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Partir ou rester: le dilemme des Français du nord du Cameroun

Conscients d’être devenus des cibles de choix pour le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, les rares Français vivant encore dans l’extrême-nord du Cameroun, où le Père Vandenbeush a été enlevé il y a moins d’une semaine, sont désormais face à un dilemme: partir ou rester.

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A Maroua, capitale de la province de l’extrême-nord où il a commencé à travailler il y a 33 ans, Henri Tourneux, chercheur émérite au CNRS (Centre nationale de la Recherche scientifique français) a toute sa vie ici et est même l’un des rares à y posséder une maison: « On est un peu déstabilisés par tout ça. On ne veut pas se mettre en danger ni mettre les autres en danger. Comment faire ? »

A l’exception de M. Tourneux, l’essentiel des expatriés s’expriment de manière anonyme : « La situation est catastrophique avec l’enlèvement du prêtre. Il n’y aucune sécurité (…) Les Boko Haram peuvent traverser la frontière à tout moment, à bord des motos, venir faire ce qu’ils veulent dans la région et repartir », affirme un expatrié établi à Maroua depuis une dizaine d’années, et qui ne sait pas encore s’il quittera la région.

Samedi, l’ambassadrice de France au Cameroun Christine Robichon s’est rendue dans la région de Maroua, exhortant les expatriés sur place à plier bagages, relayant le message du Ministère des Affaires étrangères français pour qui leur sécurité « n’est plus assurée ».

L’ambassade de France ne renseigne pas sur le nombre de Français vivant dans l’extrême-nord. Mais entre septembre et novembre, les messages électroniques envoyés par l’ambassade aux ressortissants de cette région étaient destinés à une vingtaine de personnes.

Fin février déjà, une famille française, les Moulin-Fournier, avaient passé deux mois en captivité au Nigeria après leur enlèvement non loin de la frontière, tout comme pour le Père Vandenbeush, dont le rapt a été revendiqué par Boko Haram.

Depuis cet événement, les lieux fréquentés par la communauté française, notamment à Maroua, sont protégés par la police ou l’armée camerounaise, et les autorités envisagent de renforcer encore la sécurité.

C’est le cas notamment de la petite école française privée « les Boukarous » de Maroua où la sécurité est actuellement assurée en permanence par deux militaires, en plus des gardiens de l’établissement qui accueille une quarantaine d’élèves du primaire et du secondaire.

« Partir pour où ? et pour faire quoi ? »

« Mes enfants sont ici, ils vont à l’école ici. J’ai des activités ici. Je ne compte pas quitter la ville », affirme une Française implantée dans la ville depuis plusieurs années.

Comme les autres ressortissants, elle est bien consciente du danger, mais s’interroge : « Si on doit partir, c’est partir pour où et pour faire quoi? On n’est pas en état de guerre et la France ne peut pas nous contraindre à faire nos valises, d’autant qu’aucune mesure n’est prise pour accompagner » d’éventuels candidats au départ, indique-t-elle.

Comme d’autres Français, elle se dit choquée par les critiques qui « nous font passer pour des irresponsables parce qu’on n’est pas partis ».

Certains expatriés sont toutefois en attente de départ, sur instruction de leurs employeurs, emboîtant le pas à l’essentiel des Français travaillant notamment pour des ONG, et qui ont quitté la zone depuis le mois de février après l’enlèvement des Moulin-Fournier.

Avec 52 années passées dans la région, soeur Françoise Dupont tient le record de longévité sur place.

Elle a donné toute sa vie à la région, construisant des écoles et des centres de santé catholiques, mais elle envisage pourtant de partir face à la menace: « Je me dis que s’il y a quand même trop de risques, mieux vaut rentrer en France ».

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