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Passage de Soumaïla Cissé à l’UEMOA : Comment les forages fictifs ont été concoctés ?

Mis en veilleuse, pendant un certain temps, le dossier sur la mauvaise gestion des fonds destinés à la réalisation de forages dans l’espace UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest Africain) est désormais remis au goût du jour. Le dossier épingle Soumaïla cissé, président de la Commission de l’UEMOA, à l’époque des faits. Mais aussi, ses complices.

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Décidemment, il y a des  zones d’ombre dans la gestion de Soumi, à la tête de l’UEMOA. Relégué aux oubliettes, ce dossier risque de sonner le glas de l’élection de Soumaïla Cissé à la magistrature suprême du pays. Avant d’envoyer ses complices en prison.

À chaque scandale, le même scénario : d’un côté, des voleurs de la République en rogne, soupçonnant les dossiers d’être victime de « traficotage » des données. Et de l’autre, des cadres et des hommes politiques qui s’en défendent. Sans convaincre.

Mais le dossier lié à la saignée financière à l’UEMOA pendant la réalisation des forages,  risque de tourner au cauchemar pour l’ancien Président de l’espace économique et monétaire, Soumaïla Cissé.  Celui-là même qui se trouve aujourd’hui être le Chef de file de l’opposition malienne.

Entre magouilles et embrouilles

Le Chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, doit répondre de la sulfureuse affaire des forages de l’UEMOA sur financement de l’AFD (Agence Française de Développement) à hauteur de 6 milliards FCFA pour laquelle il s’en défend sans convaincre.

En effet, Soumi et les problèmes de forages est une longue histoire qui tourne, aujourd’hui, au cauchemar. Mais c’est sans rappeler le dossier Mali Aqua Viva, une structure que l’État du Mali, par le truchement du tout puissant ministre des Finances et du Commerce de l’époque, Soumaïla Cissé, avait cédé à un GIE en 1996, contre la réalisation d’un programme d’hydraulique villageoise qui n’a jamais vu le jour. Et c’est le gestionnaire de ce GIE  que Soumi  a fait venir à ses côtés  à  l’UEMOA, pour piloter le programme d’hydraulique villageoise où les manquements dans l’exécution sont actuellement au devant de la scène.

Après avoir été chassé à la tête d’un GIE, un certain Djimé Soumaré, ex-conseiller du Ministère de l’Énergie et des Mines, est parvenu à hériter des biens mobiliers et immobiliers de l’ex-projet Mali Aqua Viva, légué à l’État malien par le Père Verspieren, rentré puis décédé en France. Premier indice troublant, le nouveau GIE s’appelle aussi Mali Aqua Viva Travaux, pour prendre le relais du projet du même nom, en y embarquant les travailleurs pour faire bonne figure. Une situation qui n’est pas loin de la préméditation.

Et toujours est-il que, c’est le ministre Soumaïla Cissé qui a signé, au nom de l’État malien, l’acte notarié dressé par l’Étude de Me Tidiane Dème et qui consacre cette opération de cession qui se résume donc à la transformation d’un projet en un GIE.

Comme biens cédés par l’État malien à ce GIE, il y avait : un immeuble à Faladié Séma, constituant le logement « îlot T, H 60» ; un ensemble de bâtiments édifiés sur une parcelle de terrain de plus de 5 ha à San ; un ensemble d’outillages de matériel et d’équipement : des sondeuses, des compresseurs, des Toyota 4×4, des camions d’accompagnement  et des outils de forage (marteaux de fond de trou, tailleur de tige, pièces de rechange, tuyaux pvc).

Le prix de cession, selon la valeur d’expertise bidon, était fixé à plus de 400 millions et plus précisément à 406 449 868 FCFA. Mais une partie devait être réglée en nature, c’est-à-dire que le GIE devait réaliser des forages pour l’État malien, en compensation d’une partie du prix de la cession.

En effet, selon l’acte notarié : «Le cessionnaire s’engage à la réalisation dans le délai de seize mois à compter du 1er avril 1996 pour finir le 31 juillet 1997 de 106 forages dont au moins 75 productifs pour le compte de l’État malien dont le coût est estimé à 367 861 862 FCFA». La deuxième tranche soit 38 588 006 FCFA devrait être payée en règlement des ouvriers ayant porté plainte contre la société éponyme. La 3ème tranche soit 12 588 600 FCFA payable à la fin de l’année 1996.

Cependant, en guise de couverture, l’acte notarié avait prévu des clauses, disons des contraintes, pour la jouissance et la propriété. Pour cette raison, le titre III de l’acte notarié précise que la propriété ne sera définitive «qu’après parfaite exécution des charges et conditions définies ci-après ». Et c’est le titre IV qui a défini clairement ces charges et conditions et en son point 5, il est précisé que l’acquéreur s’engage à «ne pas aliéner tout ou partie des biens cédés jusqu’à parfaite exécution des conditions et modalités de paiement».

La suite, est connue : le GIE Mali Aqua Viva Travaux n’a réalisé que 20 forages en lieu et place des 75, comme convenu dans l’acte de cession. Pour la petite histoire, sur la base de cet accord, il était promis des forages aux habitants de Douentza, fief politique du président de l’Assemblée Nationale d’alors, le Professeur Ali Nouhoum Diallo, lequel a été obligé de payer des pompes aux villageois pour tenir promesses. Les villageois qui s’attendaient plutôt à des forages, ont certes reçu ces pompes acquis à 350 000 FCFA pièce, pour les revendre à 150 000 FCFA chacun.

C’était l’occasion, pour le Ministre Soumaïla Cissé, de mettre en branle la Clause résolutoire prévue dans l’acte notarié en titre VIII : «Au cas où le Cessionnaire sera défaillant de son obligation de respecter le nombre et le calendrier de réalisation des forages, le Cédant aura la faculté, un mois après la mise en demeure par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou après exploit d’huissier resté infructueux, de se prévaloir d’office et sans formalités de la résolution de la présente». En d’autres termes, l’État, par le truchement du ministre des Finances et du Commerce (Soumaïla) qui avait initié l’opération de cession, devait ouvrir une procédure pour réagir face aux manquements.

Mais curieusement, il n’y eut aucune réaction et Djimé Soumaré a  aliéné les biens du GIE, sans coup férir, bradant tout ce qui pouvait l’être. Par nos investigations, nous découvrons que le terrain de 5 ha de San a été vendu à un certain Bourama Démé.

Scandale fumant 

Si l’histoire s’arrêtait-là, il n’y aurait certes pas de raison d’y revenir aujourd’hui. Mais c’est ce même Djimé Soumaré qui présidait ce GIE Mali Viva, que Soumaïla Cissé a fait venir à ses côtés à l’UEAMOA pour qu’il s’occupe de ce qu’il sait très bien faire aux yeux de Soumi : l’hydraulique villageoise.

Apparemment donc, pour l’ancien ministre malien devenu président de la Commission de l’UEMOA, le dossier Mali Aqua Viva ne représente rien de grave ou peut-être l’a-t-il inspiré à bien des égards pour jeter son dévolu sur Djimé qui est donc l’homme qu’il faut à la place taillée par Soumaïla dans son dispositif de gestion scandaleuse des projets d’hydraulique villageoise à l’UEMOA. De là à dire que c’est Soumaïla Cissé, le Cédant dans cette affaire,  qui était le véritable patron de Mali Aqua Viva.

Très tôt, le tandem Soumi-Djimé s’est heurté au commissaire togolais, Ismaël Fare, chef du Département en charge de cette question à l’UEMOA. Ce dernier se dressait en véritable rempart contre les agissements du duo malien. Excédé par la présence de cet empêcheur en rond de se salir dans la boue des puits et forages, Soumaïla trouve la bonne astuce pour s’en débarrasser : faire comprendre au chef d’État togolais, Faure Gnassingé, que si son pays ne bénéficiait pas des projets initiés par l’UEMOA, notamment en matière d’hydraulique villageoise, la faute en incombait à son ressortissant de commissaire qui bloquait toutes les initiatives dans ce sens, afin que Faure n’en tire pas de dividendes politiques. C’était suffisant pour amener le président Faure Gnassignbé à ne pas renouveler le mandat d’Ismaël Fare qu’il remplaça par son cousin Essové Barcola. Lequel, certainement arrivé avec des instructions, laissait le champ libre au duo infernal.

Une aubaine parce qu’il y avait à boire et à manger d’autant que le projet  était financé par l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 6 milliards FCFA. Présenté comme entièrement réalisé, ce projet risque de rattraper Soumaïla Cissé, s’il ne hante pas déjà ses nuits de sommeil.

En effet, l’AFD, après un contrôle sur place, au Sénégal, a contesté le rapport qui lui avait été présenté sur cette affaire et réclamait le remboursement des sommes engagées dans ce projet. Malgré quelques agitations de Soumi, ce dossier est revenu sur la table avec la décision de faire auditer la réalisation des forages au Sénégal. Une première dans l’histoire de l’institution sous-régionale. Décision prise par la Cour des comptes de l’UEMOA sur demande de l’AFD.

Après le Sénégal, c’est au tour du Burkina Faso d’essayer de voir plus clair dans le volet de ce projet hydraulique destiné au pays des hommes intègres. Tout comme au Mali, qui aurait bénéficié de quelque 450 forages déclarés comme réalisés, selon Soumi champion. Et toujours est-il que ces forages sont invisibles pour les maliens.  Apparemment, Soumi et son ami Djimé commencent à s’embourber dans la boue des forages fictifs de l’UEMOA.

Mais, pour nos sources, c’est cette situation pour le moins accablante que les Experts en charge de ce dossier  ont sorti du placard.

À en croire nos sources, généralement, bien informées, il s’agit pour ces spécialistes de faire toute la lumière sur la réalisation des forages par Soumi dans les pays de l’UEMOA. Une réalisation en proie à l’opacité.

Initié, par des Experts en matière de contrôles financiers, ce dossier implique plusieurs cadres, dont Soumi,  président de la Commission de l’UEMOA, à l’époque des faits. Et aujourd’hui, député à l’Assemblé Nationale et Chef de file de l’opposition malienne.

À  en croire nos sources, Soumi se serait beurré au passage du magot. Si ces accusations s’avèrent fondées, elles risquent de sonner le glas de la candidature de Soumi à la magistrature suprême du pays. Ou, à tout le moins d’entacher sa crédibilité.

En 2013, notre confrère « Le Sphinx » titrait à la une : Soumi et Djimé Soumaré embourbés dans la boue des forages fictifs. Il ne croyait pas si bien dire. Il s’agissait, en réalité, d’une mise en scène, du début à la fin, entre l’UEMOA et l’entreprise Aqua Viva  pour  des forages dans les pays de l’organisation Ouest-africaine.

Plus grave, lors de la réalisation de ces forages, la promesse des fleurs n’a pas tenu celle des fruits. Autrement dit, le nombre de puits sur le papier n’a pas été réalisé. En bloc, l’agent décaissé à coulé de source vers d’autres sources. Et les caisses de l’UEMOA auraient coulé comme le Djoliba dans son lit. À coup de milliards.

Pour recouper ces informations, somme toute accablante, nous avons tenté de rencontrer le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, à travers le Secrétaire à la communication de l’URD, Me Demba Traoré, afin qu’il nous ménage un rendez-vous. Mais ce fut peine perdue.

Grosso modo,  la gestion des 6 milliards destinés à la réalisation des forages de l’UEMOA, sur financement de l’AFD,  n’a pas été transparente, encore moins libre. D’où le lieu de tirer les choses au clair.

En attendant,  le Chef de file de l’opposition malienne est dans de sales draps. Ses complices aussi. Accablant.

Affaire à  suivre et à poursuivre donc.

 

Cyrille Coulibaly

Source: Nouveau Réveil

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