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Parfait Mbay : «Madame Samba-Panza ne part pas en terre inconnue»

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Elles sont très peu de femmes sur le continent africain à accéder à la fonction suprême. Catherine Samba-Panza vient grossir les rangs. Nommée il y a six mois maire de Bangui, elle a été élue lundi présidente de la transition centrafricaine, et devrait désigner très prochainement son Premier ministre. Pour Parfait M’baye, ancien ministre des Affaires étrangères, c’est la femme qu’il fallait pour ce poste.

Après des mois de violence, la Centrafrique a désormais une femme à sa tête, Catherine Samba-Panza, présidente de la transition. Qui est-elle ? Quel est son parcours ?

Parfait Mbay : Moi j’ai connu madame Samba-Panza à l’époque, en 2003. J’étais ministre en charge de la Communication et de la Réconciliation nationale, donc nous avions organisé ensemble le dialogue national, qui était un grand forum qui avait réuni toutes les forces vives de la nation, du 9 septembre au 15 octobre, et qu’elle avait dirigé avait brio, et qui avait pour objectif de rechercher déjà à l’époque des solutions aux crises centrafricaines.

Donc on peut dire qu’elle a déjà une base avec laquelle elle peut partir. D’autant plus qu’elle s’était très bien sortie de cette situation avec à l’époque, l’accolade entre les présidents David Dacko et l’ancien Premier ministre Abel Goumba. Mais il y a une deuxième dimension qui retient le plus mon attention, c’est la présidente du Comité de Suivi des Actes du Dialogue. C’était un organe qui avait pour mission de suivre l’application et les recommandations du dialogue national qu’elle a présidé.

Donc je pense qu’à ce niveau-là, elle avait déjà entre les mains tous les indicateurs pour voir aussi les lourdeurs et les pesanteurs endogènes et exogènes, à l’application des différentes recommandations. Donc c’est quelqu’un qui connaît le contexte politique centrafricain. Elle connaît les acteurs pour les avoir fréquentés, elle connaît les institutions… Donc elle ne part pas en terre inconnue.

Cela veut dire que dans la Centrafrique d’aujourd’hui elle a l’autorité suffisante pour mener à bien sa mission ?

Oui, je crois, puisque vous voyez, depuis ces événements on assiste non seulement à un effondrement de l’Etat, mais aussi à des conflits. Ce n’est pas seulement les conflits qu’on voit à Bangui, mais c’est aussi d’autres conflits intergénérationnels. La nouvelle classe politique qui veut émerger et qui se bat contre l’ancienne, les hommes et les femmes, les communautés, tout cela… Je pense que c’était vraiment la solution idéale pour rassembler tout ce monde. Et comme vous voyez, elle a fait l’unanimité. J’ai suivi lundi son discours de clôture et sa volonté affichée de réunir tout le monde.

Un discours d’apaisement…

Tout à fait. Je pense qu’elle a les capacités nécessaires pour mener à bien cette mission.

Le choix d’une femme n’est pas non plus anodin ? Une femme peut vraiment faire la différence ?

Oui. Vous savez, quand les ego s’affrontent, ça peut être vraiment une solution. Dans ce pays aujourd’hui, où tout le monde veut devenir président de la République, tout le monde veut devenir ministre, tout le monde veut devenir Premier ministre… Je pense que c’est une personne qui va naturellement appeler un peu à la fin de la récréation pour réunir tout le monde et ramener les esprits à la réconciliation et au redressement de la situation qui est catastrophique.

Parfait Mbay quels sont selon vous, les pièges et les erreurs qu’elle ne doit pas commettre ?

C’est comme tous les régimes qui se sont précédés, éviter de devenir l’otage de certains groupes de pression ; la famille, la région, l’ethnie et beaucoup d’autres. Elle-même, elle a vu les causes puisque nous avons tellement fait de forums, mais on n’a jamais mis en application les actes qu’il fallait pour endiguer ces causes-là. Je pense que le choix des hommes et des femmes qui l’accompagneront sera quelque chose de plus moderne.

On devrait connaître son gouvernement d’ici quelques jours ?

Oui. En plus de cela, définir les priorités. Puisque vous savez, on a vu avec le gouvernement passé que les priorités étaient éparses. Aujourd’hui je pense que la priorité mère c’est le rétablissement de la sécurité. C’est le rétablissement de la sécurité à travers la remise urgente à niveau des forces de défense et de sécurité, qui doivent être les premiers acteurs à accompagner les forces Sangaris et la Misca.

Donc là aussi, je profiterai de cette antenne que vous me donnez pour appeler – on le souhaite – à la mise en place d’une mission de formation de l’Union européenne, comme cela s’est passé au Mali. Ce sera un outil qui permettra de dégager les moyens, de trouver aussi les efficacités comme on l’a vu au Mali, avec le général François Lecointre qui a mené une très bonne mission de redressement de l’armée malienne.

Je n’ai pas encore de visibilité à ce niveau. Je souhaite que très rapidement on puisse permettre avec une neutralité, avec de l’expertise extérieure, à cette armée qui a des valeurs, de se remettre rapidement au service de la sécurité et de la défense du territoire et des Centrafricains.

Et l’UE a voté lundi l’envoi de militaires européens sur le terrain. On l’a entendu avec les reportages de nos envoyés spéciaux à Bangui, ce mardi c’est l’optimisme qui prédomine. Est-ce qu’à long terme, cet optimisme va perdurer, selon vous ?

Je crois que l’une des priorités c’est le cantonnement et le désarmement des forces en présence, c’est-à-dire ceux qui restent des ex-Seleka et les anti-balaka notamment. Il faut qu’on puisse rapidement faire arrêter la circulation des armes. Il y a beaucoup d’armes qui sont même dans les mains de civils qui n’appartiennent pas à ces groupes-là.

Je crois qu’il est urgent que les Nations unies sachent bien le faire – nous l’avons fait par le passé – et mettent d’urgence en place un programme de désarmement pour ramasser les armes et en même temps avoir une composante qui va s’occuper de démobiliser des forces non conventionnelles qui sont en présence.

rfi

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