C’est pourquoi des voix commencent à s’élever pour demander purement et simplement la dissolution de ces deux organes qui créent plus de problèmes que de solutions. Le Gouvernement dirigé par le Premier Ministre Dr Choguel Kokalla Maiga a montré toutes ses limites au regard de la multiplication des défis et du manque de solutions. Excepté quelques ministres qui se battent tant bien que mal, la grande majorité de l’équipe est véritablement à court de solutions aux multiples problèmes qui assaillent notre pays. En effet, malgré que le ministre de l’économie et des finances se batte pour renflouer les caisses de l’Etat, l’économie ne se porte pas du tout mieux, faute des ressources financières et d’autres facteurs comme l’énergie. Les entreprises, principales pourvoyeuses d’impôts et des ressources financières sont en difficultés si elles n’ont tout simplement pas mis la clef à la porte pour fermer. La santé, l’éducation, l’eau et l’électricité, bref les services sociaux de base manquent cruellement, quand les autorités vivent dans un luxe insolent, avec des budgets qui n’ont guère connu une diminution. Elles se la coulent douce quand les populations triment dans une misère noire sans espoir d’un lendemain enchanteur. Les jeunes diplômés ou non diplômés sont à la recherche d’emplois et broient du noir fautes de perspectives. Au regard de tout ce qui précède peut-on encore espérer sur cette équipe gouvernementale qui a montré toutes ses limites face aux multiples défis ? La réponse est sans nul doute non. Par conséquent il revient au Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, la prérogative de dissoudre ou de laisser cette équipe mener le bateau Mali à la dérive.
Quant au CNT, l’organe législatif de la transition, normalement haut lieu des débats contradictoires et constructifs, institution de veille et de contrôle de l’action gouvernementale, structure de défense des intérêts exclusifs du peuple auquel il tire sa légitimité, a non seulement dévié de cette trajectoire, mais aussi et surtout s’est discrédité. Pour rappel la Cour Constitutionnelle a levé toute équivoque sur le statut des membres qui composent le CNT qui passent désormais pour des conseillers au lieu de députés. Ces derniers qui auraient dû pleinement jouer le rôle des députés, même s’ils ne peuvent pas se prévaloir de ce titre, pour prouver au peuple qu’ils sont de patriotes désintéressés prêts à le servir, ils se sont plutôt livrés à un combat pour la préservation de leur chapelle. Les intérêts personnels ont pris le dessus sur les intérêts collectifs, sinon comment comprendre que des conseillers, non élus, puissent s’octroyer les mêmes avantages que ceux qui ont été élus et qui ont des bases. Ce qui est encore aberrant c’est que les conseillers n’ont jamais joué véritablement leurs rôles de législateurs et de contrôleurs de l’action gouvernementale. La polémique qui a enflammé les réseaux sociaux était relative aux primes, indemnités et autres avantages faramineux qu’ils se sont octroyés, dignes d’élus des pays du golfe où le pétrodollar coule à flot. Si la Cour Constitutionnelle a permis de savoir le traitement exorbitant des conseillers du CNT, elle n’a pas été courageuse pour dénoncer et juger ces primes antis constitutionnelles, comme elle en avait fait concernant le statut de député qu’ils avaient revendiqué en son temps. La balle est encore et toujours dans le camp du Président de la transition. La Constitution lui donne mandat de dissoudre les deux organes sus- cités, afin de mettre en place une équipe gouvernementale compétente et un CNT inclusif avec des membres désintéressés, intègres et compétents, capables de mener à bon port le bateau de la transition.
Youssouf Sissoko