Redorer le blason de la culture malienne à travers une réorganisation systémique du secteur, telle est la mission que se fixent les maisons mères de la culture malienne, à savoir la Fédération des artistes du Mali (Fedama) et l’Union des associations d’artistes, producteurs et éditeurs du Mali (Uaaprem). Pour l’atteinte de cet objectif commun et nécessaire à la redynamisation du secteur culturel et à la valorisation des métiers des arts, ces faitières ont accordé leur violon à travers la signature d’une convention de partenariat structurel, le jeudi 5 novembre dernier, dans un hôtel de la place à Bamako.
La cérémonie présidée par le tandem de présidents des deux organisations, notamment M’Baye Boubacar Diarra de l’Uaaprem et Alioune Ifra N’Diaye de la Fedama, a réuni plusieurs acteurs du monde de la culture malienne. Cette signature de convention a été effectuée également en présence de Yaya Sinayako, représentant du ministre de la Culture, de l’artisanat et du Tourisme, Mme Kadiatou Konaré.
Que dit la convention ?
Les journées de la concertation nationale tenues les 10, 11 et 12 septembre derniers, auxquelles ont participé l’Uaaprem et la Fedama, ont décidé dans la feuille de route de la transition, au point 2 de son axe 2, de promouvoir la citoyenneté et le civisme, à travers l’éducation et la culture. Mais pour faire de la culture un facteur de transformation et de cohésion sociale, il faudrait que le grand public y ait largement accès. Ainsi, les deux faitières estiment qu’il serait nécessaire de mettre en place dans l’immédiat une saison de programmation culturelle et artistique de la Transition sur l’ensemble du territoire pour entretenir le pays, créer de la confiance, permettre au grand public d’accéder à la culture vivante du Mali. Au-delà de cette action urgente, depuis presqu’un an, la Fedama et l’Uaaprem travaillent en synergie en faveur d’une réorganisation systémique du secteur culturel au Mali afin d’aboutir à un marché intérieur de la culture. “L’existence d’un dispositif pérenne capable d’acheter et de diffuser régulièrement sur l’ensemble du territoire les offres artistiques donnera un statut économique concret aux artistes, aux techniciens et aux acteurs de la culture, leur permettant ainsi de bancariser leurs revenus, d’accéder au crédit, à des programmes immobiliers, de retraite, de couverture sociale et médicale”, ambitionnent les faitières. Ce dispositif permettra également, à les en croire, à proposer régulièrement de la culture au grand public. Il sera aussi un écosystème vertueux pour l’émergence d’entreprises culturelles au projet économiquement viable. “Mais pour le construire, il faudrait du temps, une volonté politique forte et une harmonieuse articulation des actions de l’Etat, des collectivités locales, des partenaires financiers et techniques, du patronat et des acteurs concrets de la culture”, reconnaissent-elles.
Un Conseil national des arts et de la culture
C’est fort de ce constat qu’en mars 2020 l’Uaapreem, la principale organisation faitière des corps de production et de management de la culture, et la Fedama, la principale organisation faitière des artistes et des techniciens de la culture du Mali, se sont entendues pour mettre en œuvre ensemble le programme “Initiative pour la culture au Mali” qui œuvre depuis dans la réalisation des projets et perspectives suscités. Dans ce cadre, elles ont décidé de mettre en commun cette action sous le parapluie d’un “Conseil national des arts et de la culture”.
Aussi, la présente convention est une plateforme collaborative pour sortir l’Uaaprem et la Fedama de la coopération informelle dans laquelle elles fonctionnent depuis près d’un an. Elle engage la Fedama à fédérer les artistes et les techniciens des arts, et l’Uaaprem à fédérer les producteurs, les éditeurs et les diffuseurs culturels. Cette convention engage également les deux organisations à collaborer sincèrement sur les grands enjeux auxquels le secteur de la culture au Mali fait face.
Les priorités
Dans cette démarche, certains points semblent prioritaires aux yeux des deux faitières. De prime abord, les acteurs culturels entendent porter un pressant plaidoyer auprès de l’Etat pour la mise en place d’un mécanisme d’urgence destiné à accompagner le secteur culturel pour l’aider à sortir du marasme dans lequel l’ont installé les mesures restrictives contre la Covid-19 et accompagner le ministère de la Culture dans la mise en place d’une saison de programmation culturelle et artistique de la Transition, sur l’ensemble du territoire.
Aussi, dans une logique de fonctionnement courant, les deux faitières souhaitent faire d’autres plaidoyers. Dans un premier temps, faire un plaidoyer pour doter les deux faitières d’un budget de fonctionnement et un autre plaidoyer afin que budget national de la culture cesse d’être seulement celui du fonctionnement de l’administration publique chargée de la gestion de la culture.
Par ailleurs, dans la foulée de cette signature, les deux organisations signataires été reçues dès vendredi 6 novembre, lendemain de la signature, en audience par la ministre de la Culture de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Kadiatou Konaré. Au sortir de cette rencontre, les deux parties convenu entre autres de la relance du dossier du mécanisme urgent pour soutenir les artistes et sortir le secteur culturel du marasme dans lequel la pandémie de la Covid-19 l’a installé et de travailler à construire les bases d’une réorganisation systémique du secteur culturel.
Pour ce faire, un séminaire se tiendra vers fin novembre 2020 pour faire une mise à plat des données et des fondamentaux du secteur culturel malien. Youssouf KONE