Fouillé, avec des références historiques précises, le livre de souligne les orientations stratégiques de notre politique extérieure durant trois décennies

« Panorama de la politique extérieure du Mali » est le titre du nouveau livre du diplomate-écrivain Moussa Makan Camara. L’ouvrage qui analyse la politique extérieure de notre pays de 1960 à 1990 a été lancé lundi sous la présidence du patron de la diplomatie malienne, le ministre Abdoulaye Diop. Ce livre de 170 pages retrace les moments forts, les contraintes de la diplomatie malienne de l’indépendance à la 2e République. Il met en relief une diplomatie qui a su panacher le passé et le présent pour créer une République laïque et sociale, écoutée et respectée dans le monde.
L’auteur a expliqué que ce témoignage historique reposait sur trois motivations. Primo, il faut reconnaître que la politique extérieure de notre pays a pour socle et repères des valeurs séculaires issues de son histoire politique et institutionnelle qui ont façonné une nation plurielle, une communauté de confluences venues du woro dugu, koko dugu, du levant et du couchant. À partir de là se pose la question de savoir comment établir une juste connexion entre l’émotion et la raison, un passé si prestigieux et un présent fort contrasté, même si l’avenir est plein d’espoir ? Co Moussa Makan Camaramment opérer pour que des racines impériales et royales d’États-Nations « une et plurielles », sorte une république laïque et sociale écoutée et respectée dans le monde ? Ce sont autant de réflexion que nous propose Moussa Makan Camara à travers sont œuvre.
La seconde motivation de l’auteur est relative aux défis diplomatiques auxquels notre pays a été confronté dès son avènement. L’auteur retiendra ainsi trois adversités. Le premier relate un malentendu avec la France, ancienne puissance coloniale, pour plusieurs raisons parmi lesquelles la défense sans concession de la souveraineté nationale, l’appui sans fard au FLN pour l’indépendance de l’Algérie, du Viet Nam victorieux de Dien Bien Phu, la proximité de notre pays d’avec la Chine de Mao et l’URSS et le rôle que joua feu Modibo Keïta dans le Mouvement des non-alignés, etc.
S’y ajoutent l’encerclement et l’isolement relatif du Mali en Afrique francophone où il était proche de la seule Guinée de Sékou Touré. Il faut aussi retenir la défense des principes : tandis que sur la scène internationale, les grandes puissances encourageaient les voix passives à la tribune des Nations Unies, celle du Mali comptait parmi les voix critiques et fermes.
L’écrivain nous engage dans un voyage dans le temps, au cœur de la stratégie diplomatique mise en œuvre par notre pays, notamment aux Nations Unies. Le lecteur appréciera les motifs de différentes brouilles : avec les Etats Unis d’alors sur le Viet Nam, avec l’Etat d’Israël sur la question palestinienne, avec la Grande Bretagne sur la lutte contre l’apartheid.
Le troisième constat souligne une politique extérieure militante, combative et imbue de sagesse comme en témoignent ses prises de positions à la tribune des Nations Unies. Le livre rend hommage à cette diplomatie qui a su concilier l’ardeur du militant pour l’indépendance de tous les peuples coloniaux et l’équilibre des relations internationales.
L’ouvrage fouillé, avec des références historiques précises, a su dégager à travers la revue des actions extérieures, le souci de consolider la souveraineté nationale et internationale qui sous-tend les orientations stratégiques de notre politique extérieure. Les diplomates ont aussi travaillé à renforcer la vocation panafricaine du Mali par une politique africaine active, fondée sur le bon voisinage, l’intégration africaine et la recherche d’un Etat panafricain. Le livre met aussi en vitrine la mise en place d’une diplomatie préventive au service de la paix, de la coexistence pacifique, de la culture de la paix, utilisant l’arme du dialogue contre la stratégie de la confrontation dans la résolution des conflits, préférant une armée populaire et la force de la sécurité collective, et prônant le désarmement et la non-prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques.
Le ministre Abdoulaye Diop a expliqué que l’actuelle diplomatie malienne travaille aussi à la paix et à l’unité du Mali. La politique extérieure va se structurer pour mieux choisir désormais ses amis et alliés. Notre pays fera sien le dicton populaire qui veut que «  C’est dans la difficulté qu’on connaît ses vrais amis », a-t-il assuré.
« Panorama de la politique extérieure du Mali » édité par la Sahélienne est disponible dans toutes les librairies à 6.000 Fcfa.

M. A. TRAORE

source : L’ Essor