de la famille RPM, Diarrassouba jouit d’une légitimité hors du commun. On lui doit 5 sièges au parlement. Mamadou Diarrassouba est un rassembleur. Je crois qu’il n’y a pas meilleur candidat que lui. Il a le soutien du parti».
Malgré le retrait de Karim Keita, président sortant de la commission de défense, également annoncé comme l’un des candidats sérieux a écarté les équivoques en laissant entendre qu’il ne sera pas candidat au perchoir, compétition reste rude. Et Diarrassouba devra se débarrasser de la concurrence de deux d’autres prétendants, notamment Issaka Sidibé et Me Baber Gano.
Annoncé non-partant pour le perchoir, le président sortant Issaka Sidibé serait revenu à la charge. Il aurait, de source bien introduite, entamé les grandes manœuvres pour aligner le plus d’élus à sa cause. Sauf que l’élu de Koulikoro aura à défendre un bilan, celui de son passage à la tête de l’hémicycle qui n’est pas aussi rose qu’on le croit, tel qu’en attestent plusieurs tentatives de le destituer à coups de pétitions.
Quant au secrétaire général du BPN-RPM, Baber Gano, fraîchement élu dans la circonscription électorale de Djéné, il aurait été clair sur ses intentions. Quel que soit le séisme que cela provoquera, en déclarant sa candidature lors d’une récente réunion du BPN-RPM, il a tout ce qu’il faut pour être à la hauteur de ses prétentions, sauf une légitimité solide. Comme le président de la 5e législature, Issaka Sidibé, il a été porté par un candidat de l’opposition, son bourreau éternel.
Quelle que soit l’issue de cette bataille à trois têtes, pour le moment, Mamadou Diarrassouba reste le choix de la raison. Et pour cause, au-delà de son expérience parlementaire (3e mandat), il incarne le respect au sein de la classe politique malienne.
Amidou KEITA
Source: Le Témoin