Près de 200 partis politiques existent au Mali, selon les chiffres du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Mais, sur ce nombre, seuls quelques uns émergent du lot et sont représentatifs sur l’échiquier politique national. Face à cette prolifération, qui s’accentue, des voix s’élèvent de plus en plus pour une meilleure régulation des regroupements politiques.
Si le vent du multipartisme qui a soufflé sur le pays dans les années 90 a contribué à l’émergence d’un pluralisme salué dans le débat politique, il a également favorisé la floraison des partis politiques, dont la plupart, sans réelles ambitions de conquête et d’exercice du pouvoir, s’activent plutôt pour d’autres intérêts.
« Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment d’idéologie politique au service d’une vision. Cela a conduit à une privatisation de l’action politique, en ce sens qu’il n’y a pas de vrai militantisme. Les gens n’adhèrent plus aux partis par conviction », estime Isaac Dakono, coordinateur par intérim de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique Mali (ARGA- Mali).
Durcir les conditions ?
« Personne ne veut être dirigé par un autre et, comme notre Constitution le permet, chacun crée son propre parti politique », constate Cheick Diallo, deuxième Secrétaire à l’administration du bureau politique national de l’ASMA CFP. Pour arrêter la prolifération, il faut selon lui que l’État mette en place des pré requis pour la création des partis politiques.
« Il faut étudier la moralité de ceux qui créent les partis politiques et exiger que les leaders aient un certain niveau intellectuel. Ce serait bien également de placer très haut le montant financier requis pour la demande de récépissé », propose M. Diallo, car, soutient-il, la crise politique que connait le Mali est l’une des conséquences de cette prolifération des formations politiques.
« Un parti politique doit être représentatif sur toute l’étendue du territoire et non seulement dans une région. Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation doit veiller au respect de l’ensemble des critères avant de délivrer le récépissé », souligne Mme Maiga Oumou Dembélé, porte-parole du Cadre de concertation des femmes des partis politiques du Mali.
Mais, pour M. Dakono, même s’il n’est pas mauvais d’avoir plusieurs partis politiques dans une démocratie représentative, la question essentielle est au niveau de leur mission. « Cette pluralité peut être envisagée sous forme d’indicateur en démocratie et la conquête ainsi que l’exercice du pouvoir doivent y ressortir », conclut-il.
Journal du mali